La Tribune - Comment la Seramm contribue à construire la ville de demain ?

Hervé Madiec - L'objet de notre contrat, c'est de juger à partir du littoral de la performance du service d'assainissement. Et au bout de quelques années, nous allons dans le bon sens, avec une vision globale de territoire. On sort des stations d'épurations pour mesurer de façon analytique les avancées qui sont celles de la Seramm. Ainsi, nous remplissons notre contrat, mais au sein d'un grand groupe qui développe un certain nombre d'innovations.

Citons par exemple des actions qui répondent aux enjeux climatiques. Nous sommes en mesure d'extraire de l'énergie, des calories des systèmes d'assainissement et des canalisations afin de la relocaliser en ville. C'est par exemple le cas sur 17 000 m2 de logements pour le compte d'Habitat13. Nous avons également un projet de valorisation du gaz produit en station d'épuration qui serait lui aussi réinjecté dans le réseau de gaz de la ville. On parle ici de milliers de mètres cubes... Cette grande réalisation devrait être opérationnelle fin 2018.

A l'ère de la smart city, on parle beaucoup de solutions connectées. Quelles sont celles de la Seramm et plus largement du groupe Suez ?

Nous avons développé par exemple toute une approche d'interface entre la ville et le littoral. Ce système consiste en modèles de précision définissant ce qui va tomber en termes de précipitations, et l'impact de ces dernières au niveau des rejets en mer. Son nom : Hydromer temps réel. C'est la première fois au monde que nous mettons en place ce logiciel... Cette démarche doit aussi servir des objectifs de qualité sur les rivières urbaines et permettre de déterminer par exemple où et à quel niveau nettoyer sur l'Huveaune et le Jaret pour que les impacts soient maîtrisés. Ce système est couplé avec des bouées intelligentes afin de mesurer la qualité des eaux de baignade. Une organisation qui a permis d'atteindre un taux de 98 % d'accessibilité aux plages en 2015.

Citons également, à destination des utilisateurs finaux, des applications mises en œuvre grâce à la généralisation des smartphones et des réseaux sociaux. Marseille infos plage vise à partager nos données avec les usagers en termes de qualité de l'eau, conditions météo, direction et force du vent, couleur du drapeau... Autre nouveauté, Marseille Infos odeurs est une nouvelle application en train de se rôder dans le quartier de Belsunce. En 2017, chaque utilisateur pourra alerter la Seramm d'une odeur inhabituelle et dérangeante, qui décidera ensuite des actions à entreprendre pour la traiter.

Enfin, quid de la préservation du littoral ?

Là encore, nous développons plusieurs actions pour revaloriser la vie marine. On s'intéresse à la biodiversité, avec la mise en place de tout un arsenal de mesures pour quantifier les effets à long terme de nos actions sur cette dernière. Avec une volonté de compensation écologique, de corriger ailleurs s'il y a impact. C'est dans cette démarche que des dispositifs d'accélération de la population de poissons ont été mis en place, permettant à ceux-ci de se reproduire. 65 mètres de nurseries artificielles ont ainsi été installées sur les quais du port de plaisance de la Pointe Rouge. Nous réintroduisons des espèces végétales enfin, via le projet pilote Re-Cyst, qui vise réimplanter une algue locale, la Cystoseire sur une quarantaine de points dans le Parc National des Calanques. Une action qui fera l'objet d'un suivi scientifique sur trois ans.