Les entreprises régionales boudent le pacte de compétitivité

Attentisme ? Méconnaissance ? Indifférence ? Délit de complexité ? Overdose textuelle... Quoi qu?il en soit, le pacte national pour la compétitivité des entreprises, articulé autour de 8 leviers et 35 mesures, ne fait pour l?heure pas recette en région.


Il insiste. Ce n'est pas faute d'avoir communiqué. Hugues Parant, le préfet de région, s'est improvisé VRP de circonstance pour vanter les mesures phares du dispositif en faveur de la compétitivité des entreprises. Il a effectué une tournée régionale, organisé des réunions de présentation en compagnie des sous-préfets auprès des chambres consulaires, des unions patronales, des fédérations d'entreprises, des experts comptables... "Nous avons rencontré 3 500 chefs d'entreprises. Et cette pédagogie ne fut pas vaine puisque certains ont découvert à cette occasion qu'ils étaient éligibles aux dispositifs alors qu'ils ne pensaient pas l'être", introduit le préfet de région.

Quoi qu'il en soit, le pacte national pour la compétitivité des entreprises ne motive pas les foules. "Manifestement, il y a encore du travail de communication à faire. Nous sommes dans une logique d'apprentissage. Le système est encore grippé car il se met en place", argumente Hugues Parant pour justifier la sous-consommation des dispositifs mis en œuvre en début d'année. À commencer par la mesure phare : le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), qui équivaut à un allègement des cotisations sociales pour les salaires allant jusqu'à 2,5 le Smic et qui prend la forme d'une réduction de l'impôt à acquitter en 2014 au titre de l'exercice 2013, a fait l'objet de 69 dossiers de préfinancement pour un total de 6,7 M€. "Ce qui est modeste par rapport au total d'entreprises régionales (401 404 établissements selon l'Insee, ndlr) et surtout par rapport à la préoccupation majeure de trésorerie. Une contradiction que nous essayons de lever". Pourtant, le CICE est un crédit de trésorerie immédiat accessible à toutes les entreprises soumises à l'impôt sur les sociétés ou imposées sur le bénéfice réel, indépendamment de la forme juridique et du secteur d'activités. Et de rappeler "que même celles installées en ZFU ou en Zone de Revitalisation Rurale, peuvent en bénéficier tout comme les coopératives et les organismes HLM".

Quant aux avances de trésorerie (préfinancement du CICE) concédées par Oséo, future branche de financement de la Banque publique d'investissement, seules 39 entreprises y ont eu recours pour un total de 3,5 M€. Les PME peuvent en effet solliciter le préfinancement du CICE directement auprès d'Oséo, en lui cédant la créance qu'elles ont sur l'État. Par ailleurs, un fonds de garantie permet aux banques commerciales de le préfinancer, la bpifrance couvrant jusqu'à 50 % du risque pris sur ces opérations.


Restent les mesures en faveur de l'emploi. Les emplois d'avenir, qui s'adressent aux jeunes âgés entre 16 et 25 ans, sans emploi et sans qualification, ont fait l'objet de 1 482 contrats. Avec 542 emplois d'avenir signés fin avril 2013, le seul département des Bouches-du-Rhône se situe à 13,2 % de l'objectif annuel qui lui a été fixé, la moyenne régionale se situant à 19,1 % (18,2 % en France). "Les contrats signés l'ont été à 58 % avec les associations et à 22 % avec les collectivités locales. En revanche, à ce jour, Marseille et Aix-en-Provence n'ont rien signé. L'Etat y consacre des sommes considérables. La chance ne passera pas deux fois. Et pourtant, il s'agit d'une urgence nationale et citoyenne. Ce vivier de jeunes sans qualification (45 000 en région selon le préfet, ndlr) représente une véritable bombe à retardement et ceux qui exercent des mandats politiques ont une grande responsabilité à cet égard".

Quant aux contrats de génération, qui permettent aux entreprises de moins de 50 salariés de bénéficier d'une aide de 4 000 € par an pour l'embauche d'un jeune de moins de 26 ans tutoré par un sénior âgé de 57 ans ou plus, ils ont fait l'objet de 80 signatures. Toutefois, pas "d'inquiétudes à avoir" selon Hugues Parant, qui a pourtant pris la peine cinq mois à peine après leur mise en œuvre de rafraîchir un peu les informations.

A.D

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