L'électrique, solution fantastique ?

Souvent présenté comme synonyme de mobilité douce, le véhicule électrique (VE) entre dans les mœurs mais pas encore dans les habitudes. La faute au principal frein - la recharge - qu'il faut lever. En PACA, on s'y met.
Cinq départements de la région vont bénéficier de l'installation de 1.240 points de recharge électrique.

Se déplacer en douceur et proprement, c'est bien ce vers quoi tendent les incitations gouvernementales, le discours ambiant et celui des adeptes de la première heure, rejoints désormais par de nombreux convaincus. Et le chantre de la mobilité douce, c'est l'électrique. Le sujet n'est pas nouveau mais il est de plus en plus d'actualité, plus technique aussi. Pendant longtemps, c'était le véhicule électrique lui-même qui bridait... le développement du véhicule électrique. Désormais, la problématique s'est déplacée vers le sujet de la recharge et des points à déployer. Comme on n'imagine pas rouler en voiture thermique sans être certain de pouvoir faire le plein à n'importe quel moment du trajet, on ne prend pas le volant de son véhicule électrique sans craindre la panne sèche. Le sujet des bornes est donc le nouveau dada qu'enfourchent ses promoteurs.

Mailler intelligemment

Arrivé à un certain point de maturité, le véhicule électrique est confronté à un manque : celui de stations de recharge. Difficile en effet de promouvoir un moyen de se déplacer proprement si une partie de la solution n'est pas raccord avec les besoins. En 2015, l'Agence de l'environnement  et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), opérateur du Programme d'Investissements d'Avenir, lance un appel à projets, initiative qui vise les collectivités et les syndicats d'électrification. Deux ans après, huit conventions ont été signées et ce sont 1 240 points de recharge qui vont être déployés pour 1,30 M€ d'aides accolées. « Cinq départements sur six sont couverts, seul le Vaucluse manque à l'appel », analyse Gaëlle Rebec, directrice régionale adjointe de l'Ademe PACA. « La mobilisation a été forte dans le département du Var, notamment le Haut-Var où existe un réel enjeu de déplacement. Le constat est d'ailleurs le même pour les départements des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence. En revanche, cela a été plus compliqué dans les Alpes-Maritimes, notamment à l'est. » Apparemment enthousiasmées par cet appel, les collectivités et les syndicats d'électrification ont voulu jouer aux bons élèves : « les premières propositions comprenaient des points de recharge trop importants », note Gaëlle Rebec. Et si l'appel n'a parfois pas été entendu dans l'immédiat, c'est aussi parce que l'opérateur Bolloré avait approché les communes, proposant une offre de déploiement qui ne s'est pas réalisée. « Il existe une vraie demande de la population d'avoir des points de recharge » constate la directrice adjointe de l'Ademe PACA. Cependant, des problématiques sont à prendre en compte, une rareté de foncier - à régler pour le déploiement en bande littorale - et d'implantation stratégique pour le milieu rural.

Des carburants alternatifs prometteurs

L'électrique est certes une solution qui a de l'avenir, cependant elle ne répond pas forcément à tous les usages. D'abord, pour des notions de longue distance et donc de longue autonomie, puis parce que la région étant déjà une péninsule énergétique, exiger davantage du réseau électrique peut se révéler problématique. D'où l'émergence d'autres carburants alternatifs comme le Gaz naturel pour véhicules (GNV) ou l'hydrogène. Certes, tous ne sont pas au même stade de maturité, mais ils doivent cependant être encouragés. Le sujet de l'alternatif, cela fait maintenant cinq ans que Proviridis en a fait sa spécialité.

Cette startup, créée par quatre ingénieurs venus du domaine des transports et de l'énergie, s'est intéressée au GNV. C'est elle qui a installé la première station à Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, pour un investissement de 1,5 M€. « Tous les carburants ne répondent pas au même besoin », dit cependant Éric Ronco, le fondateur et directeur de l'entreprise basée à Rousset. « Ce qui justifie le multi-énergie, c'est notamment le foncier ». Si Proviridis commence, à sa création, par s'intéresser à l'hydrogène, c'est vers le GNV, ce gaz naturel qui coûte 30 centimes de moins par litre que le diesel, qu'elle se tourne. « Nous investissons dans les stations et nos clients sont les transporteurs », explique celui qui croit beaucoup au carburant issu du recyclage et qui acquiesce aussi sur le fait que l'électrique convient à la ville, mais que le GNV est l'idéal pour les poids lourds. « Il ne peut pas y avoir du tout électrique ou du tout GNV. Ce qu'il faut regarder, c'est le coût pour le client ». Et le potentiel de développement des carburants alternatifs est prometteur en Provence-Alpes-Côte D'Azur. « Marseille et Nice ont un vrai potentiel. Nous voulons véritablement développer un projet sur ce territoire. Alerter et discuter avec la Région et les métropoles. Les Bouches-du-Rhône est le département le plus pollué de France. Cela peut à terme impacter le tourisme ». Et Éric Ronco d'exhorter à la mise au point d'un plan de déploiement : « Ce sont des emplois et de la compétitivité. » Deux éléments qui ne peuvent laisser les décideurs indifférents. Autant dire que le futur SRADDET, le schéma régional d'aménagement et de développement durable du territoire élaboré par la Région est très attendu. Et il a tout intérêt à être... dans les rails.

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