Pourquoi 1083 s’implante à Marseille

1083, c’est la distance entre les deux fournisseurs les plus éloignés de cette marque de prêt-à-porter bio et made in France, basée à Romans. Parmi ses prestataires, le marseillais Création Anaïs, en charge de la confection de ses jeans, avec lequel elle projette l’ouverture d’une boutique atelier.

C'est une initiative inédite en France : la marque de jeans et de baskets 1083, sise à Romans, a pour projet l'ouverture d'une boutique atelier dans la cité phocéenne en 2017. Elle le mènerait en partenariat avec son prestataire marseillais, Création Anaïs, en charge de la production de ses jeans bio. "Nous allons capitaliser sur nos compétences dans un seul et même endroit. Nous prenons actuellement des contacts et rencontrons les acteurs institutionnels : le CMCI, la Ville... L'impératif étant de trouver un local bien placé pour que cela marche", explique Thomas Huriez, fondateur de la marque, qui prévoit par ailleurs deux nouvelles ouvertures de magasins en propre à l'automne, à Nantes et à Lyon. La boutique atelier phocéenne serait quant à elle une fenêtre ouverte sur des savoir-faire retrouvés, à nouveau valorisés. Car ce que l'on ne sait pas forcément, c'est que Marseille a été autrefois une place centrale dans la confection des jeans en France, avec les productions de marques telles que Rica Lewis ou Number One.

"Ce sera l'occasion de faire de la pédagogie, des visites, de montrer au consommateur comment est produit son jean. Il s'agit également de tirer un trait sur le modèle économique passé, où les ateliers étaient dépendants des donneurs d'ordre. En réunissant boutique et atelier au sein des mêmes locaux, on rendra une équipe plus forte".

Embauches en vue

Un projet qui, de fait, entre dans la philosophie de la marque, faisant rimer prestataires avec partenaires.

"On galère pour reconstituer des savoir-faire, il n'est pas simple de relocaliser. Notre marque a donc le devoir de les entretenir et de les développer : c'est une véritable responsabilité qui nous incombe, on ne peut pas les laisser tomber".

Tel est donc le cas avec l'atelier Création Anaïs, qui a connu heures moins glorieuses et licenciements à l'heure des délocalisations qui ont frappé le secteur du textile, voilà 15 ans. "Nous avons tenu en faisant des petites séries, mais aussi en réalisant des intervention à l'étranger dans le domaine du suivi de production et de collection. Et par chance, nous n'avions pas vendu notre matériel", explique Edouard Birgin, gérant de Création Anaïs avec son frère, Aram. Aujourd'hui, l'atelier a réembauché 4 collaborateurs et a renoué avec la croissance en officiant pour 1083, depuis 3 ans. Elle vient notamment d'investir dans deux nouvelles machines, à hauteur de 8000 euros. "La marque de Thomas Huriez représente 75 à 80% de notre production, soit 1 000 à 1 500 pièces par mois. Nous avons du mal à suivre le rythme de la demande et les délais de livraisons atteignent 2 à 3 mois", poursuit le gérant, qui prévoit dans un avenir proche de passer à 10 salariés. Une nécessité, pour résorber le problème de manque de stock auquel se heurte l'entreprise de Thomas Huriez.

Un CA multiplié par 10

Au final, c'est quelque 25 emplois, tous fournisseurs confondus, que 1083 a contribué à créer sur le sol français. Elle a par ailleurs multiplié son chiffre d'affaires par 10 depuis sa création en 2013, pour atteindre, selon les prévisions, les 2 M€ cette année. Un pari réussi pour celui qui a fait de la proximité son fer de lance... dans un secteur où bien souvent, les différents maillons de la chaîne de production se trouvent éloignés à des dizaines de milliers de kilomètres les uns des autres. "Quand on comprend l'intérêt de fabriquer sur le sol français, on perçoit dans le même temps l'hérésie de le faire à l'autre bout de la planète. Sur les 89 € que coûte un jean 1083, 86 restent en France, et trois seulement sont dédiés à l'étranger, soit le prix du coton, qui ne pousse pas chez nous, et les boutons et les rivets, que nous commandons en Italie", argumente enfin cet ancien informaticien, reconverti avec succès, donc, en entrepreneur de prêt-à-porter.

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Commentaire 1
à écrit le 04/07/2016 à 8:57
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Je propose que l'on décentralise le SMIC aux régions qui ont besoin de faire baisser les couts de la main d'oeuvre !

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