Rester dans la course

[ EDITO ] Provence-Alpes-Côte d'Azur cumule atouts géographiques et dynamisme économique, certes, mais derrière la belle apparence, c'est aussi un territoire qui souffre... du mal des transports.
Entre des trains express régionaux (TER) en retard, quand ils ne sont pas supprimés de manière impromptue, ou des routes et autoroutes engorgées par des embouteillages qui n'ont presque rien à envier à ceux de la capitale... se déplacer en Provence-Alpes-Côte d'Azur, c'est du sport.

C'est l'histoire d'un territoire qui a tout pour plaire : des atouts géographiques et un dynamisme économique enviés autant l'un que l'autre. Mais, derrière la belle apparence, c'est aussi un territoire qui souffre... du mal des transports. Et le sujet à de quoi donner le tournis. Se déplacer en Provence-Alpes-Côte d'Azur, c'est du sport.

Il faut slalomer entre des Trains Express Régionaux (TER) en retard, quand ils ne sont pas supprimés de manière impromptue - la faute à une ligne ferroviaire vétuste qui date du 19e siècle et que le moindre incident rend inopérable -, contourner des routes et autoroutes engorgées, où les embouteillages n'auraient presque rien à envier à ceux de la capitale... Un gymkhana qui n'est pas bon pour les affaires.

Secouer le cocotier et redéfinir la feuille de route

Surprenant pour le touriste qui risque de ne pas goûter à ce charme particulier de la Provence et de la Côte d'Azur, tout à fait exotique mais d'une manière sans doute inattendue... Détestable pour le chef d'entreprise qui a du mal à attirer les compétences souhaitées. Déplorable pour l'image, écornée. Reste donc à secouer le cocotier.

C'est bien ce que tente la Région, en plein bras de fer avec la SNCF concernant la gestion des TER. Une Région aux manettes du développement économique, qui va devoir établir un schéma de déplacement - nom de code SRADDET - évidemment très attendu. Et si Christian Estrosi a « sifflé la fin de la partie » avec l'entreprise ferroviaire, imposant ses règles du jeu, il va devoir maintenant redéfinir une feuille de route cohérente, qui prenne en compte le rail, la route, la mer et les carburants alternatifs. Car une région qui se veut compétitive ne peut pas rester à la fois le pied sur l'accélérateur et le pied sur le frein. Elle ne peut pas être une jolie vitrine et asseoir sa stratégie de conquête uniquement sur ses atouts naturels.

Jouer le rôle de laboratoire à ciel ouvert, c'est ça une smart région !

Une bonne stratégie est une stratégie qui prend tous les tenants et les aboutissants en considération. Une région qui se veut compétitive doit aussi se projeter dans l'avenir et anticiper, autant que faire se peut, ce que sera le transport demain et peut-être même après-demain. C'est ne pas rester arc-bouté sur des principes, « avoir le nez » pour sentir les tendances, faire preuve d'ouverture d'esprit, d'écoute. Aujourd'hui, « ça roule » déjà pour la mobilité électrique, mais d'autres carburants, dits alternatifs, sont prometteurs. Ils ne peuvent pas être ignorés et Provence-Alpes-Côte d'Azur peut jouer ce rôle de laboratoire à ciel ouvert qui lui va bien et qu'elle endosse déjà pour les réseaux intelligents. Comme elle le fait déjà pour les smartgrids, elle peut (doit) le faire pour ce qui est de la mobilité. C'est ça aussi, une smart région ! Vouloir se montrer la plus belle et la plus désirable aux yeux du monde entier et ne pas prendre à bras-le-corps la cause de bien de ses maux, c'est contre-productif. C'est comme un athlète qui rêverait de titre mondial mais zapperait l'entraînement trop dur, trop exigeant.

Se donner les moyens de rester dans le jeu

Pour rester dans la course à la compétitivité, il faut aussi passer par la case remise en question et plan affiné. Et ça, ça vaut aussi pour les entreprises. Les (bons) chiffres du financement participatif en Provence-Alpes-Côte d'Azur démontrent leur dynamisme, leur capacité à se donner les moyens pour être des numéro un. Rester dans la course, c'est se donner les moyens et sortir de sa zone de confort. Certes plus facile à dire qu'à faire.La case innovation est aussi un passage obligé. Elle n'est pas forcément technologique, elle est aussi de service, d'usage, c'est une autre façon de dire qu'il faut s'adapter aux conditions extérieures, réinventer parfois son métier, penser le coup d'après et garder l'objectif final à l'esprit. Il n'y a qu'ainsi que Provence-Alpes-Côte d'Azur gagnera le match de la compétitivité. Et le terrain de jeu n'est pas hexagonal ou européen, il est mondial.

Laurence Bottero

Hebdo PACA

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