Centre hospitalier de Hyères : Un plan de redressement qui ne passe pas ...

Le directeur du centre hospitalier de Hyères, Philippe Dugand, a annoncé au personnel le 24 octobre un plan visant 1 million d'euros d'économies avec la fermeture de lits et la suppression d'environ 35 équivalents temps plein. Face à la levée de bouclier des syndicats, le directeur doit rencontrer cette semaine le maire, Jacques Politi, qui est aussi le président du conseil de surveillance du centre hospitalier. Report ou suppression ?

"Le déficit cumulé de l'hôpital s'élève actuellement à 10 M€ (dont 2,2 M€ de pertes en 2012, ndlr). Fin 2013 nous atteindrons vraisemblablement 13,5 M€ alors que l'établissement a reçu 20 M€ d'aides publiques entre 2002 et 2011, explique Philippe Dugand, arrivé à la direction du centre hospitalier en 2009. Ce plan doit permettre de retrouver un équilibre durable et si possible réduire le déficit accumulé." Le centre hospitalier de Hyères (C.A 2012 de 63 M€, 702 équivalents temps plein de personnel non médical et 97 de personnel médical) comprend deux structures, l'hôpital Marie-José Treffot (409 lits) et le centre de gérontologie Riondet (164 lits en Ephad et 24 lits de court séjour).

Augmenter le C.A de 2,5 M€

Après un exercice 2011 qui faisait état d'une rentabilité nette négative de 289 K€ pour un chiffre d'affaires de 62,4 M€, les exercices 2012 et 2013 se sont fortement dégradés du fait essentiellement de la hausse des charges de personnel avec la revalorisation du statut des infirmiers (60 % du déficit) et une baisse des dotations liées à la réforme hospitalière de 2007 instaurant la tarification à l'activité (1). "Le plan prévoit 1 M€ d'économies sur trois ans avec la fermeture des 8 lits de réanimation et la suppression d'environ 35 équivalents temps plein ainsi que la transformation d'une des quatre salles d'opérations en salle d'urgence chirurgicale", explique Philippe Dugand. Quatre lits de réanimation ont déjà été fermés, "en conformité avec l'activité de l'hôpital qui tourne à 3-4 lits", précise le directeur, les quatre restants devant être transformés en lits de surveillance continue. Une baisse d'activité liée au "renforcement de l'offre de soins en réanimation" du centre hospitalier de Toulon-La Seyne, de la polyclinique des Fleurs d'Ollioules et de l'hôpital d'instruction des armées Sainte-Anne à Toulon.

"L'objectif est par ailleurs d'augmenter le CA de 2,5 M€ sur trois ans dont 1,5 M€ en développant le pôle chirurgie pour passer de 3 100 interventions à 3 880, avec plus d'opérations complètes, mieux valorisées, poursuit Philippe Dugand. Nous voulons aussi augmenter de 10 % la part des consultations (1,2 M€ de CA actuellement, ndlr) en élargissant les horaires d'accueil du public et utiliser à 100 % l'IRM actuellement géré en GIE avec le privé, ce qui peut représenter un gain de 300 à 500 K€." L'établissement a également beaucoup à gagner sur la valorisation du coût des interventions aux urgences, largement sous-estimé actuellement. "Nos consultations sont actuellement facturées 40 à 42 € en moyenne quand le coût moyen national est d'environ 70 €", précise-t-il.


Les syndicats mobilisés

"Depuis plusieurs mois, le centre hospitalier de Hyères fait l'objet d'un audit, écrit le syndicat CGT du centre hospitalier sur son blog. Aujourd'hui, il se traduit par la fermeture de la réanimation et d'un service d'hospitalisation et surtout par une baisse des effectifs en personnel soignant. À l'heure où l'accès aux soins est devenu difficile pour le plus grand nombre, il est inadmissible de réduire les capacités d'un hôpital ou de concourir à sa désertification." Les syndicats s'étaient déjà mobilisés en 2009 lors de la mise en place d'un premier plan de redressement (suppressions de postes, de RTT pour certains agents) suite à un rapport de la chambre régionale des comptes fin 2008, alors que l'hôpital terminait l'année avec une perte de 8 M€. "Ce plan s'impose pour s'adapter à l'activité médicale actuelle et ne remet pas en cause l'hôpital, se défend Philippe Dugand. Mais je vois bien que dans le contexte des municipales, il vaut mieux pagayer souple et je suis prêt à reporter les actions de ce plan de quelques mois si cela doit aider." Le directeur doit rencontrer cette semaine le maire, Jacques Politi, pour étudier plus en détail le plan annoncé. "Selon la loi HPST (Hôpital patients santé et territoires de juillet 2009, ndlr), seul le président du directoire, donc le directeur de l'hôpital, a la compétence pour décider la mise en place d'un plan de redressement, précise-t-il. Mais il est évident que je ne vais rien faire sans l'avis du maire (qui est le président du conseil de surveillance, ndlr)."

Une précaution qui peut s'expliquer par le tollé qu'avait provoqué en juin 2012 la signature de la convention portant la création d'une communauté hospitalière de territoire avec le centre hospitalier de Toulon-La Seyne. Le conseil de surveillance, les représentants du personnel et les médecins du centre hospitalier de Hyères, qui avaient formulé un avis négatif sur le projet, n'avaient pas été informés de cette signature. Philippe Dugand avait alors expliqué que les remarques formulées avaient bien été prises en compte dans la convention et avait dû rassurer sur l'avenir du centre hospitalier de Hyères.

C.HENRY


(1) dotations affectées au financement des missions d'intérêt général et d'aide à la contractualisation (MIGAC)

Photo : Le directeur du centre hospitalier de Hyères Philippe Dugand

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