« Nous allons collaborer étroitement avec le monde économique »

La présidente du département des Bouches-du-Rhône est aussi la première vice-présidente de la Métropole, chargée de la stratégie et de l'attractivité économiques. International, image de marque, chantiers déjà ouverts ou à engager et à réussir... la liste des envies et des besoins est riche, à l'image du potentiel.
Martine Vassal, Présidente du département des Bouches-du-Rhône

LA TRIBUNE - Quels sont les atouts économiques de la métropole ?

MARTINE VASSAL - Il faut tout d'abord évoquer les éléments fondamentaux inamovibles sur lesquels nous avons choisi de capitaliser. La position géostratégique de notre territoire contribue à notre attractivité et nous fournit également des ressources énergétiques naturelles. La composition de notre tissu économique, multisectoriel avec de l'industrie, du tertiaire mais aussi de l'agriculture nous préserve des à-coups conjoncturels. Les hommes et les femmes qui vivent ici sont un atout essentiel. Nous concentrons des savoir-faire et des talents dans un éventail extrêmement large d'activités. C'est un atout, mais aussi un élément de complexité pour rendre notre territoire lisible. Mais cette analyse photographique ne permet pas de révéler tout notre potentiel.

C'est par une analyse dynamique du territoire que l'on mesure les meilleurs atouts du territoire et que l'on peut définir le niveau d'ambition auquel il peut prétendre. Cette dynamique s'exprime d'abord par les grands projets. Euroméditerranée, les pôles de compétitivité, Iter, thecamp, Henri Fabre, Piicto, l'éolien flottant, l'Immunopole ne sont que quelques exemples de ces projets qui cristallisent l'excellence métropolitaine. D'autres sont en préparation et leur développement est notre priorité. Les grands événements constituent une autre expression de la dynamique engagée à l'échelle métropolitaine.

En résumé, nous avons les ressources humaines, énergétiques et technologiques pour alimenter ce qui constitue le principal moteur économique des pays développés aujourd'hui : l'innovation. À cela, nous ajoutons notre dynamique entrepreneuriale et le supplément d'âme de notre identité. Nous avons tous les ingrédients pour accélérer et devenir une des grandes métropoles internationales en Europe.

Comment résoudre les problématiques de déplacement qui peuvent être perçues comme des freins à l'attractivité ?

Pendant longtemps, nous sommes restés figés devant l'immensité des investissements à engager pour rattraper notre retard. Aujourd'hui, nous voyons les choses différemment. Notre décision est de ne plus attendre. Notre défi à très court terme est de mettre en place des solutions innovantes et immédiatement opérationnelles pour convaincre les habitants de laisser leur voiture à la maison et prendre les transports en commun.

Pour cela, nous avons des solutions : les réseaux de cars interurbains qui sont de plus en plus performants, les bus à haut niveau de service aussi efficaces que le tram dans les zones moins denses, les voies de bus sur les autoroutes, mais aussi tout ce qui apporte du confort et de la fiabilité aux usagers des transports en commun : des pôles d'échanges, des parkings relais, des solutions de covoiturage, des systèmes d'information en temps réel... Cela ne signifie pas que nous renonçons aux grands projets d'infrastructures. Il nous reste encore à finir de définir les priorités et surtout à poursuivre nos échanges avec l'État pour que celui-ci s'engage proportionnellement à la même hauteur que ce qu'il fait à Paris par exemple.

La Métropole regarde-t-elle efficacement vers les pays de la Méditerranée, avec lesquels elle est « naturellement » et géographiquement proche ?

Il est vrai que la France est en train de prendre du retard dans une zone sur laquelle elle pensait pouvoir légitimement conserver une place de partenaire privilégié. L'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, la Chine et même les États-Unis placent leurs pions, investissent et occupent désormais une place dans les échanges qui nous a fait perdre notre leadership.

Aujourd'hui nous savons que ce qui compte, ce sont les projets. Nous avons déjà intégré ce changement dans notre stratégie et la priorité est maintenant de devenir une véritable plateforme de projets euroméditerranéens en valorisant des compétences, des réseaux, des financements dans des thématiques que nous maîtrisons et dont les pays de la Méditerranée ont besoin. Plus précisément et, à titre d'exemple, nous soutenons le Réseau euroméditerranéen des projets urbains parce que nous avons des compétences à mobiliser en matière de logement durable, d'énergie, de gestion des littoraux, de gestion de l'eau et des déchets.

En matière de développement économique, le réseau Anima [réseau euro-méditerranéen des agences de promotion des investissements, ndlr] nous semble être le bon outil pour soutenir la dynamique d'investissements et de projets. Nous souhaitons maintenant aller plus loin et travailler davantage avec l'AFD [Agence française de développement], l'IRD [Institut de recherche pour le développement] et les autres organisations internationales qui sont à l'origine des projets. Ce grand chantier, nous allons le conduire en étroite collaboration avec le monde économique. Je tiens cependant à dire que nous ne nous arrêterons pas à la Méditerranée. L'enjeu international pour la Métropole, c'est l'Afrique. Nous y avons un rôle à jouer et c'est notre nouvelle ambition.

Comment la métropole doit-elle travailler son image à l'international ?

C'est un sujet essentiel. J'ai la conviction que la réponse réside autant dans le contenu du message que dans la méthode pour le diffuser. Si on parle du contenu, il nous faut prendre conscience que nous avons tout à faire. L'image de la métropole n'existe pour l'instant pas. Marseille a une image (pas toujours excellente, mais elle évolue), Aix a une image, la Provence a une image mais la synthèse des trois n'a pour l'instant pas été écrite. Nous avons démarré le chantier et notre objectif est de mettre en perspective un message qui traduise ce que nous sommes, mais aussi notre ambition collective.

Le deuxième enjeu est celui de la méthode. Nous devons impérativement intégrer le jeu collectif comme la condition sine qua non de toute action à l'international, depuis la conception de nos messages jusqu'à l'organisation de nos actions à l'étranger en passant par la mise en place de nos outils et de nos dispositifs d'accueil. En complément, nous devons jouer pleinement la carte des grands événements. Les visiteurs qui viennent sur notre territoire, qu'il s'agisse de motifs professionnels, culturels, touristiques ou simplement amicaux, sont très majoritairement séduits par ce qu'ils découvrent. Quand ils rentrent chez eux, ils deviennent nos ambassadeurs. En jouant la carte des grands événements nous maximisons notre capacité d'attirer ce public international qui véhiculera la nouvelle image de notre territoire.

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