ESS : quel avenir pour le secteur associatif ?

Avec un poids non négligeable, l'économie sociale et solidaire est multiformes, même si l'association apparaît comme la structure la plus choisie. Un secteur qui doit aujourd’hui se réinventer et trouver un modèle économique, face notamment à la raréfaction des financements publics.

17 000 entreprises et 166 000 salariés, soit 12 % de l'emploi privé, et plus de 4 milliards d'euros de salaires bruts distribués : tel est le poids de l'économie sociale et solidaire en région. A une telle échelle, difficile de lui conférer une position marginale : l'économie sociale et solidaire fait bel et bien partie du tissu économique local. Banques, mutuelles d'assurances, mutuelles de santé, Scop, fondations ou associations... Le secteur connaît une représentativité accrue. "La nouveauté c'est qu'aujourd'hui, toute profession peut s'exercer sous une forme juridique qui relève de l'ESS, même un cabinet d'avocat ou d'expert-comptable, par exemple... Certains journaux se réinventent aussi sous forme de coopératives. Ainsi, fondamentalement, la seule différence avec l'économie traditionnelle, c'est la finalité, qui n'est pas tournée vers le profit", rappelle Denis Philippe, président de la Chambre régionale des entreprises de l'économie sociale et solidaire en PACA.

Et l'ESS compte bien aujourd'hui faire passer son message : "on peut entreprendre autrement et créer de l'emploi. L'ESS est aujourd'hui le secteur qui résiste le mieux... L'avantage est qu'elle crée de l'emploi de proximité, selon une logique de circuit court : ces postes ne sont ni délocalisés, ni délocalisables. Considérer donc l'ESS comme un "tiers secteur", est un faux procès. Nous sommes véritablement des entreprises... Mais le côté social et solidaire déplaît, dérange encore. Il demeure donc un énorme travail de communication à accomplir", analyse encore le président.

Changer de modèle économique

Un challenge à relever, donc. C'est loin d'être le seul. Un autre des enjeux concerne spécifiquement le secteur associatif, confronté à l'urgence de se réinventer. "Les associations seront de moins en moins financées par l'argent public et se doivent de développer une vision différente, plus entrepreneuriale. Notre rôle est de les accompagner dans ces mutations". Le soutien de la CRESS passe notamment par la constitution, ce mois de septembre, d'un fonds de 5 M€. La chambre en instruira les dossiers...

"Nous devons nous organiser par nous-mêmes et nous assumer. Grâce à la loi ESS 2014, nous avons souscrit à l'émission de 500 000 euros de titres associatifs. Ce qui nous a permis de régler une situation fragile pour la chambre, elle-même tenue de changer de modèle économique".


Pour trouver une nouvelle respiration financière, la Chambre régionale a également lancé une campagne, avec l'objectif de faire adhérer 250 entreprises fin 2016, et 1000 entreprises en 3 ans. "Jusqu'ici, nous étions dans une mauvaise approche : nous traitions en direct avec les fédérations, les têtes de réseaux. Et comptions donc très peu d'entreprises dans nos adhérents. A présent, il faut fédérer ces dernières, prendre leur pouls, créer des outils qui leur soient dédiés". Ainsi, les revenus de la Chambre seraient constitués d'1/3 de cotisations, 1/3 de produits payants et 1/3 de missions menées pour le compte de l'Etat.

"Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une économie de marché. Nous devons donc accompagner les associations pour qu'elles fassent ce que l'on a fait nous-mêmes : multiplier les adhérents, mieux vendre ce qu'elles sont en capacité de fournir, regarder les demandes des politiques locaux et construire des projets en adéquation avec ces dernières".

La réponse d'Esia

Soutenir les entreprises de l'ESS (et plus largement, celles de l'économie traditionnelle portées vers la RSE), c'est aussi le rôle du financeur solidaire Esia, explique son directeur, Christian Caraballo. "Nous exerçons un métier d'expertise et de financement pour plusieurs cibles...". Ce notamment par le biais d'une large palette d'outils financiers. Ainsi, en 2015, près de 10,2 M€ ont été mobilisés en concours financiers. De quoi soutenir 520 projets. Par ailleurs, 6 435 emplois ont été créés ou consolidés.

Si Esia propose des dispositifs d'accompagnement adaptés selon le profil de la structure (il intervient notamment sur les Scop et aide les salariés à reprendre leur propre entreprise), le financeur solidaire a forcément conçu des réponses appropriées au monde associatif. Parmi ces dernières, "un dispositif local d'accompagnement à la transformation économique. Nous travaillons sur des sujets tels que le socle RH, le projet de l'association...". Outre ces dispositifs axés sur la formation, Esia leur confère aussi du soutien financier. "Les associations ont les mêmes besoins qu'une entreprise, un besoin de trésorerie. Pour financer leurs investissements, nous leur proposons notamment un contrat d'apport associatif pouvant aller de 5 000 à 30 000 euros, avec droit de reprise, à taux zéro". En phase de création, Esia propose également le contrat d'amorçage associatif, avec droit de reprise, compris entre 5 et 10 000 euros. Ainsi, en termes de financement sur le secteur associatif, Esia figure comme "le seul acteur disposant d'un ensemble conséquent de moyens d'actions". De quoi œuvrer, tout comme la CRESS auprès des associations dans le sens imposé aujourd'hui par la conjoncture : "habituer ces structures à ne plus seulement fonctionner avec une approche budgétaire". Il en va de l'avenir de celles qui figurent comme les plus nombreuses parmi les structures relevant de l'ESS... même si toutefois, elles ne représentent pas le poids économique le plus conséquent.

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