Comment les entreprises d'insertion restaurent leur image

Parce que les entreprises d’insertion et établissement de travail temporaire d’insertion ont pleinement leur rôle à jouer dans le tissu économique local, la Fédération PACA, basée à Marseille met en place une vraie stratégie.

Restaurer leur image, c'est un peu l'un des chevaux de bataille de la Fédération des Entreprises d'Insertion, forte de 40 adhérents en Provence Alpes Côte d'Azur qui réalisent un chiffre d'affaires consolidé de 43M€. "Nous-mêmes avons du évoluer pour sortir du seul prisme de l'insertion. Car nos entreprises ont un vrai modèle économique. Elles sont performantes, efficaces et innovantes", clame Nordine El Miri président régional, réélu pour un nouveau mandat. La preuve par l'exemple... Cela va aussi bien de la PME Quartier Maro, atelier de maroquinerie de la marque Nehari Créations, dont certains modèles ont fait l'objet de dépôts de brevets, à des groupes tels que La Varappe. Via son activité d'installation de systèmes d'énergies renouvelables pour les particuliers et les entreprises, LVD Energie, ce dernier s'est positionné sur un segment novateur : la construction modulaire à partir de containers recyclés, sous la marque Homeblok... "Et tout cela, avec cette capacité d'embauche des publics éloignés de l'emploi", appuie Nordine El Miri.

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Innovation certes... Mais le regard que l'on porte sur les EI et les ETTI ne les entrave-t-elles pas lorsqu'il est question de lever des fonds ? Pas forcément pour le président régional. "Nous faisons partie du champ de l'économie sociale et solidaire, et à ce titre, nous bénéficions des mêmes guichets". Ainsi en est-il du groupe La Varappe, qui a bénéficié de fonds sociaux de la Caisse d'Epargne et de BNP Paribas, et compte quelques partenaires financiers au capital... "Par ailleurs, des entrepreneurs en quête de sens investissent aujourd'hui dans des entreprises d'insertion. C'est le cas de Territoire, spécialisée dans le travail des métaux, qui a été reprise en 2013 par Guy et Paul Magranville. Ils ont professionnalisé l'entreprise, qui est passé de 5M€ de chiffre d'affaires à plus de 9M€ à présent..."

Le niveau de financement de l'Etat : un frein ?

Mais pour que ce type de transaction se réalise, il faut bien évidemment que les EI et ETTI œuvrent à se décloisonner et à établir le lien avec les décideurs de l'économie traditionnelle, notamment ceux des instances patronales et professionnelles. Un travail de maillage plus qu'amorcé, aux dires de Nordine El Miri. Pour des bénéfices multiples.

"Nous avons vocation à placer nos salariés à la fin de leur contrat d'insertion. Or, on ne peut pas le faire de façon systématique au sein de nos entreprises. Créer du réseau avec les syndicats professionnels et les organes patronaux nous aide en ce sens. Par ailleurs, dans le cadre des marchés publics, de plus en plus d'appels d'offre contiennent des clauses d'insertion. Or, en nous sollicitant, les entreprises classiques qui y répondent la respectent de fait... Certaines, telles Veolia, Vinci, Pizzorno le font déjà. Engager le business entre EI ou ETTI et entreprises d'économie traditionnelle fait donc partie de nos objectifs. D'autant que lorsque ces dernières viennent dans nos locaux observer la façon dont on travaille, elles perdent leurs préjugés à notre égard".

Autre volonté de la FEI : sensibiliser ces dernières à l'éventualité d'accueillir elles aussi des salariés en contrats d'insertion. C'est ainsi que la Fédération a accompagné l'an dernier 10 nouveaux porteurs de projet... "Mais le niveau de dotations de l'Etat pour les entreprises d'insertion n'a pas évolué... Nous n'avons donc pas une immense marge de manœuvre et sommes limités dans le nombre de projets à accompagner". Un effet de seuil qui constitue un frein au développement des EI et des ETTI. Alors même qu'elles apportent une réponse concrète en termes de résorption du chômage. Pour preuve, la FEI PACA se réjouissait d'un taux de sortie réussie de 74 % de ses salariés en insertion... "Nous espérons ainsi qu'avec la nouvelle majorité, le positionnement soit plus conséquent sur cette question, d'autant que l'équipe d'Emmanuel Macron comprend des personnalités telles que Jean-Marc Borello, entrepreneur social du groupe SOS. Nous allons nous-mêmes engager des actions de lobbying en ce sens".

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