Aéroport de Nice : tout est bien qui finit bien ?

Le choix d'Azzurra comme acquéreur des parts de l'Etat semble soulever l'enthousiasme des acteurs économiques locaux. Après une longue bataille pour se faire entendre, une conclusion heureuse ?

Certains attendaient Vinci mais c'est bien le consortium franco-italien composé d'Atlantia, EDF et Aeroporti di Roma qui l'emporte. Pas vraiment une surprise, tant il se savait qu'Azzurra avait fait une offre financière défiant toute concurrence. Et de fait avec un montant équivalent à 22 fois l'EBITDA, elle a coiffé au poteau son adversaire dans le dossier, le consortium mené par Vinci qui se console en ayant été choisi par ailleurs pour Saint-Exupéry à Lyon.

Mieux-disant et plus encore

"Azzurra dispose d'une expérience aéroportuaire solide et a présenté l'offre la mieux-disante, tant du point de vue financier que s'agissant du projet industriel, stratégique et social, en valorisant pleinement le potentiel de développement du groupe Aéroports de la Côte d'Azur (société gestionnaires NDLR) ainsi que le développement économique et touristique du territoire azuréen, tout en préservant les intérêts patrimoniaux de l'Etat", ont conjointement expliqué via un communiqué Emmanuel Macron et Michel Sapin. Même propos satisfaisants voire dithyrambiques de la part de Christian Estrosi, le président de la Métropole et de la Région, pleinement satisfait que les exigences des actionnaires minoritaires (chambre de commerce et d'industrie, Métropole, Département, Région NDLR) aient été prises en compte. "Projet cohérent et lisible, projet d'investissement en ligne avec le plan d'affaires à trente ans..." note Christian Estrosi. "Un accord formel est donné sur notre trajectoire tarifaire, garante tant de la compétitivité de l'aéroport que de son prix. Enfin, Azzurra propose des idées nouvelles et intéressantes tant dans le domaine de l'innovation que dans la recherche d'économie d'énergie, grâce à la présence au sein du consortium du groupe français EDF", poursuit celui qui avait pourtant eu quelques mots avec le ministre de l'Economie sur le sujet de la privatisation de la plateforme, notamment à l'Assemblé nationale.

Questions

Et si Azzurra semble avoir voulu montrer patte blanche et rassurer, c'est que sa candidature avait soulevé quelques interrogations. En effet Atlantia était l'une des parties prenantes aux côtés de la SNCF, Thales, SFR et Steria, dans le dossier Ecomouv. Un dossier qui vaut à l'Etat français de rembourser à la société une somme minimale de 800 M€. Et puis il y a ses inquiétudes liées aux mécontentements de certaines compagnies aériennes à propos de l'aéroport de Rome (Aeroporti di Roma fait partie du consortium à hauteur de 10 % NDLR). Ainsi, selon un article paru dans Air Journal en juillet 2015, Alitalia, la compagnie nationale italienne, ne cachait plus son fort agacement quant à la tendance de Rome-Fiumicio de "se concentrer sur les low cost et de médiocres services". Alors même qu'EasyJet annonçait l'an dernier vouloir retirer dès ce mois d'avril 2016 avions et équipages, expliquant que la base romaine assurait des retours sur investissements plus faibles que les autres bases d'EasyJet.

Bref, tout ce qui avait pour effet d'inquiéter les acteurs économiques azuréens.

Investissement annoncé

Dans le détail, Azzurra propose un plan d'investissement de 635 millions d'euros sur les 15 premières années d'exploitation (soit 100 M€ de plus que ce que proposait Vinci) et de quelques 1,483 milliard d'euros sur la durée de la concession donc jusqu'en 2044. De même, l'heureux lauréat envisage de faire grimper le trafic passager de 12 millions actuellement à 20 millions d'ici 2032. Et puis, il y aura étanchéité entre les instances de gouvernance d'Aéroports de la Côte d'Azur et d'Aerporti di Roma. Des intentions louables que regarde également avec attention David Lisnard, le maire de Cannes mais qui est surtout aussi le président du Comité régional du tourisme Côte d'Zur et qui trouve "judicieuse" l'idée d'Azzurra d'étendre la zone de chalandise de l'aéroport niçois aux villes italiennes voisines via une coopération avec la SNCF.

Tout, sur le papier, tend à prouver que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sauf que comme le souligne justement David Lisnard, "il va falloir être vigilant quant à la concrétisation des engagements pris et mesurer continuellement, la réalisation de ces derniers". Car c'est bien sur le long terme que le choix opéré pourra être présenté comme le bon. Et on ne doute pas que les acteurs économiques locaux ne vont pas baisser la garde. C'est là tout leur véritable intérêt.

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Commentaires 2
à écrit le 29/07/2016 à 11:47
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On brade 2 infrastructures amorties et rentables pour a peine 1/3 de Kerviel... Scandaleux. Aucun moyen pour les citoyens d empêcher ce type de transaction qui va évidemment a l'encontre de l intérêt général?

le 31/07/2016 à 14:27
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Les nouvelles unités de compte du XXI ème siècle le gaymare = 420m² le kerviel 5Md d'Euro. Mais d'accord avec vous, on vend des bijoux de famille rentables et pas trop compliqués à gérer en situation de monopole exactement comme les autoroutes en ...

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