Aix-Marseille : Le numérique en cheval de Troie

Alignement de planètes dans les Bouches-du-Rhône en faveur de la ?Métropole French Tech?. Ce jeudi 12 juin, au sein de l?auditorium de l?École de Management de Marseille, un débat grand public* a réuni la plupart des intervenants impliqués dans la candidature. Dans quelques jours, la métropole Aix-Marseille saura si son projet de pôle numérique est éligible.

 Alignement de planètes dans les Bouches-du-Rhône en faveur de la "Métropole French Tech". Ce jeudi 12 juin, au sein de l'auditorium de l'École de Management de Marseille, un débat grand public* a réuni la plupart des intervenants impliqués dans la candidature. Dans quelques jours, la métropole Aix-Marseille saura si son projet de pôle numérique est éligible.

"Il y a du monde autour de la table", s'amuse Jean-François Royer, directeur du développement à Euroméditerranée, l'aménageur du futur quartier de La Défense marseillaise. "C'est une des vertus de notre candidature : elle fédère un nombre incroyable d'acteurs !"
Ce jeudi 12 juin, au sein de l'auditorium de l'École de Management de Marseille "prêté" pour un débat grand public autour de la candidature d'Aix-Marseille à la labellisation "Métropole French Tech", il y avait en effet de nombreux "appelés" autour de la table. Parmi les attablés, Marie-Christine Bouillet, responsable de la stratégique numérique de la Communauté du pays d'Aix (CPA) et érigé en chief technology officer pour les collectivités territoriales qui portent la candidature (CPA et Communauté urbaine Marseille-Provence, Villes de Marseille et d'Aix-en-Provence ), Pierre Distinguin, directeur de la prospection au sein de l'agence de développement économique Provence Promotion, Fabien Finucci, délégué régional Orange, Christian Rey, le directeur de Marseille Innovation, le réseau de 3 pépinières qui logent une centaine de startups dont une bonne partie dans le numérique, André Jeannerot, président de Médinsoft, réseau fédérant 150 entreprises de l'économie numérique et Kévin Polizzi, une des forces vives digitales locales, dirigeant-fondateur de Jaguar Network.

Réponse dans quelques jours

Néanmoins, il manquait à l'appel les autres Tech Champions (voyageprive.com, Gemalto, Booster Invest rejoints il y a quelques jours par TelFrance, producteur de la série Plus belle la Vie). Car à ce jour, le territoire totalise quatre accélérateurs privés, deux publics (le Pôle Belle de Mai et le Technopole de Château-Gombert) et deux financiers (Netangels, P-factory). Dans quelques jours, la métropole Aix-Marseille saura si son projet de pôle numérique, déposé le 19 mars dernier parmi les toutes premières candidatures françaises, est éligible. Le comité de pilotage, d'une dizaine de personnes qui se réunit tous les 15 jours sous l'assistance maitrise d'ouvrage de Provence Promotion pour co-construire un dossier plus finalisé, sera ensuite convié à défendre sa candidature devant un jury international. Un soulagement car pour un peu, il y aurait eu dans le même département des velléités de trois Tech Cities.


Longueur d'avance à Aix-en-Provence

Aix-en-Provence a toutefois une longueur d'avance, portée notamment par la success story de Denis Philipon, Voyageprivé.com (400 M€, 350 salariés) qui planche depuis deux ans sur un campus numérique d'été dédié au m-commerce et à l'e-tourisme. Un concept initié l'été dernier. Le projet est sur les rails puisque l'enquête publique pour la 1ère phase de 5 000 m2 a été lancée en juin. Pas très loin, sur l'Europôle Méditerranéen de l'Arbois, Frédéric Chevalier, fondateur d'HighCo et aujourd'hui très impliqué dans le numérique via sa société d'amorçage Booster invest, porte un autre accélérateur dans un esprit de startups we, dont la livraison est prévue à la rentrée 2016.

Jaguar Network : co-investissement en R&D
À Marseille, le roi de l'économie numérique - du moins un petit leader dans le monde du cloud parmi la dizaine d'entreprises qui comptent - est en ce moment Kévin Polizzi, dont la société est millionnaire en bénéfices (17 M€ en 2013 pour 2 M€ de résultat net, 50 emplois dont 35 ingénieurs). Hébergeur informatique et opérateur de télécommunications, Jaguar Network porte un cluster ayant vocation à accueillir dix sociétés "riées sur le volet". "L'objectif n'est pas d'incuber mais de les aider à franchir les step en croisant technique, stratégie et co-investissement en R&D", défend celui qui a amorcé la chasse auprès de sociétés "aux technologies disruptives", dans lesquelles l'entreprise n'exclue pas un co-investissement en R&D ou une prise de participation au capital.

Six datacenters à Marseille
"À l'heure où les échanges de données sont en forte croissance, la question de leur stockage devient cruciale pour la grande majorité des entreprises. À cet égard, Marseille est située sur le réseau local européen (European Backbone Network) et sur les réseaux sous-marins vers le Maghreb et le Moyen Orient, au carrefour d'échange d'informations entre l'Afrique et l 'Europe. Six datacenters sont présents sur Marseille-Provence. C'est un atout pour le développement du cloud computing local qui bénéficie ainsi de la partie Infrastructure (IaaS) nécessaire au développement ces projets", explique Thomas Sotto, l'expert du dossier au sein de Medinsoft, l'association des éditeurs de logiciels et de services de PACA.


TDF et Choreus s'implantent
D'ailleurs TDF et Choreus ne s'y sont pas trompés. Le premier a ouvert en juin (investissement de 4 M€) son 4e ProxiCenter national sur son site émetteur du Réaltor à une vingtaine de km d'Aix-en-Provence. Tandis que le spécialiste des centres de données Choreus, qui a levé fin mai 400 M€ auprès d'investisseurs allemands pour financer un réseau de datacenters européens, va ouvrir son premier site français dans le 15e arrondissement de Marseille totalisant 830 m² de surface IT.

Volume et profondeur du marché ?
La forte implication des acteurs privés est certes un atout. Mais, l'installation de ces structures nouvelles dans l'écosystème des startups interroge : N'y aura-t-il pas trop de structures par rapport au nombre de startups ? "Nous avons calculé qu'il y a une possibilité d'accueil d'une centaine d'entreprises", explique Philippe Stéfanini, directeur Provence Promotion qui assure la coordination entre les acteurs privés. Pour le reste, les inconnus sont multiples : quelles seront les conditions financières entre les Tech Champions et les accélérateurs privés ? Les critères de sélection des startups ? Les capacités financières des acteurs privés ? Mais aussi plus globalement, le volume et la profondeur du marché ? Pour l'heure, à défaut de pouvoir communiquer sur le fond, "ce qui est important, c'est l'affichage économique et politique du poids de l'écosystème", assure Marie-Christine Bouillet. "Cette labellisation est importante car elle permettra de gagner en visibilité internationale et ainsi d'attirer des talents numériques et des sociétés. Cela va servir tous nos autres projets", assure Jean-François Royer. À l'heure où la métropole réfléchit sur son identité marketing, le label est un cheval de Troie.

A.D

Photo : Kevin Polizzi, fondateur avec son frère de Jaguar Network, porte un projet d'accélérateur privé.

*Coanimé par Méridien Mag/La Tribune et Frédéric SIMOTTEL, directeur des rédactions du Pôle Pro du Groupe 01, BFM, RMC.

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