Numérique : que peut apporter l’expérience de Barcelone à Aix-Marseille Provence ?

Elles comptent un certain nombre de points communs et pourtant, l’une des deux a dix ans d’avance en termes de stratégie liée au numérique. Comment Aix-Marseille Provence peut-elle marcher sur les pas de Barcelone ? La question était posée lors des 3èmes Rencontres du Forum Smart City Marseille Méditerranée.
(Crédits : DR)

C'est le nouveau liant au cœur de la cité. Aujourd'hui, définir une stratégie numérique semble indispensable pour les collectivités, en ce qu'elle implémente les projets liés aux défis synonymes de gestion d'un territoire, qu'ils soient sociaux, culturels, économiques, écologiques... Et il semble évident pour Daniel Sperling, adjoint au Maire de Marseille, en charge de l'innovation et du développement par le numérique, que la ville "doit donner à chaque citoyen la possibilité de se connecter où qu'il se trouve". En la matière, s'il y a en bien une qui peut montrer le chemin en la matière, c'est Barcelone. Car la métropole catalane a tôt fait de s'emparer de la question explique  Lluis Sanz Marco, DSI de la Ville de Barcelone. "Le plus important, c'était de mettre en place le réseau. Ce fut le cas dès 1992, à l'occasion des Jeux Olympiques. Une première couronne numérique, de premières connexions basiques... et le réseau se déploie progressivement en cercles concentriques de plus en plus élargis, touchant peu à peu de nouvelles infrastructures". C'est ainsi que le numérique imprègne aujourd'hui tous les aspects de la gestion de la métropole barcelonaise. Il n'a pas été possible sans trois vecteurs essentiels, poursuit Lluis Sanz Marco : "tout d'abord, la transformation digitale doit non seulement toucher la ville, mais aussi tous les acteurs liés à l'organisation de cette ville, comme les urbanistes, les services sociaux, les professionnels de santé, le monde économique..." Par ailleurs, Barcelone a développé une politique d'appui des start-up du numérique établies sur son sol, "car l'innovation digitale doit être le fait d'entreprises locales". Enfin, elle porte toute attention au citoyen, afin de le mener vers une autonomisation en matière de digital. "Et cela commence très tôt, à l'école, car les enfants sont le point d'entrée du numérique dans les familles. Nous avons analysé la question avec la communauté éducative et lui avons donné la possibilité d'utiliser les données ouvertes, l'open data de la ville afin de résoudre des problèmes concrets liés à la vie autour de l'école". Données ouvertes qui sont aussi plus largement exploitées à l'occasion de datathons. "En ligne de mire : comment générer des projets à l'aide de données publiques".

Un atout : l'écosystème numérique local

Bref, une ville qui a "dix ans d'avance", souligne Daniel Sperling, n'hésitant pas à observer qu'entre Barcelone et Marseille, "il y a tout de même une différence d'échelle". Notamment en termes de budget dévolu au numérique : 300 M€ pour la métropole catalane, quand il n'excède pas 300 000 € pour la métropole provençale. Un manque d'argent qui pousse ainsi "à avoir des idées", selon la citation rebattue. Et force est de constater qu'Aix-Marseille Provence a de la ressource... Ainsi les collectivités locales ont-elles bien compris toute l'importance de s'appuyer sur un écosystème tourné largement vers le digital. "Nous sommes l'un des coffres-forts numérique du monde. 13 câbles qui innervent 2 milliards d'individus, Aix-Marseille French Tech, thecamp, des data centers tels ceux d'Interxion et de Jaguar Network... On est dans la microéconomie, mais on a énormément d'atouts", martèle Daniel Sperling. D'autant que la politique d'ouverture des données publiques adoptée à Marseille permet aussi de favoriser l'émergence de jeunes pousses "et la création d'applications, à l'instar de My Galoo", plate-forme qui accompagne les associations dans leurs missions sur le plan de la communication, de la gestion, du financement et de l'animation.

Deux profils communs

Ainsi on avance pas à pas au sein de la métropole provençale. Il n'est toutefois pas incongru qu'elle marche dans les pas de sa voisine ibérique, voire qu'elles initient ensemble des projets de concert. Si parfois, les solutions gagnantes mises en place sur des territoires étrangers peuvent difficilement se copier-coller façon rustine, faute de dénominateurs communs, tel n'est pas le cas entre Aix-Marseille Provence et Barcelone. Car ces deux-là connaissent des configurations similaires : "nous sommes deux ports de Méditerranée, structurés notamment autour du tourisme et des activités de croisière, nous avons réhabilité nos façades maritimes à l'image de ce qu'a fait Marseille nous sommes également deux villes où la mobilité apparaît comme compliquée", analyse Lluis Sanz Marco. Alors... cap sur l'accélération ? Pas forcément pour Gérard Bramoullé, vice-président métropolitain délégué au territoire numérique et à l'innovation technologique. Lui, incite à la prudence et craint "une multiplicité de capteurs qui enserrent de trop la population dans une toile d'araignée. Je suis inquiet sur l'utilisation du big data, et je préfère que l'on adopte une structure de pensée humaine qui permette d'organiser ce même big data". Préserver la liberté individuelle de chacun tout en se saisissant du numérique pour donner vie à la ville durable et améliorer le quotidien de tous, tel sera bien l'enjeu en matière de digital dans les années à venir.

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