Entretien du lundi - Bernard Bigot : "Nous devons accélérer la construction d ? ITER"

Le premier transformateur électrique d?ITER, fourni par l?agence domestique américaine et fabriqué en Corée par Hyundai Heavy Industry, est arrivé à Cadarache, à Saint-Paul-lez-Durance, dans les Bouches-du-Rhône, le 14 janvier.

Il était 4 heures 30, comme prévu dans le timing initial. Il ouvre la voie aux 220 convois attendus jusqu'en 2022 pour construire la plus grande installation de recherche au monde, qui doit démontrer que la fusion peut devenir une nouvelle source d'énergie. Parmi la cinquantaine de personnes présentes sur place, Bernard Bigot, annoncé comme le successeur du Japonais Osamu Motojima au poste de directeur général d'ITER Organization, insistait sur la symbolique de l'événement. Tout en rappelant la nécessité d'accélérer la construction.

-Cette arrivée du premier transformateur électrique était attendue ?

-C'est effectivement un moment fort, préparé de longue date. Je me souviens être allé il y a quelques années place Beauvau, au ministère de l'Intérieur, pour expliquer qu'on avait besoin de leur soutien pour transporter ces grandes pièces. Aujourd'hui, tout est effectivement en place, avec beaucoup de professionnalisme et de sérieux.

-Quelles sont les prochaines étapes?
-La prochaine grande étape, c'est lorsque nous allons voir le bâtiment s'élever. Rien ne peut être fait si le bâtiment n'est pas construit à temps, afin de pouvoir accueillir tous ces éléments qui sont en train d'arriver. L'enjeu majeur est donc de tout faire pour que nous accélérions la construction du bâtiment. Il y a toute une organisation à mettre en place, avec une forte coordination.

-Où en est-on au niveau du calendrier du projet ?
-Je n'ai pas encore d'idée précise du calendrier. Il y a un énorme travail à accomplir pour le définir en sachant qu'il doit être vu comme un outil de gestion du projet et non comme un objectif en soi. Quand il y a tant de parties différentes qui interviennent, chacun a besoin d'avoir une feuille de route pour savoir ce qu'il a à faire. Et chacun doit pouvoir compter sur les autres, afin que chacun respecte sa propre feuille de route. C'est cet instrument-là qu'il faut construire.

-Ce qui signifie que le premier plasma, d'abord annoncé pour 2019, puis décalé à 2020, est à nouveau retardé ?

-Mon sentiment, c'est que ce n'est pas le premier plasma qui est important ! Celui qui est important, c'est celui de deutérium - tritium*. C'est là où la machine sera en situation de pouvoir fournir les informations scientifiques. Le premier plasma n'est qu'un jalon parmi d'autres. Je le répète : l'enjeu majeur c'est de pouvoir réceptionner l'équipement complet. C'est vraiment cet objectif-là qu'il faut se donner. Je préfère donc avoir une vision globale de cette phase de construction plutôt que de fixer des jalons intermédiaires, trop contraignants et trop symboliques par rapport à l'objectif définitif du plasma deutérium - tritium.

Damien FROSSARD
Crédit photo : DF

*ITER doit permettre de démontrer que la fusion du deutérium et du tritium peut devenir une source d'énergie exploitable et, donc, produire de l'électricité.

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