A Marseille, la filiale européenne d’Abreos prend ses marques

Installée au sein de l’Institut Paoli Calmette, Abreos France développe un dispositif médical permettant d’optimiser le dosage de biomédicaments contre le cancer. Après une première phase de mise en place, elle prend peu à peu son envol avec en ligne de mire une commercialisation du produit d’ici 2020.
(Crédits : DR)

"Ce n'est pas fréquent qu'une entreprise américaine vienne s'installer à Marseille", souligne Sarah Nocchi, chef de projet international chez Abreos. C'est pourtant le pari qu'a fait cette entreprise californienne. À l'origine : deux pôles de compétitivité : BioCom aux Etats-Unis et Eurobiomed en France qui organisent régulièrement des échanges entre leurs adhérents. Des échanges qui permettent à Bradley Messmer, PDG d'Abreos, de rencontrer les équipes de l'Institut Paoli Calmette (IPC) à Marseille, spécialisé en cancérologie. Ils partagent alors un même constat. Si les biomédicaments ont une efficacité avérée contre des maladies graves telles que le cancer ou la sclérose en plaques, ils ont des effets très variables d'un patient à l'autre, selon la vitesse à laquelle ils se dégradent dans l'organisme. Mieux, les chiffres de l'Institut et ceux de l'entreprise sont proches : environ 30 % des patients recevraient des doses trop importantes, entraînant des effets indésirables lourds tandis que 25 % seraient sous-dosés, auquel cas l'efficacité serait faible voire nulle. Pourtant, la posologie est la même pour tous.

C'est à ce problème que tente de répondre Abreos grâce à sa technologie Veritope. Il s'agit de produire une molécule qui se lie aux anticorps des médicaments, permettant ensuite de mesurer le dosage de ceux-ci dans l'organisme. Une molécule facile à produire et peu coûteuse au regard de ce qui se fait actuellement. Mais l'autre avantage consiste en la manière dont est testé ce dosage. Il s'agirait de produire un dispositif médical semblable aux appareils mesurant la glycémie. Une goutte de sang suffirait, pour un résultat en quinze minutes au chevet du patient, sans passer par le laboratoire. Libre ensuite au médecin d'adapter le dosage ou de changer de traitement. L'innovation intéresse vivement l'Institut Paoli Calmette, si bien que le 3 octobre 2016, un partenariat est annoncé et Abreos crée sa première filiale, Abreos France. L'équipe marseillaise - composée de trois personnes - est spécialisée en oncologie tandis que celle de San Diego se concentre sur la sclérose en plaques et les maladies inflammatoires chroniques.

Un intérêt pour le marché européen

A l'origine, "l'intérêt pour Abreos est d'obtenir de l'IPC des échantillons prélevés sur ses patients, ce qui nous permettait de réaliser nos essais cliniques", explique Sarah Nocchi.

Puis rapidement, l'entreprise se rend compte qu'il existe une opportunité à se développer sur le marché européen, une opportunité liée notamment au système de santé qui y prévaut. "Aux Etats-Unis, il n'y a pas de Sécurité sociale, il y a des centaines d'assurances. Il faudrait discuter avec toutes pour savoir ce qu'il serait possible de rembourser". Ce n'est pas le cas en Europe. Par ailleurs, les biomédicaments sont particulièrement onéreux - entre 500 et 2000 euros la dose. Leur surdosage ou leur inefficacité liée à un sous-dosage constituent donc un coût important que la Sécurité sociale pourrait vouloir réduire. Ce à quoi veut répondre Abreos France en proposant un dosage au plus juste et donc moins coûteux.

Une filiale de plus en plus indépendante

Mais pour s'installer durablement en Europe, il faut encore faire la preuve de l'intérêt du dosage personnalisé des biothérapies contre le cancer. "Il faut valider les tests en interne pour lancer les essais cliniques", souligne Sarah Nocchi, "on les prépare et on espère les commencer fin 2018".

L'année 2018 marque aussi une autre étape dans le développement de la filiale française : la possibilité de produire elle-même des molécules, ce qui, jusqu'alors, n'était fait qu'aux Etats-Unis. D'ailleurs, "nous sommes sur le point d'avoir une partie recherche et développement à Luminy, dans la plateforme du Centre de recherche en cancérologie de Marseille (CRCM)", annonce Sarah Nocchi.

Un pas vers une plus grande indépendance qui passe aussi par de nouveaux partenariats. Ainsi, pour se développer et trouver de nouveaux financements, la filiale travaille avec l'entreprise Ioda consulting qui l'accompagne dans cette tâche. Abreos France essaie également de nouer un partenariat avec une entreprise européenne qui serait chargée de produire le boitier permettant le dosage des biomédicaments au chevet du patient, Abreos restant concentré sur l'aspect biologique de la technologie. "Des discussions sont en cours", assure Sarah Nocchi.

Une fois que le dispositif médical sera mis en place, restera l'étape du marquage CE, un préalable indispensable à sa commercialisation, voulue en 2020.

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