Présidentielle : ce qui attend les TPE-PME… selon les experts-comptables

Puisque les propositions des candidats à l’élection présidentielle sont susceptibles de bousculer l’équilibre souvent précaire des TPE-PME, les experts-comptables et commissaires aux comptes de Provence Alpes Côte d'Azur ont décidé de passer au crible les mesures prônées par François Fillon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon et Marine Le Pen.

L'exercice se révélait complexe... voire périlleux : mettre au banc d'essai les mesures économiques des différents candidats à l'élection présidentielle. C'est en effet à cette analyse que se sont livrés Lionel Canesi, président du Conseil régional de l'ordre des experts-comptables Marseille Paca et Farouk Boulbahri, président de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes Aix-Bastia, via leur nouveau rendez-vous Campagne Experts. Plus précisément, il s'agissait de déterminer l'intérêt de ces mesures pour le monde de l'entrepreneuriat.

Regard précis

Mais pas n'importe lequel : le prisme choisi par l'Ordre, c'est bien sûr celui des TPE et PME réalisant un chiffre d'affaires compris entre 20 000€ et 50 M€. Soit les chefs d'entreprise avec lesquels les experts-comptables et les commissaires aux comptes se trouvent en prise directe. Ainsi, seuls les candidats qui ont émis des propositions concernant les TPE et les PME ont été passés au crible. Ils ne sont qu'au nombre de quatre : François Fillon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon et Marine Le Pen. Un petit mot sur la méthode s'impose d'ailleurs, puisque le crible en question est voulu objectif et dépassionné... "ce avec une position à économie constante". Ce qui sous-entend donc, par exemple, que l'on garde le scénario euro et que l'on n'entre pas dans des projections où l'on repasserait au franc, comme le préconise le Front national... ce qui bien évidemment changerait la donne en termes d'effets pour les entreprises.

Des mesures... mais pour qui ?

Ainsi, la mise au banc d'essai sous ce prisme permet d'emblée à Farouk Boulbahri et à Lionel Canesi de tirer une ligne directrice, en termes de recommandation : le premier évoque la nécessité d'une "baisse des cotisations sociales, radicale si on veut relancer la consommation et la croissance". Tandis que le second observe que "tout doit aller dans le sens de la simplification du code du travail", comme le propose François Fillon, qui remporte la palme du plus grand nombre de mesures bénéfiques pour les petites et moyennes entreprises. Mais Lionel Canesi évoque aussi l'urgence d'opérer une différenciation des mesures selon la taille de la structure. Car certains dispositifs, s'ils peuvent bénéficier à celles du CAC 40, ne sont pas forcément toujours d'une grande utilité pour les PME et les TPE. Loin s'en faut, même. Tel est le cas par exemple sur le chapitre de la fiscalité pour le CICE en fonction d'objectifs ou de l'individualisation de l'impôt sur le revenu, prônés par Benoît Hamon, qui "vont créer une usine à gaz pour les TPE et les PME", de la baisse de l'IS à 25 % voulue par François Fillon et Emmanuel Macron, ou à 24 % par Marine Le Pen, qui "aura un impact limité pour les TPE et PME"... Quand les deux présidents ne tirent pas carrément la sonnette d'alarme, sur certaines mesures, comme la transformation du CICE en allégement de charges proposée par Emmanuel Macron : "cela a pour effet d'augmenter les bénéfices, c'est donc une hausse d'impôts déguisée. Une conséquence dont l'équipe de campagne n'a sans doute pas eu conscience..."

Et quid du terrain ?

Les mêmes observations sont menées dans le domaine social : ainsi en est-il pour le maintien de la durée légale du travail à 35h avec possibilité, via accord de branches, d'aller au-delà avec compensation salariale intégrale, une mesure toujours prônée par la candidate du Front national, "qui sera absolument ingérable pour les TPE et les PME"... Ou encore de l'abrogation de la loi travail proposée par Benoît Hamon, "qui aura un impact sur la confiance et la volonté d'embaucher des TPE et PME. Il faut savoir que certains refusent des chantiers... car le gros problème, c'est de se séparer des salariés quand il n'y a plus de chiffre d'affaires. Une chose que les patrons ne font jamais de gaieté de cœur" analyse Farouk Boulbahri. Toutefois, complète Lionel Canesi, "les salariés ne sont pas non plus des Kleenex. Il faut donc trouver un système de flexi-sécurité qui leur permette de se reformer et de rebondir de façon encadrée".

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