Jacques Pfister, futur président du Conseil de surveillance de l'aéroport Marseille Provence ?

Le président de la Chambre de Commerce et d'industrie, a annoncé, dans le cadre d'un rendez-vous avec la presse le 25 juin, qu?il allait briguer la présidence du Conseil de surveillance de l?aéroport Marseille Provence. Entre autres. Petit tacle à l'endroit de l'impréparation du territoire sur le projet métropolitain. Et surtout, gros revers adressé à Bercy à propos de la réforme des CCI.

Le décret modifiant le statut juridique de l'aéroport en société aéroportuaire avec conseil de surveillance et directoire est tombé le 10 juin. Jusqu'à présent, l'aéroport Marseille Provence faisait partie des plates-formes données en concession aux Chambres de commerce et d'industrie (CCI). La société nouvellement créée - Aéroport Marseille Provence SA - aura désormais l'État au capital à hauteur de 60 %, aux côtés de la CCIMP (25%) et des collectivités locales (15 %, dont 5 % par la Région, 5 % par le CG 13, 4 % par la communauté urbaine Marseille Provence Métropole et 1 % par la commune de Vitrolles). Le futur conseil de surveillance sera composé de 15 membres dont quatre administrateurs pour la CCIMP - Jacques Pfister, Jean-François Brando, l'actuel président de l'aéroport Marseille-Provence, Lucie Maurel-Aubert, vice-président directeur général délégué de la Compagnie financière Martin Maurel et Régis Fortier, l'actuel directeur administratif et financier de la CCIMP - et trois pour les collectivités (Jean-Marc Coppola, vice-président du Conseil régional, Loïc Gachon, maire de Vitrolles et conseiller général des Bouches-du-Rhône, et Éric Le Dissès, le maire de Marignane). Les huit représentants de l'État ne sont pas encore connus mais la gouvernance devrait être installée d'ici mi juillet.


Quand l'État lâchera sa participation

"Nous rappelons à l'État qu'on transmet une société avec 60 M€ de trésorerie et que la dissolution de l'actuelle concession nous coûtera 20 M€ en impôts. Ces réserves sont probablement les bienvenues. On sera vigilants sur l'utilisation qui en sera faite", tient à signaler le président de la Chambre de commerce et d'industrie, qui se déclare candidat pour la présidence du Conseil de surveillance de la société nouvellement créée. Pour le président de la chambre consulaire, le changement en société aéroportuaire n'est pas le plus capital. "Quand l'État se retirera, là, l'affaire sera plus intéressante et nous nous positionnerons."

Pierre Régis renouvelé ?
"On ne change pas une équipe qui gagne"
, a répondu le prétendant à la présidence à la question du futur directoire. Pierre Régis assure la direction générale de l'aéroport et il laisse un bilan plutôt flatteur. L'aéroport (8,3 millions de passagers en 2013)  a enregistré une croissance de plus de 50 % de son trafic, doublé le nombre de destinations directes en six ans (140 aujourd'hui) et est en fort développement ces deux dernières années sur les vols longs courriers avec l'ouverture de Séoul, Toronto, New York ...

