AniMate, l'avatar intelligent mais pas numérique

C’est un parti pris, le petit avatar 3D a les deux pieds dans le réel. Cet outil d’aide à la communication et à la rééducation, conçu par la startup marseillaise éponyme, se pose en rupture avec le numérique. Et s’adresse en premier lieu au secteur du soin… même s’il n’en a pas toujours été ainsi.
AniMate, l'avatar qui veut créer l'interaction simplement.

La simplicité a parfois du bon. C'est bien la leçon que l'on peut tirer de l'histoire de la startup ayant donné vie à l'outil d'aide à la communication et de rééducation éponyme. Voulu en rupture totale avec le tout numérique, AniMate "est un bonhomme ludique, intuitif. Il repose sur le concept d'un petit avatar 3D aimanté sur lequel on peut dessiner à l'aide d'un marqueur et appliquer des pictogrammes magnétiques et variés. Il permet de focaliser l'attention de ceux qui ont des troubles du développement et de travailler par exemple sur le schéma corporel, la compréhension, la mise en place du langage verbal, la gestion des émotions ou les habiletés sociales", explique Eric Henryon cofondateur de l'entreprise avec Yunshan Xia.

Créer l'interaction

Un avatar tout ce qu'il y a de plus palpable, pour une solution bien ancrée dans le réel. Tout simplement parce que "certaines choses ne s'apprennent pas avec le numérique. Notamment pour l'enfant, du stade de nourrisson jusqu'à ses trois ans, il est difficile d'être en interaction avec un objet numérique. Or, c'est ce que nous voulions : créer de l'interaction. L'objet réel, on l'attrape, on le manipule"... et il fait mouche. Preuve en est le regain d'intérêt des directeurs d'IME (Institut médico-éducatif), CMPP (Centre médico psycho-pédagogique ) et autres centres, réalisant lors des échanges avec les fondateurs qu'il ne s'agit pas d'une énième solution digitale. Car la cible, c'est bien le monde de l'éducation spécialisée et de la rééducation. "Nous démarchons également les libéraux, orthophonistes, psychologues, psychomotriciens, ergothérapeutes... Mais il est plus payant de prospecter les centres eux-mêmes, dans la mesure où il y a plus de potentiel d'achat. Nous cherchons également à convaincre les Ehpad (Etablissements d'hébergement pour les personnes âgées dépendantes) l'avatar ayant également une utilité pour les malades d'Alzheimer, il peut être un outil de communication non verbale". Pour l'heure, AniMate a déjà conquis 70 clients, vendu 430 kits et prévoit 40 000 € de chiffre d'affaires sur l'exercice en cours, d'avril 2016 à avril 2017. En sachant que la commercialisation a débuté en février 2016 dans le monde du soin, représentant 9 5% de ses acheteurs. Les 5 % restant provenant d'un autre univers, celui de l'entrepreneuriat...

3 leviers de croissance pour 2017

Initialement pourtant, la stratégie d'AniMate était orientée bien autrement. "A l'origine, notre avatar était destiné à la communication d'entreprise, notamment lors de séminaires. L'idée étant de confier à ce bonhomme ce que l'on n'osait pas forcément dire à l'oral". Toutefois, le monde de l'entreprise n'a pas adopté le principe... "Parallèlement, il nous a été conseillé de proposer AniMate aux professionnels prenant en charge les personnes atteintes d'autisme. Nous avons rencontré ce public-là en curieux... Un public qui s'est montré réactif. En quatre mois, nous avons changé d'orientation". C'est ainsi qu'Eric Henryon a réadapté sa stratégie en priorisant ses cibles, et en démarchant de prime abord le secteur de la santé.

"Il y avait une vraie cohérence liée à l'industrialisation de notre avatar 3D : l'injection plastique a lieu en France, l'assemblage est réalisé quant à lui en Esat (Etablissement et service d'aide par le travail), tout comme la sérigraphie. Nous travaillons avec deux établissements basés à Marseille. Une proximité qui offre de surcroît une réelle flexibilité".

Ce changement de braquet a convaincu le Réseau Entreprendre Provence de soutenir Eric Henryon et Yunshan Xia. "Nous avions déjà frappé à leur porte en 2015 avec notre stratégie initiale mais n'avions pas été sélectionnés..." En 2016 en revanche, la remise en question s'est révélée payante. Et le soutien du Réseau leur a permis d'être considérés par les investisseurs. "Le prêt d'honneur accordé a eu un effet levier, Bpifrance ayant décidé de nous soutenir. Être lauréat du réseau Entreprendre Provence a débloqué la prise de décision". Un appui qui ne sera pas de trop au vu des leviers de croissance que la startup souhaite actionner en 2017. Elle entend déjà s'appuyer sur le numérique pour la distribution d'AniMate, disponible sur le site internet de la startup. Elle envisage également l'internationalisation et prévoit de dupliquer le modèle au Maroc, où le contact est déjà pris avec une association. Dans le viseur également, le Québec et le Canada, très à la pointe dans la prise en charge de l'autisme. Elle a enfin pour objectif de toucher directement les familles. Et ambitionne de fait d'atteindre 200 000 € de chiffre d'affaires pour l'exercice à venir.

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