Quand la Cour des Comptes s'inquiète pour le GPMM… qui va mieux

Le rapport publié ce lundi pointe ce qui ne va pas chez le GPMM pour la période 2009-2014, se montrant notamment peu confiant dans la stratégie de diversification choisie. Or depuis deux ans, le premier port français redresse la barre.

C'est le genre de rapport qui inévitablement crée des discordances. Rendu public ce 13 février, signé de la Cour des Comptes, il explique que le Grand Port Maritime de Marseille, pour la période 2009-2014, se trouve dans une situation complexe, entre suite de la réforme portuaire à écrire et nouveaux axes de développement à activer.

Il est ainsi signifié le recul du chiffre d'affaires de l'ordre de 17 % sur la période concernée, une capacité d'autofinancement moins performante à 25 M€ et un endettement jugé "inquiétant". Pointés aussi les projets non réalisés et reportés, le choix de diversifier les trafics et de prendre le virage de la transition énergétique, considéré comme "complexe à mettre en œuvre" et le rôle d'aménageur pas suffisamment endossé.

Le temps au temps

Un ensemble de remarques, accompagnées de recommandations, auxquels à répondu Christine Cabau-Woehrel, la présidente du directoire, signifiant de son côté que le GPMM est parfaitement conscient des défis qui sont les siens. Et que le projet stratégique adopté porte ses fruits, même si - pour certains secteurs - la mutation exige du temps.

Même Ségolène Royal, la ministre de l'environnement, de l'énergie et de la mer, y va de sa réponse, indiquant que oui en effet, le Port doit continuer et amplifier son rôle d'aménageur pour augmenter les ressources domaniales - que cela fait même partie de la lettre de mission de la présidente du directoire - mais que le GPMM a su trouver, aussi, d'autres relais de croissance. Et ça, c'est justement ce qu'ont égrainé Christine Cabau Woehrel et Jean-Marc Forneri, le président du conseil de surveillance lors de leur conférence de rentrée fin janvier.

Lutter contre les vents contraires

Mettre "en œuvre des objectifs ambitieux malgré des vents contraires" que sont la faiblesse du commerce mondial et le climat d'instabilité caractérisant le Maghreb et le Machrek, dixit Jean-Marc Forneri c'est bien tout le positionnement du GPMM. Qui a ainsi commercialement renoué avec des entreprises pour lesquelles il est un rouage important comme Derichebourg (spécialisé dans la ferraille) ou le groupe Canavèse (fruits). Même Iter a été source de trafic, sur les colis lourds, tandis que l'automobile ou les pellets bois, en forme, ont permis au Port de surfer sur cette bonne conjoncture. Bois et sables ont permis de soutenir l'activité des vracs solides, pénalisée par les difficultés connues par la sidérurgie. Avec des résultats positifs à la clé : + 3% sur les conteneurs, + 7% sur les remorques, + 5% sur les véhicules neufs...

Faire la transition

Mais c'est véritablement le pas fait en direction de la transition énergétique qui constitue une vraie nouvelle dimension pour le Port phocéen. Il suffit pour s'en convaincre de considérer l'augmentation enregistrée par le GNL à + 33 %. Et rappeler que le projet Piicto (Plateforme industrielle et d'innovation Caban Tonkin) et son démonstrateur pré-industriel Jupiter 1000, destiné à transformer de l'électricité en gaz contribue à la vitrine technologique du Port. Que Vasco2 dédié à la récupération du CO2 des fumées industrielles pour la culture des micro-algues et la production de bio-carburant a démarré, qu'une station GNV pour poids lourds s'est installée à Fos. Avec le pôle Mer, une étude est menée sur la faisabilité des principes de fonctionnement de scrubbers mobiles qui aspireraient et traiteraient les fumées. "Si la technologie est suffisamment efficace, nous lancerons la fabrication de ces aspirateurs qui interviendraient de manière ponctuelle sur les navires", a précisé Christine Cabau Woehrel fin janvier.

Être de plain pied dans l'économie 2.0 c'est aussi la volonté qu'affiche Jean-Marc Forneri qui a redit en début d'année lors de la conférence annuelle, que les métiers portuaires aussi changent et se mâtinent de numérique. On sait bien évidemment que Marseille est importante en matière de câbles sous-marins (ils sont 13 à passer par la cité phocéenne) et on imagine aussi que la tendance ne va pas s'inverser.

Interxion France, le fournisseur de services de datacenters, a d'ailleurs annoncé en septembre dernier deux projets d'installation, l'un dans un ancien hangar, l'autre dans l'ancienne base sous-marine, le tout pour un investissement global de 180 M€. Ce qui tend à montrer que le GPMM poursuit sa fonction d'aménageur. Cela étant conforté par les près de 300 000 m2 d'entrepôts et de locaux ou terre-pleins développés en 2016. Un tout qui dénote d'un "regain d'intérêt des logisticiens et d'un regain de confiance des armateurs" disait Christine Cabau Woehrel lors de la conférence de rentrée.

Ou quand le 1er port français et n°6 européen sait que continuité rime avec souplesse et adapatabilité.

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