Conforté chez Veolia, Antoine Frérot défend un dépôt de bilan de la SNCM

Tout juste reconduit à la tête de Veolia par le conseil d'administration, le P-d.g de Veolia a de nouveau défendu un dépôt de bilan de la SNCM, afin de "pouvoir travailler sereinement".

Comment régler le problème du "boulet" SNCM ? C'est cette équation que le P-d.g de Veolia Antoine Frérot a posé ce jeudi à l'occasion de la présentation des résultats annuels du groupe. Une déclaration qui intervient au lendemain de la décision du conseil d'administration de Veolia de renouveler pour quatre ans le mandat du P-d.g du numéro un mondial du traitement de l'eau et des déchets, dont on disait le poste menacé (le groupe Dassault, qui détient une participation d'envrion 6 % dans le capital Veolia, militait pour qu'il soit remplacé par David Azéma, ancien directeur général de l'Agence des participations de l'État). Reconduit donc, il a de nouveau défendu jeudi un dépôt de bilan de la compagnie maritime, en difficulté, afin de "pouvoir travailler sereinement" à l'abri des lourds remboursements d'aide exigés par la justice européenne. "Ce qui me paraît inévitable, c'est de trouver une solution viable, pérenne et équilibrée. Une solution viable, pérenne et équilibrée c'est d'abord une solution qui écarte de l'entreprise ou des activités les amendes (440 M€, NDLR) de Bruxelles", a déclaré le patron de Veolia. "Une fois qu'on a fait ça, il faut trouver une solution économique qui soit équilibrée. Tout ceci, me semble-t-il, ne peut se faire que dans le cadre d'une protection du tribunal de commerce pour pouvoir travailler sereinement.". Dans le cadre d'un accord de désengagement de sa division de transports collectifs Transdev (détenue à 50-50 avec la Caisse des dépôts), Veolia devait initialement reprendre en direct les 66% du capital de la SNCM détenus par Transdev.


Recentrage sur l'eau, les déchets et l'énergie

Mais le groupe français, qui se recentre sur ses métiers de l'eau, des déchets et de l'énergie, y a finalement renoncé, invoquant la double condamnation européenne obligeant la SNCM à rembourser 440 M€ d'aides publiques jugées illicites. Veolia, via Transdev, refuse désormais d'injecter de l'argent dans la SNCM, dont le plan de redressement noué avec l'Etat prévoit notamment la commande de nouveaux navires.

Le conseil de surveillance de la compagnie maritime marseillaise, qui devait se prononcer mardi 25 février sur la commande de nouveaux bateaux, éléments essentiels du plan de relance de la société, n'a pas abouti à une décision ferme. En s'abstenant, l'État a figé le processus. Un nouveau rendez-vous a été fixé au vendredi 7 mars. "Les atermoiements du gouvernement vont aboutir à l'impossibilité de réaliser ces objectifs et conforter les actionnaires Veolia, Transdev dans leur volonté de déposer le bilan de l'entreprise", a commenté Roland Blum, le maire-adjoint en charge du développement économique à la Ville de Marseille, qui accuse l'État de préparer la liquidation de la compagnie.

Marc Dufour prend des risques

Cette nouvelle déclaration porte un coup dur à la SNCM, a réagi Marc Dufour, président du directoire de la SNCM, dans un communiqué publié quelques heures après cette annonce. "Elle crée un impact commercial et social extrêmement préjudiciable pour la compagnie. Cette position officielle méconnaît et méprise la position de l'État actionnaire et du gouvernement exprimée récemment et à plusieurs reprises. Il convient, en effet, de rappeler que les demandes de remboursement des sommes qualifiées d'aides publiques par la Commission européenne sont contestées, aussi bien par la SNCM que par l'État Français. L'État a en effet déclaré qu'il n'entendait pas notifier ces demandes de remboursement à la SNCM et qu'il recherchait d'autres solutions juridiques à la résolution de ce problème. Il n'existe donc, à ce jour, aucune raison ni économique, ni juridique, qui pourrait contraindre la direction de l'entreprise - seule compétente - à solliciter la protection du tribunal de Commerce de Marseille pour déposer le bilan ou mettre en œuvre quelques procédures collectives que ce soit.". Dans cette déclaration, le patron jusqu'au boutiste de la SNCM est finalement assez fidèle à sa position, verbalisée il y a quelques mois, quand il avait souligné les divers renoncements dans la gestion de ce dossier extrêmement complexe. Placé à la barre de la compagnie maritime fin 2010 par les actionnaires actuels pour mettre en œuvre les recommandations contenues dans l'audit pour lequel il avait été missionné en tant que consultant, Marc Dufour prend des risques en rappelant à tout un chacun ses responsabilités quant aux engagements tenus et pris à plusieurs reprises pour la "mise en œuvre du Plan Long Terme (PLT) de la Compagnie, de trouver un financement pour le renouvellement de sa flotte et la commande de quatre nouveaux navires, condition essentielle à la réussite de la restauration de sa rentabilité." Le prochain conseil de surveillance sera donc animé le 7 mars prochain.


Antoine Frérot renforcé par le conseil d'adminstration

Pour Antoine Frérot, c'est à la Caisse des Dépôts de prendre le contrôle de Transdev. Elle a "toujours vocation" à le faire, a-t-il indiqué : "cela, elle le fera quand Transdev sera débarrassé, je dirais, du "boulet" SNCM. Je ne peux pas vous donner une date, mais une fois le problème de la SNCM extrait de Transdev, la Caisse des Dépôts prendra le contrôle de Transdev." Veolia Environnement a annoncé jeudi des résultats récurrents en nette hausse au titre de 2013, grâce notamment à ses réductions de coûts, et a dit viser une solide croissance en 2014.


Perte nette de 135 M€ au titre de 2013

Veolia accuse toutefois une perte nette part du groupe de 135 M€ au titre de 2013 qui inclut en particulier des provisions pour restructuration, à hauteur de 141 M€, ainsi qu'une perte de valeur de l'activité Propreté en Allemagne pour 150 millions. L'entreprise a également enregistré au titre de 2013 un résultat net récurrent de 223 M€ (contre 58 millions en 2012), un résultat opérationnel récurrent de 922 millions (+16,9% à change constant), un Ebitda de 1.796 millions (-4,1 % à périmètre et change constants) et un chiffre d'affaires de 22,3 milliards (-1,8 %).

A.D avec la tribune.fr

Photo : Antoine Frérot, P-d.g de Veolia, estime que la solution viable, pérenne et équilibrée est celle d'un dépôt de bilan de la SNCM. 

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