Aix-Marseille : pourquoi mobilité et intelligence collective doivent aller de pair

La concertation comme composante essentielle pour embrayer vers la mobilité de demain, c’est la recette que doit appliquer, selon les experts, la métropole Aix-Marseille Provence. Avec un mot d'ordre car il est question d'équilibre économique : agir vite.

Institutions, entreprises, associations, collectifs : la question de la mobilité ne sera résolue que si tous les acteurs qui gravitent autour de cette thématique et de celle de l'emploi participent à la réflexion. C'est justement parce qu'elle a été convaincue dès l'origine du lien étroit entre les deux que la Maison de l'emploi de Marseille a rapidement lancé la co-construction sur le sujet. C'était salutaire : "sur notre métropole, 46 000 chômeurs et inactifs sont sans voiture, et 67 000 sans permis. Par ailleurs, la hausse du coût de l'automobile a diminué le périmètre d'emploi de 28 % de 2000 à 2009. Alors que 90 % de l'accès aux zones d'activité se fait encore en voiture", dresse ainsi Dominique Tian, président de la Maison de l'emploi en guise d'état des lieux. C'est donc pour faire avancer la réflexion sur le sujet qu'une série d'événements a été mis en place depuis quelques années. Et le Meetup qui a eu lieu le 1er juin dernier pendant la Semaine européenne du développement durable, s'inscrit complètement dans cette veine. La Maison de l'emploi de Marseille est déjà parvenue à réunir autour de mêmes tables des acteurs diversifiés, tels les opérateurs RTM et Cartreize, des représentants du Pôle Emploi, des regroupements d'entreprises ayant mis en place des actions concrètes. Elle a donc capitalisé sur ce background avec un objectif inédit : faire émerger au cours de ce MeetUp, au terme de cinq ateliers, des propositions d'actions concrètes à mettre en œuvre sur les cinq territoires qui composent la métropole. Dans les faits, c'était "des actions qui relèvent de la mise en place de l'agenda métropolitain de la mobilité. Les participants aux ateliers ont par exemple confirmé l'importance de régler certaines questions, comme la tarification unique qui est très attendue, notamment par les entreprises. Lesquelles font remonter leur besoin de recruter en dehors de leur bassin d'emploi... ce qui implique pour les futurs salariés de pouvoir se déplacer avec davantage de facilité sur toute la métropole", restitue Stéphanie Chauvet, directrice de la Maison de l'emploi.

De l'importance du facteur temps

Autre sujet, les contrats de dessertes, la nécessité de faire du sur-mesure... Une question qui rend essentielle, là encore, la concertation... Enfin, celle du numérique a été évoquée, puisque des outils tels le Pilote sont encore trop peu connus des éventuels usagers. "Dès lors, il faut créer de l'information sur le sujet, valoriser l'offre de service existante en termes de digital", analyse de son côté Anne-Laure Nardone, chargé de mission mobilité au sein de la MDE marseillaise. Bref, trois besoins accompagnés d'une observation transverse : il est urgent d'agir. Pour la Maison de l'emploi, il peut être utile de se baser sur sa plus-value, notamment sur l'architecture événementielle déjà bâtie au fil des années. Exemple : les petits-déjeuners mobilité, qu'elle a déjà mis en œuvre et qui peuvent servir de cadre pour prolonger la réflexion et la concrétiser. Ce facteur temps, il est continuellement présent. Exemple : la Métropole a pour projet de mettre en service 200 km de TCSP, maillant davantage le territoire, notamment à la périphérie de l'aéroport. "Toutefois, quel sera l'échéance avant que cela ne soit effectif ? En attendant, de nombreux salariés travaillant dans ce secteur empruntent des modes de transport doux, à l'instar du vélo, sans pouvoir toujours emprunter des pistes cyclables tout au long du trajet. Dès lors, l'urgence n'est-elle pas d'abord à l'aménagement de voies vertes, quitte à utiliser ensuite celles-ci pour réaliser le tracé du TCSP ? C'est ce type de réflexion que nous allons faire remonter à la Métropole".

L'apport d'Aix-Marseille French Tech

C'est parce que ce facteur temps prend tout son sens sur un territoire métropolitain n'ayant d'autre choix que celui de la compétitivité face à ses concurrents que la commission smart city d'Aix-Marseille French Tech s'est elle aussi saisie de la question de la mobilité. Et face à des projets d'infrastructures - telle une offre ferroviaire accrue - qui ne verront pas le jour demain, l'équipe menée par Kevin Polizzi s'est intéressé à trois types de solutions permettant d'injecter dès aujourd'hui plus de fluidité dans les déplacements. "Parmi celles-ci, la possibilité de mettre en place des véhicules autonomes, comme ce sera le cas sur Thecamp... Mais aussi les solutions logicielles, permettant entre autres de démocratiser davantage le covoiturage et autres usages collaboratifs". Dernière piste, reconnecter ensemble stratégie économique et stratégie de territoire. Sachant qu'il existe six pôles d'excellence sur l'ère métropolitaine, au sein desquels peuvent s'implanter services et entreprises dédiées. "Ce sont des champignonnières qui vont pousser. Cette présence économique peut permettre de résoudre une partie de la question de la mobilité". A l'échelle intra-urbaine, le président de la commission et Président de Jaguar Network avance d'autres idées, telles mesurer l'impact du télétravail, ou décaler les horaires de prises de poste afin de mieux lisser l'affluence dans les transports collectifs et sur les axes routiers. Mais pour se faire, rien n'est plus utile qu'un état des lieux permettant de mieux appréhender qui circule et à quelle heure. Dans cette optique, des bornes de connexion radio sont déployées dès ce mois de juin. Des données nécessaires pour mieux gérer et organiser le trafic routier. Ce peut-être notamment en s'asseyant tous autour de la table pour voir par exemple comment mutualiser les livraisons des principaux opérateurs, à l'instar de DHL, UPS ou La Poste...

Les avancées de Nord We Go

La concertation apparaît donc comme primordiale... C'est cette démarche de co-construction qui a déjà permis de donner de beaux fruits sur le territoire. A l'instar du dispositif Nord We Go, mis en place par les entrepreneurs de Cap au Nord dans les 15 et 16èmes arrondissements de Marseille. Cette dernière investit notamment sur la problématique du dernier kilomètre, au cœur  d'un territoire qui ne compte pas moins de 85 000 salariés. "Les micro-navettes poursuivent leur cours. Une desserte avec fréquence renforcée est à l'étude sur trois micro-territoires. Ce pourrait être Les Arnavants, l'Ilot Allar/Cabucelle 3 et André Roussin", développe Alexandre Fassi, secrétaire général de l'association. Mais outre la mise en place de ce dispositif, "le réseau a aussi initié une proximité avec les entreprises. Le message que nous leur faisons passer, c'est le suivant : sondez les attentes des collaborateurs - nous les accompagnons parfois d'ailleurs dans cette démarche -, puis nous mettrons en place des solutions adaptées, en collaboration avec la Métropole et le Pilote".  Solutions qui se conjuguent avec multimodalité, modes doux, autopartage... Un travail de lobbying s'est mis en place aux côtés de Totem Mobi pour multiplier le nombre de stations de recharge. Enfin, dernier sujet dont s'est saisi Cap au Nord, celui des parkings relais, un travail conjoint là encore avec la Métropole, mais aussi RTM, pour identifier des lieux permettant de remplir cet office et les rallier via navettes de la régie des transports aux points névralgiques du territoire.

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