Nice-Matin : Entrée au capital de 3 nouveaux actionnaires ?

Alors qu?un dépôt de bilan imminent était à craindre ces dernières semaines, la direction du groupe a annoncé avoir été approchée par trois investisseurs. Ces potentiels actionnaires conditionneraient leur entrée à une réorganisation de l'entreprise à mener dans les 2 mois à venir. Avec probablement des suppressions d?emplois à la clé.

C'est l'activation d'une page Facebook appelée "Résistance" qui aurait encouragé Philippe Hersant, l'actionnaire principal de GHM (il détient 75 % des parts du Groupe Hersant Média, Bernard Tapie, les 25 % restants) à "descendre" à Nice pour y rencontrer les représentants des organisations syndicales le jeudi 19 septembre. Une venue fort discrète qui avait pour but de rassurer. Car Philippe Hersant est arrivé, avec dans son escarcelle, ce qui pourrait s'apparenter à une bonne nouvelle : l'intérêt manifesté de 3 investisseurs - deux fonds d'investissement et un acteur du numérique - pour le quotidien départemental. Une arrivée qui serait subordonnée toutefois à la tenue d'une réorganisation du groupe d'ici les deux mois à venir. Ainsi le projet présenté à l'intersyndicale jeudi après-midi est "composé d'un volet développement de l'entreprise et d'un volet social qui malheureusement pourrait générer des suppressions d'emplois", explique Gérard Pitocchi, délégué CGT. Une assemblée générale s'est tenue le vendredi 20 après-midi, durant 2 heures, l'idée étant que quitus soit donné par les salariés aux organisations syndicales pour prendre connaissance des détails de ce plan. "Pas pour le valider", précise bien Gérard Pitocchi. Si aucun chiffre n'a pour l'heure été avancé par l'actionnaire majoritaire, les syndicats craignent eux, que le plan imaginé par le belge Rossel (qui était en négociation avec GHM il y a 15 mois pour un rapprochement) et qui prévoyait 150 à 200 suppressions d'emploi ne soit repris à son compte par Philippe Hersant.


25 M€ nécessaires
D'ici 10 à 15 jours, l'actionnaire majoritaire, qui espère lever 25 M€ sans remettre la main à la poche, devrait faire connaître les détails de son plan. "L'avenir du groupe ne passe pas par des licenciements, il passe par un véritable projet d'avenir et de modernisation. Nous avons des rotatives neuves mais nous avons besoin d'outils supplémentaires en sortie de rotatives pour s'appuyer sur de nouveaux produits et trouver d'autres leviers de développement. C'est sur cette stratégie que nous attendons l'actionnaire majoritaire. Question emploi, nous ne sommes pas prêts à accepter 200 départs sauf si les salariés en âge de prétendre à la retraite pouvaient partir dans de bonnes conditions", poursuit le délégué CGT. "La proposition n'est pas encore très concrète", ajoute pour sa part Jean-François Roubaud, délégué SNJ. "Elle fait état de 3 investisseurs potentiels qui demandent à ce que l'entreprise soit réorganisée avant d'investir. Quel que soit l'investisseur, l'essentiel, ce sont ses intentions pour le groupe c'est-à-dire pérenniser le Nice-Matin de demain et ce, quels que soient les moyens et les difficultés par lesquelles il faudra passer".


Déficit de 6 M€ fin 2013
Ce rebondissement dans l'aventure des quotidiens Nice-Matin, Var-Matin, Monaco-Matin et Corse-Matin éloigne pour l'instant la perspective d'un dépôt de bilan. Une procédure qui n'aurait pas de sens pour Gérard Pitocchi : "Il ne faut pas perdre de vue que notre entreprise a un chiffre d'affaires annuel de 95 M€ (96,95 M€ au 31/12/2012, ndlr). Il n'y a pas matière à liquider une entreprise qui fait un tel chiffre d'affaires. Il y a peut-être matière à la restructurer de façon à ce que des bénéfices soient dégagés, mais pas à la liquider". Le résultat net s'est inscrit à fin 2012 en négatif, ressortant à -3,1 M€ (il était fin 2011 à - 14,8 M€). Et surtout, les capitaux propres affichent un trou de 8,5 M€. Selon les syndicats, les pertes mensuelles sont estimées actuellement à 400 K€, ce qui devrait mener l'exercice en cours à un déficit de 6 M€. Le compte d'exploitation sur le premier semestre affiche un déficit de 3,8 M€.

À noter que ce lundi, une nouvelle version du quotidien est en vente au prix d'1,10 €. Une maquette enrichie de cahiers, un par jour. Celui du lundi, traditionnellement consacré à l'économie, s'étoffe avec désormais 16 pages, proposant des portraits de chefs d'entreprise azuréens ainsi que des offres d'emploi, de formation et les marchés publics de la région. Celui dédié à la santé sera désormais disponible le samedi et non plus le dimanche et proposera outre des sujets forme et psychologie, des focus sur l'innovation médicale. Selon le SNJ, les ventes ont été en baisse de 8 % sur l'été, le chiffre d'affaires publicitaire étant lui en recul de 10 %.

Pour rappel, Bernard Tapie possède toujours 25 % des parts.


Laurence BOTTERO

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