Apprentissage : comment mettre les bouchées doubles

50 000 alternants en 2020 contre 28 000 aujourd’hui, c’est la volonté du conseil Régional PACA, qui ouvre dès aujourd’hui les vannes en termes d’offre de formation. Illustration avec le CFA interuniversitaire Epure Méditerranée : il verra son catalogue étoffé à la rentrée de sept nouveaux cursus et vise sous cette échéance une croissance à deux chiffres en termes d’inscrits.

2 500 apprentis inscrits au sein du CFA Epure Méditerranée en 2017, ce dernier enregistrant une progression de 5 % des effectifs chaque année : la voie conciliant apprentissage et cursus universitaire tend sans conteste à séduire de plus en plus d'étudiants. Il serait temps, sous-entend Yvon Grosso, président de Formasup PACA, l'organisme gestionnaire du CFA. "Malgré ces frémissements, nous sommes encore loin derrière l'Allemagne, la Suisse, qui comptent trois fois plus d'apprentis que nous". La faute notamment à l'image écornée qu'on lui prête dans l'Hexagone, puisqu'"ici, s'opère toujours cette césure entre les métiers dits "nobles" et ceux qui ne le sont pas".  C'est d'autant plus dommageable que pour reprendre l'exemple de l'Allemagne, le taux des jeunes inactifs n'y était que de 8 % en 2016, alors qu'il atteignait 25 % en France. Lien de cause à effet ? Selon les résultats d'une enquête sur l'insertion des apprentis dans la vie active menée par Formasup, toujours en 2016, sur 3 325 diplômés, tous niveaux confondus, le pourcentage de ceux qui ont pu s'engager directement dans la vie active six mois après l'obtention du diplôme s'élevait déjà à 64 %... Vous avez dit attractif ?

10 % d'apprentis supplémentaires pour septembre 2018

Et puis, il y a aussi la variété du catalogue, puisque apprentissage ne veut pas seulement dire débouchés vers les métiers manuels. Les formations universitaires proposées par le CFA sont actuellement au nombre de 81 et couvrent tous les secteurs, de l'industrie au commerce en passant par l'informatique, l'écologie, le marketing, les ressources humaines, la gestion ou encore le management. Avec une volonté : coller étroitement aux besoins des entreprises. "A la création du CFA, il y a 25 ans, des modules pédagogiques ont été co-construits avec les universités en tenant compte de la demande, pour permettre un taux d'insertion optimal", rappelle Yvon Grosso. Une dynamique toujours d'actualité, puisque le catalogue ne cesse de s'étoffer. "La Région nous aide et nous facilite la tâche, elle a donné cette année son accord pour sept formations supplémentaires via le plan régional de l'apprentissage, elles seront ouvertes dès l'année prochaine. Le processus est le suivant : les référentiels métiers sont rédigés par les branches professionnelles, en essayant d'adopter une vision large sur les besoins de demain. Nous nous tournons ensuite vers le monde universitaire qui les adapte de façon académique". Un parcours qui se termine donc entre les murs du conseil régional, dont le rôle est d'approuver ou non lesdits cursus. "Nous avons également reçu de ce dernier l'autorisation relative à la modification de sept autres formations existantes. Tous ces efforts vont nous permettre de viser une croissance à deux chiffres, de l'ordre de 10 % en termes de nombre d'apprentis à la rentrée prochaine", poursuit Yvon Grosso. Sur les 5 ans à venir, ce n'est pas moins de 50 nouvelles formations qui pourraient voir le jour, ce qui représente 1 000 places supplémentaires. Un pas dans le sens de la volonté régionale : compter 50 000 alternants, tous CFA confondus, d'ici 2020, contre 28 000 aujourd'hui.

Simplification et rationalisation

Mais outre la Région, réhabiliter l'apprentissage, c'est aussi le vœu du gouvernement, qui a lancé ce 12 octobre les groupes de travail en vue d'une nouvelle réforme sur le sujet de la formation professionnelle. "Le gouvernement a souhaité que le CFA participe à ces travaux préparatoires. D'ici la fin de l'année, des recommandations seront formulées par les différents groupes de travail, ce qui nous permettra d'aboutir au printemps 2018 à la présentation d'un projet de loi". S'il reste pour l'heure prudent sur les "déclarations d'intentions" faites par Emmanuel Macron - notamment celle concernant l'enveloppe de 15 Mds d'euros qui permettrait de proposer aux jeunes décrocheurs et aux chômeurs faiblement qualifiés une formation -, Yvon Grosso avoue "attendre beaucoup de cette réforme : l'équilibre financier, l'incitation fiscale à prendre des apprentis, la simplification et la rationalisation des process. Encore aujourd'hui, les circuits de financement sont trop nombreux, il faut renseigner et signer 5 à 10 exemplaires d'un même document, faute de parties prenantes qui soient connectées entre elles. Ce sont des freins à notre volonté de construire". Enfin, il évoque également la notion "d'intégration de pré-apprentissage à la fin du collège, pour acculturer les élèves et les professeurs et combattre les clichés qui nous collent encore à la peau".

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