Compétitivité : le mot est sur toutes les lèvres, dans toutes les conversations et toutes les sphères patronales. Et les territoires se livrent aujourd'hui bataille pour faire venir sur leur sol les forces productives. Dès lors, comment attirer les cadres et les retenir ? "Les facteurs d'attractivité sont la qualité de vie - notamment le fait de pouvoir se rendre rapidement et en toute sécurité sur son lieu de travail et à son domicile - et le dynamisme économique", décrypte Bruno Jonchier, le responsable des relations entreprises pour la région Sud-Est à l'Apec.

Marseille en dernière place
La région peut se prévaloir d'un cadre de vie préservé, d'un dynamisme démographique fort avec un solde migratoire positif. Pourtant, d'après un sondage BVA pour la presse régionale d'avril 2013, sur un classement des 10 villes préférées des Français, Nice n'occupe que la 8e position, Marseille héritant pour sa part de la dernière place ! Une mauvaise image probablement liée à la succession de faits divers fortement médiatisés de ces derniers mois. "Nous avons constaté une difficulté à recruter des cadres de haut niveau à Marseille depuis le début de l'année", relève Jean-Luc Chauvin, président de l'Upe 13. Pourtant, "une fois qu'ils sont installés ici, ils ne veulent plus repartir", poursuit-il. Et si on interroge les habitants de la région Paca, la tendance s'inverse : Marseille arrive cette fois en 2e position ex aequo avec Paris, derrière Nice, la ville préférée des sondés.

Un taux d'encadrement élevé
En matière de dynamisme économique, "le territoire héberge une vraie densité d'entreprises, on y circule facilement et on y gagne bien sa vie", indique pour sa part Bruno Jonchier. Sur les 3,4 millions de cadres du secteur privé en France, 215 430 vivent en Paca (soit 7,4 %), ce qui la hisse au 3e rang des régions françaises, derrière Île-de-France (qui concentre 35 % des cadres) et Rhône-Alpes.
À elle seule, l'aire urbaine Marseille-Aix-en-Provence regroupe 68 000 cadres des fonctions métropolitaines (cadres et chefs d'entreprise exerçant ou occupant des fonctions à forte valeur ajoutée). Elle se situe à cet égard au 4e rang français par le nombre et au 12e rang pour le poids des mêmes CFM dans l'emploi total derrière Nice, qui se place 10e grâce à l'attractivité de Sophia Antipolis. La région se glisserait donc dans le peloton de tête des économies régionales à fort taux d'encadrement : avec 17 % de cadres dans les effectifs du privé, elle se hisse derrière Ile-de-France (25 %), Midi-Pyrénées (19 %) et Rhône-Alpes (18 %).

L'emploi cadre fortement concentré
Si 62 % des cadres et 38 % des étudiants qui y travaillent viennent d'ailleurs, la région a pourtant encore du chemin à faire pour figurer au rang des régions les plus attractives. Les difficultés de logement et le coût de l'immobilier peuvent expliquer ce retard, ainsi que la question de l'emploi du conjoint. Le taux de chômage y reste plus haut : 7 % pour les cadres (contre 5 % au niveau national). Elément encourageant, l'Apec constate depuis 2003 une progression constante de l'emploi cadre, avec 3 270 créations nettes de postes enregistrées en 20121. Des emplois fortement concentrés dans la zone Marseille-Aubagne (31%). Cette répartition ne devrait pas évoluer. En effet, la moitié des projets de recrutement de cadres de la région Paca sont situés dans les Bouches-du-Rhône. Et plus des 3/4 des embauches d'ingénieurs des méthodes de production et du contrôle qualité.

A.THÉPAUT

Photo : La région peut se prévaloir d'un cadre de vie préservé, d'un dynamisme démographique fort avec un solde migratoire positif.

1 Pour 2013, cette progression devrait se confirmer à un rythme légèrement inférieur.