Polygone Riviera, de l’art en barre ?

"Le musée transforme l’œuvre en objet" disait Malraux. Mais qu’en font les centres commerciaux ? C’est une question qui se pose puisque le centre Polygone Riviera implanté près de Nice abrite désormais une dizaine d’œuvres d’art contemporain de manière permanente ainsi que des expositions temporaires. L’art enfin à la portée de tous ?
Le "Banc d’amarrage" (2015) de Pablo Reynoso trône au sein du centre commercial à ciel ouvert implanté à Cagnes-sur-Mer, près de Nice.

Avoir choisi Polygone Riviera pour y installer ses œuvres d'art contemporain, Unibail Rodamco et Socri ne le doivent pas au hasard. Au contraire, fourmillement des musées Picasso, Matisse, fondation Maeght (avec qui le centre a noué un partenariat) obligent, les alentours niçois ce sont avérés plus qu'inspirants pour cette démarche. Finalement c'est presque pour se fondre dans le paysage que Polygone Riviera se pare des œuvres de César, Ben, Daniel Buren, Céleste Boursier-Mougenot, Miro et autres ! Il faut aussi préciser qu'avec ses 70 000 m2 à ciel ouvert, divisés en quatre "quartiers" présentant chacun un type d'offre différent, un casino, un cinéma, et pas une enseigne alimentaire... le complexe niçois n'est pas un centre commercial comme les autres. Il en devient même "un lieu de promenade et de détente dans lequel la démarche artistique peut prendre tout son sens" assure Benjamin Griveaux, porte-parole Unibail Rodamco.

Quelles pièces de maître trônent dans les allées du centre commercial ?

Les propriétaires ont pris le soin de laisser la direction artistique des installations à Jérôme Sans, commissaire d'exposition et critique d'art émérite, dont le travail porte précisément sur le réaménagement urbain et l'art public. Polygone Riviera investira donc 3 millions d'euros pour voir arriver entre ses murs 10 œuvres signées Ben, César, Daniel Buren, ou encore Céleste Boursier-Mougenot de manière permanente. 5 autres pièces de Miro siègeront à leur côté de manière temporaire. Une belle collection à contempler sur la route pour Primark, l'une des boutiques qui fait se déplacer en masse les fashionnistas...

Allier consommation et contemplation, un pari bien ambitieux

C'est pourquoi un parcours pédagogique est proposé aux visiteurs pour les guider lors de leur promenade artistique. Le centre met donc à disposition un système d'audio-guide d'une durée de 45 minutes et fait également appel à des prestataires de médiation culturelle en fonction des périodes d'affluence. Le but étant de "faire tomber les barrières entre le commerce et la culture, ou le monde de l'art contemporain tant fantasmé". Il s'agit donc bien de rendre l'art accessible, à la portée de tous. "C'est la sincérité de la démarche qui lui donne tout son sens" promet Benjamin Griveaux. Une sincérité affirmée par la mise en place prochaine de projets en collaboration avec la Ville de Nice, les écoles et d'autres acteurs institutionnels de la région.

Une bonne foi à n'en pas douter, certes, mais qu'en est-il de l'impact sur les usagers du centre ? Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?

Pour Jérôme Sans, c'est "l'avènement d'une nouvelle génération de lieux de consommation". Il a sans doute raison. Remplacer les panneaux publicitaires dans les escalators par des peintures de Ben. Ce n'est plus transformer l'œuvre en objet, c'est le rendre consommable.

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