Quand Christian Estrosi se place en Pôle position

Il a créé les pôles de compétitivité alors ministre de l'Industrie. Dix ans après, celui qui est désormais président de la Région Provence Alpes Côte d'Azur n'entend pas laisser faire ce qu'il appelle la réforme "à deux vitesses", imaginée par l'Etat. Et voilà comment.
Christian Estrosi entend soutenir les pôles de compétitivité, notamment en créant un Small Business Act régional.

Christian Estrosi pourrait aisément reprendre un refrain bien connu : non "il n'a pas changé". Celui qui pilote désormais les destinées, notamment économiques, de la Région Provence Alpes Côte d'Azur n'est pas différent de celui qui contribuait à donner naissance, voici une décennie, aux pôles de compétitivité. Il le dit et le répète, ils ont tous contribué "au renforcement de la compétitivité de nos entreprises, au développement de notre socle d'innovation et à la structuration de nos filières d'excellence". Et il n'est pas question que cela change.

Pas de mi-mi

Car ce qui inquiète, voire irrite le président Estrosi c'est le schéma de réforme pensée par le gouvernement qui veut donner une autre façon de fonctionner aux pôles de compétitivité.

Les dix ans des pôles avaient justement donné lieu à un audit et à des recommandations, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, souhaitant notamment qu'une partie du crédit d'animation soit dévolue aux régions. Désirée aussi, une meilleure adéquation avec la politique industrielle.

Sauf que de cette réforme, Christian Estrosi n'en veut pas. En tout cas, pas comme cela.

"D'un côté, si j'en crois la logique du gouvernement, il y aurait les pôles nationaux fortement impliqués dans les plans industriels et les "9 solutions de la Nouvelle France Industrielle" qui continueraient à être pilotés au niveau national. De l'autre, les pôles restants verraient leur pilotage décentralisé aux Régions. Or nous ne voulons pas de cette politique à deux vitesses".

Et donc, de suggérer que "pour ne pas prendre un tel risque, je pose une condition de bon sens : une telle évolution passe par le transfert aux Régions des crédits d'animation des pôles sur la base de la fourchette haute de ces 10 dernières années, et non sur ces 3 dernières années".

Et dans la même lignée, Christian Estrosi de demander que le pilotage du Fonds Unique Ministériel, le fameux FUI, soit lui aussi assumé par la Région et pas par la Direccte ou Bpifrance.

Conseil demandé

Pour autant, on sait que les pôles de compétitivité ne sont pas spécialement favorables à un transfert total de la politique des pôles aux Régions. Sur le sujet, Christian Estrosi propose la création d'un Conseil national stratégique qui serait équitablement constitué de l'Etat, des collectivités et des pôles eux-mêmes. Une sorte de concertation menée en commun, le but étant évidemment d'établir une juste stratégie. "Seule une telle instance permettra de mieux articuler les politiques industrielles et d'innovation entre le niveau national et le niveau régional", pointe le patron de la Région.

Soutien financier

Evidemment, l'une des problématiques, c'est... le financement. Et là encore, Christian Estrosi se dit prêt à consacrer la monnaie sonnante et trébuchante nécessaire. Et d'aligner les chiffres. En rappelant notamment que l'effort est déjà consenti sur le budget régional dont la part consacrée aux pôles a augmenté de 3 %. Et qu'à ces 4,2 M€ viennent s'ajouter 4 M€ correspondant aux 12 projets sélectionnés par le FUI. Et promis, "pour 2017, nous nous engageons à augmenter, encore notre soutien aux pôles de compétitivité".

Small Business Act

Longtemps évoqué tout aussi longtemps désiré, le Small Business Act, en tout cas régional, va devenir réalité. C'est l'autre promesse de Christian Estrosi pour qui "la préférence régionale n'est pas un gros mot. Je ne peux concevoir que la commande publique s'adresse à des entreprises extrarégionales ou étrangères, lorsque nous avons tant de talents ici, chez nous".

Voilà qui devrait rassurer les dix pôles de compétitivité basés en Provence Alpes Côte d'Azur, pour certains plutôt inquiets de l'avenir et du modèle économique à trouver. Au-delà, ce sont surtout les PME et les startups, adhérentes, qui doivent respirer. Car ce sont bien elles qui innovent, et qui donc, contribuent à la croissance. L'éternel nerf de la guerre...

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