Projet métropolitain : contractualisation nécessaire

CCI et métropoles font alliance, enfin presque. Le 24 juin, à Paris, dans les locaux de l'ACCIM (Association des CCI métropolitaines), 11 présidents de chambres de commerce métropolitaines (sur les 12) et 10 présidents de métropoles se sont rassemblés pour échanger sur les possibles alliances métropolitaines à mettre en place au moment de la mise en vigueur de la loi d'affirmation des Métropoles, des projets de loi sur la réforme territoriale et de l'impact du financement du pacte de responsabilité et de solidarité. À cette réunion, figuraient notamment les maires et présidents de métropoles Alain Juppé (Bordeaux), Gérard Collomb (Lyon), Johanna Rolland (Nantes), Jean-Luc Moudenc (Toulouse) ou Robert Hermann (Strasbourg). Pour Marseille, le président de la Communauté urbaine Marseille Provence et futur probable président, Guy Teissier, s'était fait représenter. Mais là n'est pas le plus dommageable : "c'était à la fois rassurant de voir une dizaine de métropoles en ordre de marche avec une connivence positive et une communauté de vision liant les binômes mais aussi révélateur de nos retards et de notre impréparation. Les autres métropoles ont déjà contractualisé et ont une vision extrêmement claire du développement économique. C'était assez brutal de voir à quel point ils sont dans la préparation", déplore le président de la CCIMP. Occasion pour lui de rappeler non seulement que les CCI veulent être associées à l'édification du projet métropolitain mais aussi et surtout qu'elles sont "légitimes" pour le faire dans un rôle "de bras armé économique et d'arbitre". Reste à savoir comment les Régions, dont les compétences ont aussi été renforcées en matière de développement économique, vont se positionner par rapport à cette initiative commune entre les CCI et les futures métropoles.

Réforme des CCI ?

Jacques Pfister ne voit évidemment pas les choses du même point de vue que la citadelle de Bercy. Pas de trésor de guerre dans le réseau des CCI (145 établissements et 26 000 salariés). Certes, il peut concevoir que toutes les ressources financières sont en ce moment les bienvenues au sein d'une maison France en asthénie financière et que les Chambres doivent aussi contribuer à l'effort de maîtrise des dépenses publiques. Mais de là à cautionner les préconisations du rapport IGF - CGEIET - IGAS*, qui propose de réduire de plus de 30 % les ressources fiscales du réseau (taxe pour frais de chambres versée aux CCI par les entreprises) d'ici 2017 et de prélever leurs fonds de roulement (pas loin d'1 Md€ pour le réseau) ! "C'est inacceptable. Quand vous avez de l'argent, vous êtes rentier. Dans ce pays, il vaut mieux avoir des dettes !  Nous pouvons consentir à un effort de 10 % sur nos ressources fiscales, mais nous exigeons que ces fonds soient entièrement consacrés au développement des entreprises et non pour adoucir les frais généraux de Bercy, sinon, c'est un détournement de taxes. On nous a déjà ponctionné 210 M€ sur le budget 2014", explique le premier vice-président de CCI France qui a décrété la grêve des relations avec le préfet Michel Cadot, représentant de l'État en région.

Trop perçu

Bercy, pour sa part, considère que la TFC a augmenté de 19 % entre 2002 et 2012, soit un "trop versé" entre 132 et 206 M€ par an. L'Assemblée générale de CCI France a adopté, le 27 mai 2014, à une très large majorité, une motion de défiance à l'encontre du gouvernement"qui n'écarte pas explicitement les préconisations de la mission", fait valoir le communiqué, listant les conséquences : fermetures de CFA et réduction du nombre d'apprentis de 100 000 actuellement à 70 000 en 3 ans ; menace sur la pérennité d'aéroports, de ports de pêche, de ports de commerce, de parcs d'exposition et palais des congrès, de zones d'activité, essentiels à l'attractivité des territoires ; arrêt des formations en direction des demandeurs d'emploi, des jeunes en contrat de professionnalisation, des salariés en reconversion professionnelle dans les bassins d'emploi en difficulté, suppression de 6 000 emplois sur 26 000 que compte le réseau des CCI. La CCIMP (900 personnes avec ses filiales) rappelle qu'elle a supprimé 256 postes en huit ans.


A.D

*Mené par l'Inspection générale des finances (IGF), l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et le Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies (CGIET).


Photo : Jacques Pfister, parfois connu pour être l'homme du bluff, s'est positionné sérieusement pour la présidence du conseil de surveillance de l'aéroport Marseille-Provence dont le changement de statut de concession en société aéroportuaire vient d'être acté.

©François Moura / CCIMP

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