LpDCLICK crée un kit de détection de la légionellose

La start-up installée à Marseille déclare la guerre à Legionella pneumophila, la bactérie causant la légionellose, grâce à un kit de détection et de dénombrement. Une levée de fonds imminente devrait permettre de passer du prototype à une première phase de production.

Elle se crée prochainement et recherche des fonds. 1,1 M€, pour être exact. La start-up marseillaise LpDCLICK, va voir le jour sous la houlette de Sam Dukan, directeur de recherche au CNRS à l'Institut de microbiologie de la Méditerranée. La particularité de cette entreprise à naître ? Développer des kits de détection d'une bactérie nommée Legionella pneumophila.

"L'inhaler lorsqu'elle est fortement concentrée dans les systèmes d'eau chaude à même de générer des aérosols peut causer la légionellose, mortelle dans 15% des cas", explique le chercheur.

Le kit de détection développé par LpDCLICK, considéré comme une rupture technologique, détecte et dénombre ainsi les bactéries incriminées, ce dans un laps de temps bien plus court que ne le permettent les méthodes traditionnelles : 2 jours seulement, au lieu de 10. Le kit est par ailleurs portatif et s'utilise sur le terrain. Nul besoin donc de faire appel à un laboratoire.

"Toutefois, cette analyse est non réglementaire et ne dispense pas de passer par les procédures en vigueur.  Nous nous situons dans l'autocontrôle", précise Sam Dukan.

Autocontrôle qui permet de mieux gérer le risque en amont, et de réduire de ce fait les pertes d'exploitation.

Une "légion" de cas

Mais quels sont concrètement les fondamentaux de cette technologie, protégée par plusieurs brevets ? Elle a pour principe l'assimilation naturelle, par les microorganismes cultivables, de molécules munies d'un "hameçon". Points d'ancrage permettant d'y "accrocher" une autre molécule, dont on détermine la propriété. Ce peut être des marqueurs fluorescents, détectant et dénombrant les bactéries, ou encore des billes magnétiques permettant de concentrer et d'isoler ces dernières...

"Nous avons fait l'objet d'une publication dans une revue scientifique prestigieuse en 2014, et depuis, il y a une certaine effervescence autour de ce projet. Nombreux sont les décideurs venus vers nous pour nous demander quand seront commercialisés nos kits de détection. Ce fort retour du marché nous a confortés dans l'idée de créer LpDCLICK".

Une effervescence compréhensible. Il faut savoir que Legionella pneumophila cristallise autour de ses méfaits de multiples enjeux. De santé publique tout d'abord, puisque l'on compte plus de 5 600 cas de légionellose par an en Europe. Un des exemples les plus marquants étant celui de l'entreprise Noroxo, condamnée en 2014 pour ne pas avoir respecté la réglementation en vigueur. Une position qui avait coûté la vie à 14 salariés. C'est loin d'être un cas à part : les épidémies sont légion, dans les entreprises et les ERP (établissements recevant du public), comme l'on peut le constater à l'issue d'une simple recherche sur internet à partir du mot clé "légionellose".

"Paradoxalement, le nombre de cas de salmonelloses est bien moins élevé, alors que l'on en entend beaucoup plus parler". Mais dans l'inconscient collectif, la sécurité alimentaire reste un sujet sensible...

Commercialisation en 2018

La contamination à cette bactérie représente aussi un enjeu d'ordre économique. Les entreprises contraintes de fermer 10 à 15 jours pour contrôler et désinfecter leurs locaux en savent quelque chose. Outre les ERP, les bâtiments industriels peuvent également être concernés par la question, dès lors qu'ils utilisent des tours aéroréfrigérantes.

"Selon le Center of Disease Control (USA), un cas d'épidémie aurait une conséquence chiffrée à 2 millions de dollars au moins, entre la fermeture, le chômage technique, le coût du contrôle et de la désinfection, l'hospitalisation des victimes..."

Par ailleurs, les sous-traitants gérant les systèmes d'eau chaude pour le compte d'entreprises industrielles peuvent être intéressées par cette nouvelle solution, à même d'améliorer leur offre de service et de mieux contrôler le risque. Il y a donc une vraie attente du monde économique. Les perspectives de développement sont fortes, "sur un marché estimé à 500 millions d'euros", précise Sam Dukan, qui projette, d'ici 5 ans, un chiffre d'affaires compris entre 5 et 10 M€.

Du reste, les grands groupes intéressés n'ont pas tardé à se faire connaître auprès de la start-up marseillaise.

"En 2014, nous avons signé, avec une multinationale, un accord de co-développement et de commercialisation de ce kit, que l'on est en train de finaliser. Il s'agit d'un contrat d'exclusivité sur leur segment de marché », explique Sam Dukan.

Il projette de négocier le même type d'accord avec d'autres grands comptes, sur d'autres segments de marché. "Mais pour cela, il faut du cash, afin de développer cette technologie". C'est l'objet de l'actuelle levée de fonds : passer du prototypage à une première phase de production de 500 kits. La commercialisation débutera fin 2018, annonce l'entrepreneur, qui, après avoir consulté une dizaine de fonds d'investissements, a préféré opter pour une plateforme de crowdfunding. Il en a approché trois, et devrait signer très prochainement avec l'heureuse élue. Avant de se consacrer, à l'horizon 2020, à la conception de nouveaux kits d'analyse microbiologique dans le domaine de l'agro-alimentaire et du diagnostic in vitro. Domaines qui verraient la création, pour chacun d'eux, d'une nouvelle start-up.

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