Quand Marseille investit… l'étranger (1/2)

Postés depuis Marseille, certains voient loin... Et portent leur regard au-delà des frontières pour proposer et prodiguer aux entrepreneurs conseils et accompagnement. Le but ? Investir à l’étranger bien sûr.

Il y en a dont la vocation, c'est d'attirer les investisseurs étrangers sur le sol métropolitain... Mais l'inverse se vérifie également : certains autres se sont en effet positionnés en portant leur regard au-delà des frontières. Et accompagnent, entre autres activités, les entreprises ou les particuliers désireux d'investir à l'international. Il faut dire qu'actuellement, les opportunités sont légion. Etats-Unis, Maghreb, Moyen-Orient, Asie... peuvent en effet receler de l'intérêt pour qui s'y penche. Et ces facilitateurs-là l'ont bien compris. Parmi ces derniers, le réseau SRDB avocats et associés, comptant des équipes spécialisées à Marseille, mais aussi à Paris, Beyrouth, Téhéran, Damas et Alger. Des implantations toutes récentes, pour ces dernières. C'est à la faveur d'un partenariat avec le cabinet SBB Partners, fondé par l'actuel bâtonnier d'Alger, Abdelmajid Silini, que SRDB a élu domicile dans la capitale algérienne. Un accord qui voit ainsi œuvrer 30 avocats de concert... "Nous avons aussi ouvert à Damas. Il y aura des opportunités dès lors que des accords seront signés. Il faudra accompagner la reconstruction de la Syrie", avance Georges Sioufi, fondateur de SRDB, et également avocat au barreau de Beyrouth. Son rôle : accompagner juridiquement les entreprises dans ce que compte la planète de viviers de business, faciliter et sécuriser la réalisation des projets exports, résoudre les éventuels litiges nationaux et internationaux. Avec un certain nombre de spécialités dans le droit des Affaires, la Concurrence, les Fusions-Acquisitions, le Droit Maritime, le Contentieux commercial et l'Arbitrage... Des activités tournées donc vers le BtoB.

Quand Detroit se prend pour un ph(o)enix

Le club d'investisseurs C&V lancé par Anthony Valeix, suite à la fondation en 2015 à Marseille de l'agence immobilière Côte et Ville, propose a contrario ses services au particulier. Ce club comprend quelque 250 membres, basés en France et à l'étranger, ayant chacun un budget de 150 000 € à plusieurs millions d'euros. "Notre but, c'est avant tout l'échange sur les finances, la fiscalité... Mais nous offrons aussi à nos membres le privilège des meilleurs investissements possibles dans le domaine de l'immobilier, non seulement à Marseille mais aussi à l'international". Et pour l'heure, c'est vers Detroit qu'Anthony Valeix a concentré son attention.

"Nous avions fait en 2012 une étude sur Miami, or ce n'était pas si intéressant que cela. Le seul atout était le taux de change euro-dollar qui permettait de gagner de l'argent, mais rien de plus. Or aujourd'hui, l'euro-dollar est stable. Nous avons donc analysé plusieurs villes, en Espagne, au Portugal, en Allemagne, au Costa Rica... Et il s'est avéré que c'était à Detroit que se révélaient les meilleures opportunités pour faire des affaires dans l'immobilier. La crise des subprimes, puis celle de l'automobile qui a vu le départ de Ford, Chrysler et General Motors,  ont provoqué la faillite de Detroit en 2013. Mais trois milliardaires ont inversé cette tendance en rachetant des parties de la ville avec un objectif : la transformer en une nouvelle Silicon Valley. Je me suis rendu sur place avec une pile de documents très alarmistes... et à ma grande surprise en arrivant, la ville était déjà en train de renaître de façon fulgurante et se trouvait en forte croissance. Les investisseurs s'y battent aujourd'hui".

Amazon et Alibaba vont s'y implanter, les start-up affluent... Detroit se trouve en phase de rebond.

L'Iran, plus facile qu'il n'y paraît

La capacité de rebond : c'est l'un des éléments qu'Anthony Valeix observe quand il s'agit de cibler de nouvelles villes où investir. Mais d'autres facteurs d'attractivité peuvent aussi être pris en compte. Du côté de l'Iran, les opportunités sont elles aussi grandissantes, ce pour plusieurs raisons, explique Georges Sioufi : "le pays a la réputation d'être difficile, mais ce n'est pas le cas. L'Iran vient de loin, le pays a été sous embargo pendant des années. On le croit fermé sur lui-même, conservateur, alors qu'il s'avère en fait économiquement très libéral". Ainsi l'investisseur étranger, notamment européen, est bienvenu. Il faut dire que toutes ses infrastructures doivent être remises à niveau : transports (ports, aéroports, rail, route), recherche pétrolière, nouvelles technologies, EnR... C'est ce qui a poussé l'entreprise Samenergy à vouloir investir d'ici 2020 près de 3 Mds d'euros dans l'éolien et le photovoltaïque, avec le projet d'installation de 2 gigawatts sous ses horizons, explique Lucien Mallet, son directeur général.

"L'Iran a besoin de mettre en place des infrastructures, notamment électriques et la France a un rôle à jouer. Dans cette optique, nous avons créé une filiale à Téhéran en 2016, Samenergy Pars, dirigée par Zahra Daneshi Far, ancienne directrice de cabinet du ministère de l'énergie. Bien sûr pour ces 3 Mds€, nous ne serons pas à 100 % en fonds propres mais nous irons chercher la dette. C'est pour cela que nous mettons en place ici en France toute une ingénierie financière et juridique. Nous sommes en train de boucler une première tranche de 500 mégawatts, nous avons déjà obtenu le permis de construire, le droit de location des terres qui passe, comme en France, par le modèle du bail emphythéotique, ce sur 60 ans. La construction de cette première tranche est prévue pour 2018".

Et si le financement de projet reste "un sport compliqué", les lois iraniennes sont attractives, notamment le Fippa, qui garantit les investissements étrangers en Iran et permet aux investisseurs de ramener les dividendes gagnés dans le pays. "Mais c'est aujourd'hui, avec la levée des sanctions, que cette loi prend tout son sens", reprend Georges Sioufi.

Malgré tout, il reste encore des résidus de ces sanctions... "Par exemple, le transfert bancaire en dollars est interdit alors que celui en euros est autorisé. Mais peu de banques françaises s'y risquent, de peur de mauvaises surprises". Il est par ailleurs impossible de commercer avec des Américains.  Si donc les français ont des filiales outre-Atlantique, l'affaire peut se révéler financièrement périlleuse... "Nous avons donc le devoir d'alerter sur cet état de fait, de trouver des solutions, accompagner, sécuriser par rapport à l'ensemble de ces risques". Malgré ce, l'ouverture est réelle. Et ce quelle que soit la forme : ouverture de filiales en nom propre, joint-venture, réponse à des appels d'offres... "Toutefois, les ressources actuelles en Iran ne permettent pas de financer la totalité des projets, pour ce qui est des appels d'offres. Donc le gouvernement iranien souhaite que les entreprises qui y répondent soient partie prenante dans le financement. Les entreprises chinoises le font, ce qui n'est pas le cas des européennes". Cependant, les Iraniens ont un faible plus prononcé pour ces derniers... SRDB essaie donc, via son réseau, d'accompagner la création de joint-venture entre Français et Chinois.

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