Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. L'an dernier, l'aéroport Marseille Provence affichait fièrement un trafic de 8 307 438 passagers, soit 1 million de passagers supplémentaires par rapport à 2011 et surtout la plus forte progression de trafic des grands aéroports régionaux français et l'une des plus importantes parmi les 80 premiers aéroports européens. Cette année, Montpellier, Nice, Lyon et Toulouse exhibent des croissances, respectivement, de 10,5 %, 3,3 %, 1,3 % et 0,1 % tandis que Marseille Provence termine avec un trafic stable de 8 260 619, soit un retrait de 0,4 %. Ceci dit, la plate-forme provençale reste "dangereusement" proche de son homologue lyonnaise (8,562 millions de passagers) mais encore loin de Nice, premier aéroport de Province avec 11 millions et plus de 500 000 passagers. Tous les abonnés à la croissance révèlent néanmoins cette année des progressions de trafic plus modestes.

Un recul attribué à la baisse de l'offre
Julien Boullay, directeur marketing et communication de la première plate-forme de Provence, impute le passage à vide à une baisse de l'offre de Ryanair et d'Air France sur le trafic domestique (l'international est en croissance de 3,8 % avec un gain de plus de 170 000 pax, mais il reste difficile de déterminer l'effet de l'événement culturel de l'année MP 2013). Le terminal low cost poursuit sa croissance (+ 6,4 %) avec près de 2 millions de passagers (1 924 418 pax) dont 1 650 110 enregistrés par Ryanair et 148 345 par easyJet, qui capitalise manifestement sur le développement de la ligne Marseille-Londres Gatwick (+17 %, soit 22 082 voyageurs supplémentaires). En dépit de la baisse de son offre, Ryanair a encore enregistré 91 571 pax de plus a contrario d'Air France qui en perd 113 724. "Le groupe a baissé son offre sièges de l'ordre de 10%, mais en grande partie compensée par une amélioration sensible des coefficients de remplissage", détaille Julien Boullay sans autre précision. La compagnie tricolore perd trois points de trafic mais reste leader avec 3 106 909 personnes transportées.

Effet nouveauté ?
Les compagnies gagnantes sont celles qui ont posé pour la première fois le train d'atterrissage sur le tarmac provençal l'an dernier (c.f Aéroport de Marseille : Première base de province pour XL Airways). À l'instar de XL Airways avec son Marseille-New York (2 vols hebdomadaires du 31 mai au 25 octobre 2013) lancé le 31 mai et le passage en vol régulier de la ligne vers Punta Cana ainsi que l'ouverture d'un Marseille-La Réunion. Avec un flux de trafic Marseille - New York estimé à 74 000 en 2011, le transporteur espérait capter 27 000 passagers pour sa première saison sur 32 000 sièges proposés au total avec un taux de remplissage de 85 % minimum. Il annonce des coefficients de remplissage supérieur à 80% jusqu'à fin août, selon l'aéroport. Toutes lignes confondues, il a enregistré au départ de Marseille 67 140 passagers. Après Nice, Toulouse et Lyon, Marseille Provence réussit aussi à Turkish Airlines, qui est entrée l'an dernier à raison de 4 vols vers Istanbul (cf La concurrence s'exacerbe autour de la Turquie). La compagnie nationale a transporté plus de 30 000 touristes.

Tendances 2014 : Air France baisse son offre de 11 %
La direction de l'aéroport n'anticipe pas de remake à la 2012 mais une consolidation. Parmi les nouvelles lignes régulières : Athènes (Aegean Airlines), Héraklion (Aegean Airlines), Palma (Vueling), Genève (Etihad Regional : ce jeudi James Hogan, le patron de la compagnie des Émirats arabes unis, doit officialiser la création sous cette identité de cette compagnie qui s'appelait jusqu'à présent Darwin Airline avec 21 nouvelles routes), Toronto (Air Transat), Catane (Ryanair) et Bordeaux (Ryanair). En revanche, le Marseille - Paris Orly perd 4 vols / jour et le Marseille - Paris CDG, 1 vol / jour ainsi que le Marseille - Nantes. L'offre du groupe Air France sera encore en baisse de l'ordre de 11 %.
Et en avril, l'aéroport, actuellement relié à 30 pays et une centaine de destinations, accueillera ses premiers vols charter en provenance de Séoul (via le tour opérateur Kaltour du groupe Hanjin Travel, actionnaire de Korean Airlines).

L'aéroport devient société anonyme

Marseille fait partie des 12 aéroports concernés par la loi aéroportuaire de 2005, qui prévoit de modifier le statut des grands aéroports d'intérêt national. Il est envisagé que l'État, propriétaire à 60 % du capital des aéroports régionaux, se désengage. Plusieurs groupes (Vinci, Veolia, Caisse des Dépôts...) sont évidemment intéressés. L'aéroport de Nice Côte d'Azur, est passé en 2007 du statut d'établissement public géré par la CCI Nice Côte d'Azur, à celui de société anonyme. Et Vinci a obtenu la concession de la gestion de Nantes en décembre 2011. À Marseille, la CCI Marseille Provence en a la concession jusqu'en 2017. Elle deviendra le 1er juillet 2014 une SA dont le capital sera réparti entre la CCIMP (25 %), l'État (60 %), et les collectivités territoriales (15 %). Le préfet doit réunir prochainement les parties prenantes afin de déterminer les participations. Reste à savoir ce que fera l'État des siennes. À ce sujet, Jacques Pfister, le président de la CCIMP, ne s'est jamais caché que "détenir le quart du capital n'était pas intéressant et que la CCIMP étudiait deux solutions : confier la gestion au privé ou garder la main mais de façon majoritaire et en assurer la gestion". Dans une perspective métropolitaine sans nul doute.
En 2013, l'aéroport a dégagé un chiffre d'affaires de l'ordre de 130 M€ (dont 50 % tirés des recettes extra aéronautiques, comme la restauration à hauteur de 18 M€ et les parcs autos de 20 M€), en croissance de 4 % H.T par rapport à 2012 et présente une capacité d'autofinancement de près de 35 M€, réinvesti à 90 %. 150 M€ sont inscrits à son plan d'investissement sur la période 2013-2016 dont 30 M€ en 2014, notamment pour l'extension de l'aérogare mp2 (+ 30% de surfaces commerciales de plain pied), qui sera livrée en octobre 2014.

Adeline DESCAMPS

Photo : Le trafic international est en croissance de 3,8 % avec un gain de plus de 170 000 pax. Il reste difficile de déterminer l'effet de Marseille Provence 2013.