Budget des CCI : l'Etat rabote, les entreprises payent

Le PLF 2018 est dans le collimateur des présidents de CCI pour cause de nouveau rabot financier. Une (mauvaise) nouvelle qui agace particulièrement le Niçois Jean-Pierre Savarino. Qui monte au créneau.

C'est la soustraction qui ne passe pas. Mais alors pas du tout. En prévoyant une baisse de 150 M€ de la ressource fiscale affectée au réseau des CCI, le projet de loi de finances pour 2018 provoque l'ire des présidents des chambres de commerce et d'industrie. Car ce nouveau rabot arrive à un moment où les organisations consulaires relèvent tout juste la tête, après un premier round qui a déjà vu la dotation de l'Etat être revue à la baisse. Les dernières élections consulaires - organisées l'an dernier - se sont d'ailleurs déroulées dans ce contexte de budget resserré. Les présidents des CCI ont parfaitement conscience que tout cela amène à revoir, peaufiner et mieux communiquer l'offre distillée par les chambres. Et la plupart se sont déjà mises au diapason.

Privation

A Nice, les "économies" annoncées sur les ressources fiscales correspondent à 3 M€ sur un budget annuel qui s'élève, lui, à 70 M€.

Soit un - 17 % qui prive... les entreprises. Déjà lors des dernières Rencontres économiques territoriales organisées avec l'Union pour les Entreprises (UPE) 06 à Grasse le 2 octobre dernier, Jean-Pierre Savarino avait fait part de son incompréhension, rappelant que c'était 17 % de ressources en moins pour celles qui font la croissance.

Les chambres de commerce et d'industrie savent que leur rôle auprès des entreprises est méconnu et pas reconnu. Mais ça c'était avant. Car la volonté des présidents élus, que ce soit à Marseille comme à Nice ou ailleurs est de valoriser le travail fait auprès des dirigeants.

La CCI Nice Côte d'Azur avait justement concocté à l'automne 2016 une campagne de communication axée sur tout le panel des services apportés - de l'audit à la facilitation des démarches administratives en passant par l'aide à l'export... - soucieuse de bien montrer que son quotidien, c'est bien de s'occuper des 74 000 entreprises que compte la Côte d'Azur.

D'une injustice, l'autre

Evidemment le monde socio-économique et les autres organisations professionnelles sont comme un seul homme derrière l'organisation consulaire, au premier rang duquel on retrouve son co-équipier dans la défense des entreprises, l'UPE 06 et son président, Philippe Renaudi. Qui résume assez bien la situation : "c'est une réponse inadaptée qui pénalise TPE et PME. Et qui ne profite même pas aux entreprises qui ne voient venir aucune baisse de leurs charges".

Surtout, ce nouveau rabotage intervient alors même que des projets structurants du territoire azuréen sont pilotés ou intègrent la CCI. C'est notamment le cas du Campus de l'apprentissage, qui va s'élever au sein de l'Eco-Vallée sur 23 000 m2 et qui a nécessité un investissement global de 84 M€ dont 15,3 M€ sont financés par l'Etat dans le cadre du PIA et 24,4 M€ par le Conseil régional PACA. Il accueillera 2 000 apprentis à la rentrée 2020. Il y a aussi le projet "Vauban 21", porté par le consortium Artemis qui intègre hormis donc la CCI NCA, la Caisse d'Epargne Côte d'Azur et la Caisse des Dépôts et qui vise à investir 135 M€ pour faire du Port Vauban d'Antibes le port du 3ème Millénaire avec tous les aménagements haut de gamme qui vont bien.

Courage, souquons

Pilote dans l'avion ou plutôt capitaine à la barre de la Chambre consulaire, Jean-Pierre Savarino a fait de son projet de mandat appelé Cap 21, un projet "d'entreprise" qui doit montrer toute la capacité de la CCI NCA a être un acteur de l'économie. "Notre objectif est de bien servir les entreprises. Alors on ne se posera plus de questions sur le devenir des chambres de commerce et d'industrie" disait-il encore fin septembre. Bien conscient par ailleurs que le mandat ne signifiait pas "s'engager sur un lac" mais que, quelques soient les aléas, "nous arriverons à bon port". La houle s'est, entre temps, levée. La réplique ne tarde pas : la CCI Nice Côte d'Azur a décidé de prouver par les chiffres ce qu'elle avance par les lettres. Et de lancer une étude d'impact de ses activités, afin de démontrer ROI et indicateurs de performance à l'appui la valeur qu'elle génère sur le territoire. Et de demander entre temps, que la soustraction se fasse le plus en douceur possible, en s'étalant dans le temps. "Laissez-nous travailler sans nous pénaliser", appuie Jean-Pierre Savarino. Un vœu pieu ou exaucé ? Tout cela alors que l'ISF a été abandonné au profit de l'IFI et que se pose la question du manque à gagner que cela génère dans les caisses de l'Etat...

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Commentaire 1
à écrit le 23/10/2017 à 15:53
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"3 M€ sur un budget annuel qui s'élève, lui, à 70 M€. Soit un - 17 % " Je lis "La Tribune" ou "Pif Gadget" ??? ... Il y a soit erreur de calcul, soit de raisonnement, en tout cas manque de temps pour relire son papier... Courage!!

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