Côte d’Azur : l’immobilier de luxe dopé par Macron et le Brexit ?

Déjà très cher, l'immobilier d'exception sur la Côte d'Azur profite des achats des Britanniques et de l'image améliorée de la France depuis l'élection présidentielle.
La certitude de voir le Royaume-Uni sortir de l'Union européenne a semble-t-il réveillé la volonté des citoyens de Sa Gracieuse Majesté de posséder un pied-à-terre au bord de la Méditerranée.

La Côte d'Azur n'a rien perdu de sa superbe. Tout du moins en ce qui concerne l'immobilier de luxe. Certes, on sait que ce secteur particulier ne subit pas ou très peu les aléas de l'économie, être propriétaire sous les palmiers et le soleil continue d'avoir du charme... et de la valeur. Et quand deux effets s'y ajoutent, c'est pour le plus grand bonheur du secteur.

Le premier, c'est l'effet Brexit. La certitude de voir le Royaume-Uni sortir de l'Union européenne a semble-t-il réveillé la volonté des citoyens de Sa Gracieuse Majesté de posséder un pied-à-terre au bord de la Méditerranée. Une conséquence dont témoigne Benjamin Mondou, le patron de Lafage Transactions, basé à Nice :

« Malgré un taux de change défavorable, les Anglais préfèrent investir en France, certains que la situation [au Royaume-Uni, Ndlr] ira en se dégradant dans le futur. »

Chez John Taylor, on a vécu le phénomène « Exit » un peu différemment.

« Nous avons assisté à un vrai mouvement de blocage au moment du vote pour ou contre le Brexit. Les dossiers en cours ont été suspendus. Parallèlement, il y a eu dévaluation de la livre par rapport à l'euro. Mais les Anglais continuent d'acheter en France. Cependant, ce phénomène est plus visible à Paris que sur la Côte d'Azur. D'autres pays comme l'Allemagne, l'Irlande ou l'Italie font également les yeux doux aux Britanniques souhaitant investir en dehors de leur pays. »

Appétence pour les résidences secondaires de la French Riviera

Effet en deux temps aussi, selon Coldwell Banker Mondatta Real Estate, qui couvre le périmètre incluant Cannes, Antibes et sa technopole dynamique, Sophia-Antipolis.

« Valbonne [ville qui constitue une partie de Sophia-Antipolis, Ndlr] est quasiment devenue, au fil des ans, une ville anglaise et suédoise. L'effet Brexit a créé une incertitude flottante et certains Britanniques installés ici vendent leurs biens. »

Mais selon son directeur, Christophe Grenes, tout dépend du niveau de revenus dudit citoyen britannique. « Ceux qui peuvent investir entre 20 et 30 millions d'euros ont une vue plutôt macro-économique de leur placement en Europe. Leur questionnement n'est pas "Dans quelle ville de la Côte d'Azur vais-je vivre ?" mais "Dans quelle ville européenne ?". En revanche, pour ceux dont la capacité d'investissement est plus faible, l'interrogation portera sur quelle ville de la Côte d'Azur habiter. »

Imaginée par la Caisse d'Épargne il y a un an, Luxury Properties, l'offre consacrée à l'immobilier d'exception, est pilotée depuis Nice, où un centre d'affaires spécifique a été créé. L'installation prochaine d'un bureau à Londres n'a pourtant rien à voir avec le Brexit, précise Jacques-Olivier Hurbal, membre du directoire chargé de la Banque des Décideurs en région. « Nous visons uniquement une clientèle "B to C", notre volonté étant de capter les Anglais qui viennent s'installer en France et sur la Côte d'Azur », dit-il, ajoutant que l'appétence des Anglais pour les résidences secondaires sur la French Riviera ne se dément pas.

Conjoncture très positive : un effet Macron ?

L'engouement déclenché lors du vote sur la sortie de l'UE en juin 2016 a fini par se tasser et les affaires ont repris leur cours habituel. Pourtant, la conjoncture est toujours très positive, souligne, presque surpris, Frédéric Pelou : « En volume d'activité, nous enregistrons depuis les six derniers mois une hausse de 5% sur la clientèle étrangère. » Une excellente nouvelle que le président de la Fnaim Côte-d'Azur met sur le compte de la « bonne image de la France à l'international ». Merci Emmanuel Macron, disent en choeur plusieurs professionnels.

« Son élection a joué un effet de réassurance, elle a levé les inquiétudes », explique Christophe Grenes. « Notre clientèle a diminué en pourcentage d'étrangers mais ceux qui demeurent actifs sont les Américains et les Nordiques, de vrais aficionados de la French Riviera. » Sylvain Boichut, qui représente John Taylor, développe la même analyse.

« Le fait d'avoir élu un président considéré comme n'étant ni de droite ni de gauche, capable de rendre à la France la place qu'elle mérite sur la scène internationale avec la volonté de taxer ce qui doit l'être de manière plus équitable, a produit un effet Macron. »

Nouvel impôt sur la fortune immobilière (IFI) : même pas peur

Mais quid alors de l'Impôt sur la fortune immobilière ? Cet IFI, nouveau venu dans le vocabulaire de la fiscalité, risque-t-il de faire retomber le soufflé ? Certainement pas, estiment les professionnels de l'immobilier. « Cet impôt, nous le connaissons déjà », souligne Christophe Grenes. « Les propriétaires vont faire de la dette afin d'échapper à l'IFI », indique Hélène Da Costa, la directrice du centre d'affaires Luxury Properties à Nice. « Emmanuel Macron renvoie l'image d'un président jeune et dynamique. La suppression de l'ISF est un acte positif », rajoute Benjamin Mondou. Seul bémol, « nous risquons d'avoir un peu plus de stocks », craint Hélène Da Costa, ajoutant que les « Français qui investissent, eux, vont réfléchir » avant de renforcer leur exposition sur l'immobilier. Un éventuel autre effet à craindre ?

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