Dans l'analyse des résultats des cantonales, il est difficile de faire original. Dans la région comme ailleurs, le fait le plus déterminant demeure l'abstention (taux de participation régionale de 44,76%). Alors, certes, l'abstention n'a ni voix ni image mais elle n'en demeure pas moins inquiétante. Surtout à la lumière des écarts entre les cantons au sein d'un même département. Ainsi, Aix-en-Provence sud-ouest et Notre Dame du Mont à Marseille affichent un taux d'abstention de près de 65% alors qu'il n'est, à Port-Saint-Louis-du-Rhône, que de 23,53%. Le seul dans le département, détenu en outre par le PCF, qui ait échappé au désintérêt général. Faut-il y lire une singularité ?
À Marseille, la participation a été si faible au premier tour que le candidat arrivé en tête n'a atteint que les 12,5% requis pour se maintenir au second tour que dans 2 des 11 cantons. Dans les autres, le pourcentage de voix recueillis par les candidat(e)s, encore dans la course au second tour, a oscillé entre 7,72% et 11,88% des inscrits. En France, en trois ans, l'abstention a gagné 20 points.
Les chiffres sont ingrats mais têtus. Il n'y aura pas de révolution de palais le 31 mars prochain où l'assemblée nouvelle désignera son président. Il n'y a pas davantage eu le ras-de-marée attendu en faveur du FN et la gauche, en dépit d'un environnement peu favorable à son plébiscite, conserve quasi intactes ses positions (à l'exception de deux cantons, le Camas et Notre-Dame du Mont) et en garde toujours 14 sur les 18 soumis au renouvellement. Pas de bouleversement donc au sein du vaisseau bleu, où la gauche (PS-DVG-PRG) captent 31 sièges. L'UMP se maintient dans les 4 cantons détenus et en capte 2, portant le nombre de sièges de la droite (UMP, DVD, Nouveau centre) à 18 au sein de la future assemblée.
Le Front national, qui avait obtenu plus de 30% des voix à Marseille au premier tour et présent au second tour dans 25 cantons départementaux (7 sur 11 à Marseille), n'a donc rien gagné si ce n'est un poids accru (34,6% des voix pour 30,44% au premier tour). Le parti de Marine Le Pen était principalement attendu à la Capelette et à la Pomme, mais y a été distancé, respectivement de 356 voix et de moins de 600 voix, par des candidats socialistes. La droite, 23,19% des suffrages dans le département, conserve finalement ses positions et d'ailleurs haut la main dans les trois cantons où elle était critique face aux candidats frontistes à Montolivet, Mazargues et Sainte-Marguerite.
Pour résumer : pas de sursaut civique. L'on oserait encore moins évoquer un sursaut républicain au vu du contexte local dans lequel se sont déroulées ces élections. Quant à avancer que "l'abstention est la preuve que les Français veulent un scrutin simplifié", comme le souligne Jean-François Copé, autrement dit qu'ils seraient en faveur de la réforme des collectivités locales, ce serait leur prêter une intention approbative qu'ils n'ont pas ces temps-ci.
A.D
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