Loïc Fauchon : "Il faut avoir le courage de dire qu'il faut construire des barrages"

La gestion de l'eau est une thématique essentielle dans le développement des métropoles et une problématique pour certains pays méditerranéens et de l'Afrique subsaharienne. Une gestion qui doit se faire avec bon sens, quitte à ne pas être écologiquement correct, estime le président de la société des Eaux de Marseille.

La Tribune -  Vous avez organisé ce lundi à Marseille un colloque international baptisé Eau Métropole avec comme fil rouge la gestion durable des services d'eau. Pourquoi regarder ce qui se fait ailleurs ?

Loïc Fauchon - Notre jardin, c'est la Méditerranée. Et l'ensemble des usages de l'eau en Méditerranée doit être sécurisé car la croissance démographique, le développement du tourisme demandent plus de disponibilité en eau. Il faut convaincre la population de consommer mieux mais aussi de gérer mieux. L'offre s'accroit et il faut donc réguler la demande, voilà la responsabilité de ceux qui sont chargés de l'eau. Je crois beaucoup à l'échange, à l'importance de l'écoute, au regard porté.

En quoi l'exemple de Marseille et sa métropole peut aider les pays méditerranéens ?

Je n'aime pas beaucoup l'expression "transfert de technologies". Il ne faut pas bomber le torse. Nous devons à nos anciens d'avoir transmis une culture de l'eau. Cela a obligé la génération précédente à construire des infrastructures que nous ne pourrions pas construire aujourd'hui. Les pays méditerranéens ont des déficits en eau bien plus importants que ceux que nous avons pu connaître. Dakar, Constantine... subissent des coupures d'eau. Dans d'autres régions de France on n'est pas capable de conserver l'eau de l'hiver pour l'été. Dans le bassin de la Garonne, il pleut une partie de l'année, mais les capacités de stockage n'existent pas car il n'y a pas de barrages construits. Le risque est de nous retrouver dans le cas de la Californie. On nous dit d'utiliser l'eau recyclée mais cela ne suffit pas. Il faut avoir le courage de dire qu'il faut construire des barrages. Le développement demande de répondre à des besoins. Avec les autres pays, il faut maintenir un échange permanent. Le temps des solutions est dépassé. Les populations qui subissent une difficulté hydraulique savent que les solutions existent. Ce qu'elles attendent, c'est une réponse, qui est la transposition de la solution.

Quels sont aujourd'hui les enjeux de la gestion de l'eau dans le périmètre que la société des Eaux de Marseille couvre ?

De manière quotidienne, il y a peu d'enjeux car les problèmes d'approvisionnement sont résolus à 99 % et ceux concernant l'épuration, à 95 %. Les pourcentages que l'on va vouloir gagner vont coûter cher. Il y a un moment où il faut se demander si la priorité c'est d'atteindre 100 % d'épuration d'eau ou de construire de la place dans les universités. Il faut savoir choisir. Les normes européennes c'est bien mais il ne faut pas en faire trop. Et ce n'est pas parce que nous ne manquons pas d'eau qu'il faut la gaspiller.

Quelle est la place de la gestion de l'eau dans la ville intelligente ?

Je ne sais pas ce que c'est que la ville intelligente. Cependant il est évident que l'on assiste à un vrai mouvement vers la ville. Il faut gérer l'évolution démographique, l'urbanisation et la littoralisation. 40 % de la population vit à moins de 50 km de la mer ou d'un grand fleuve. Il faut conserver des espaces ruraux en France. Evidemment la ville doit être productive, accueillante, capable d'apporter les éléments de la civilisation moderne. On ne regarde pas le problème de l'énergie si on ne regarde pas le sujet de l'eau et vice-versa. Bien sûr que nous sommes attentifs à utiliser toutes les technologies nouvelles. L'eau à sa part dans la ville intelligente.

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