Pierre Grand-Dufay, le bon esprit (d'entreprise)

Il est chef, d'entreprise mais aussi celui de la commission Economie et emploi au sein du conseil régional Provence Alpes Côte d'Azur. Pas forcément d'accord avec les visions des économistes les plus écoutés du moment, il a des idées assez précises sur l'emploi, les jeunes et la compétitivité.

Pierre Grand-Dufay ne fait pas de politique. C'est lui qui le dit. "Mon mandat n'est pas un mandat politique mais économique". Comprendre il met son expérience du monde de l'entreprise et de l'économie au service de la région Provence Alpes Côte d'Azur. Une région pilotée par Christian Estrosi dont PGD (son surnom pour ceux qui le connaissent bien) loue la "grande maîtrise des questions économiques". Et deux traits de caractère sans doute indispensables pour une mécanique bien huilée, "l'écoute et la capacité à déléguer". Il faut dire que l'on imagine mal celui qui dirige le fonds d'investissement Tertium n'être qu'une caution dans l'équipe menée par l'ancien ministre de l'Industrie. L'entrepreneur a déjà un long parcours, passé par l'entreprise traditionnelle et la startup, et Tertium - le fonds qu'il a co-créé et qu'il préside - occupe une majeure partie de son emploi du temps. Enfin occupait. Car depuis douze mois Pierre Grand-Dufay impulse donc la "politique" économique de la Région. Un sacré chantier. Qui demande révision des fondations et rénovation totale.

On ne reviendra pas sur la mise en place du guichet unique, né après brainstorming avec toutes les instances qui s'occupent de l'entreprise, de l'Ordre des experts-comptables à bpifrance en passant par les chambres consulaires et autres syndicats patronaux et mis en place au printemps dernier. Soit juste quelques mois après l'arrivée aux manettes. Non, c'est dans les actions à venir que Pierre Grand-Dufay veut vraiment faire la différence. Sur le papier et dans les faits.

Pas sauvé par Sauvy

Certes ses idées peuvent étonner. Alors oui bien sûr, Pierre Grand-Dufay dit aussi qu'il faut "flécher l'épargne des Français vers les entreprises en augmentant le seuil des déductions fiscales pour les investissements dans les PME, instaurer une stabilité fiscale pour lever le frein à l'investissement étranger en France, réduire le coût du travail..." Mais c'est surtout que "notre positionnement doit être celui de l'excellence, notre capacité d'innovation et de recherche (étant) intacte". La méthode ? Faire comme la PME qui ne pense qu'à une chose, devenir une ETI. En deux syllabes : o-ser.

C'est-à-dire sortir des sentiers battus et ne pas forcément mettre ses pas dans ceux des économistes pourtant reconnus, afin de grignoter des places dans le classement des régions européennes où Provence Alpes Côte d'Azur pointe à la 15ème place sur 271 avec un PIB de 152 Mds€.

Et Pierre Grand-Dufay de prendre le contre-pied d'Alfred Sauvy et de sa théorie du déversement. Non le progrès ne crée plus autant d'emplois qu'il n'en détruit. Surtout qu'en terme de robotisation, la France a quelque peu loupé le virage négocié en 2000, devant faire désormais avec un capital peu robotisé, de l'ordre de 1,2 robots pour 100 emplois en France quand il atteint 1,8 aux Etats-Unis, 2,5 en Allemagne et 1,6 en Italie. "Il faut poursuive nos efforts et rattraper le retard. Mais cela laisse, en même temps de côté, des milliers de personnes exclues du monde du travail notamment par cette augmentation de la technicité. 80 % des chômeurs ne possèdent pas le bac quand 40 % n'ont aucun diplôme. Quand je fais de l'économie, je pense à eux".

Et Pierre Grand-Dufay de raconter une anecdote qui sent bel et bien le vécu, "en une matinée on peut se lever, aller à la salle de gym, y accéder via sa carte d'adhérent que l'on passe dans un lecteur, aller mettre de l'essence et faire ses courses au supermarché en payant aux caisses automatiques, tout cela sans jamais croiser un être humain", raconte-t-il. "Pourquoi ne pas recréer ces emplois comme pompiste ou préposés aux guichets. Il faut ré-humaniser la société et pour cela il fait créer à nouveaux des échanges humains".

Douceur et monde brut

Il y a aussi un autre cheval de bataille, lié à ce qui a été précédemment cité, c'est l'éloignement de l'emploi. Pour cela Pierre Grand-Dufay puise son inspiration... chez les Américains et les Job Corps ainsi que chez les Suédois et leurs Folk Schools. Des sortes d'écoles de la Deuxième Chance mais avec des cadres plus stricts. Et puis il faut faire la promotion de l'apprentissage. Et là aussi Pierre Grand-Dufay verrait bien les charter schools américaines inspirer le système français. "Ces écoles sous contrats avec l'Etat sont situées dans les zones défavorisées. Elle organisent librement leur programme et le recrutement des enseignants à condition d'atteindre certains objectifs de réussite avec les élèves". Faire preuve de bon esprit c'est aussi une question d'ouverture... de celui-ci...

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.