Comment BNP Paribas soutient l'innovation

Tournée vers l'innovation et le digital, le groupe bancaire a mis en place une stratégie spécifique d'accompagnement des startups. Elle passe notamment par la création de pôles et de collaborateurs dédiés.
Jean Lemierre

«Nous constatons en ce moment en France un paradoxe : il y a d'un côté un pessimisme macro-économique, en même temps qu'un vrai dynamisme micro-économique. Les diplômés cherchent aujourd'hui davantage à créer leur activité et sont nombreux à le faire. Aussi, je ne partage pas la thèse du déclin prônée parfois aujourd'hui par certains." Tel est le constat de Jean Lemierre, président de BNP Paribas, présent ce 17 octobre à Aix-en-Provence. Et ce vivier de startups émergeantes, le groupe le suit de près. "Nos forces font que nous sommes légitimes dans le soutien à l'innovation », avance de son côté Anne Pointet, directeur régional d'un territoire qui va de Monaco au Languedoc-Roussillon, couvrant ainsi tout l'arc méditerranéen.

Un ADN tourné vers la digitalisation

Un ADN tourné notamment vers la digitalisation, qui se trouve au cœur de la stratégie du groupe. "Le digital concerne toute l'activité de détail, mais aussi les relations avec les entreprises. Et touche de près tous nos produits", énonce Jean Lemierre. Si la digitalisation a imprégné bien sûr le traitement des processus d'information, elle permet aussi de livrer des données en temps réel au client, qu'il soit particulier ou entreprise. BNP Paribas a ainsi comme objectif de déployer ces services numériques sur tout son réseau. Sur l'arc méditerranéen, qui est pilote en la matière, c'est déjà le cas pour 60 % des 240 agences. D'ici fin 2017, toutes seront équipées. Sachant que "l'intégralité des agences fonctionne déjà en visioconférence. Ce qui permet d'envisager un système de banque différent permettant de concilier la technologie et l'humain, en offrant  une vraie proximité relationnelle et une expertise qui peut être à distance. Par ailleurs, l'offre digitale est déjà ouverte à 100%  des clients", précise de son côté Anne Pointet.

3 pôles d'innovation sur l'arc méditerranéen

Mais avancer vers la digitalisation, c'est aussi soutenir le tissu des startups du numérique. Et plus précisément celles que l'on nomme fintechs. « La tentation aurait été grande de les écarter, en nous disant que c'était une concurrence pour nous », avance Jean Lemierre. Prônant plutôt l'interpénétration de ces deux mondes, le groupe a au contraire mis en place une stratégie d'accompagnement de ces dernières. Et pour cause : les startups françaises mariant finances et innovation pourraient tirer profit du Brexit, alors même qu'aujourd'hui, Londres est considérée comme la place forte en la matière. « Nous avons développé un pole, un dispositif d'appui des fintechs, nous sommes d'ailleurs la seule banque à avoir mis en place ce type d'accompagnement. Nous organisons des « hackatons »... On a conscience qu'elles ont besoin de clients, et nous, nous avons besoin d'elles, de leur technologie. Ce qu'il faut, c'est les intégrer intelligemment », poursuit le président.

Plus largement, cette logique de soutien aux startups se met en œuvre sur l'ensemble du territoire national, avec l'implantation de 15 pôles d'innovation à même d'accompagner les jeunes pousses prometteuses. Le territoire méditerranéen en compte trois, à Marseille, Sophia-Antipolis et Montpellier. "Chacun de ces pôles soutient une centaine de start-up. Pour bien les accompagner, il y a besoin de dispositifs qui ne sont pas ceux de l'entreprise classique, car elles ne se heurtent pas aux même problématiques", reprend Anne Pointet. Un soutien prodigué par des collaborateurs dédiés, en lien avec l'écosystème local qui seront à même d'identifier leurs besoins quelle que soit l'étape de leur croissance. Avec succès : "Dans notre pôle innovation de Marseille, 5 à 10 start-up sont passées cette année d'un stade de TPE à celui de PME... Et ce sont peut être les ETI de demain », avance encore la directrice régionale.

Le financement des startups, problématique complexe

Reste qu'il n'est pas toujours simple de financer les startups. "Les points de contacts sont très importants. Si une banque peut beaucoup aider en termes de prêts, son rôle en fonds propres est plus limité. Les startups, par essence, c'est du risque. Il faut donc le capital qui accompagne ce risque. De nombreux mécanismes se sont mis en place, il est vrai : dispositifs fiscaux, initiatives privées... Des entreprises ont créé des fonds, c'est une véritable émulation que l'on constate ». Mais la route reste encore longue pour Jean Lemierre, opérant une comparaison avec le modèle outre-Atlantique. "Une des clés du succès américain, c'est l'abondance de l'equity, via les fonds de pension. Car l'épargne longue américaine peut se diriger là-dessus. En France, nous n'avons pas de fonds de pension mais nous avons de l'assurance vie, qui est elle aussi de l'épargne longue. Il est souhaitable que celle-ci s'investisse davantage dans de l'equity". Mais, pour le président, les freins les plus perceptibles se situent encore ailleurs. "Quand on a une bonne idée aux Etats-Unis, elle s'applique sur la totalité du territoire. L'Europe, est quant à elle, caractérisée par un marché intérieur qui est encore fragmenté. Les bonnes idées doivent donc ici passer davantage d'étapes. Et franchir notamment celle des réglementations de chacun des pays européens".

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