Esterel Terrassement Environnement : la valorisation les déchets du BTP

La société de fréjus Estérel Terrassement Environnement, spécialisée dans les travaux de démolition et de terrassement, prévoit de tripler sa capacité de traitement d'ici 2017 et se lance dans la fabrication de briques de terre crue à partir de terres de terrassement recyclées.


"Mon pari, c'est d'utiliser les matériaux recyclés pour la construction de bâtiments et pas seulement pour le remblai et les produits routiers comme c'est le cas actuellement, explique Gérard Ferro, gérant de la PME familiale Estérel Terrassement Environnement (5 M€ de C.A en 2012). Les ressources naturelles sont limitées, il est donc indispensable d'aller au-delà des opérations de valorisation classiques de concassage et de criblage, qui ne permettent de recycler que 50 % des matériaux, pour réutiliser au maximum les déchets inertes du BTP." Spécialisée dans les travaux de démolition et de terrassement, la société s'est lancée dès 1990 dans la création d'un centre de recyclage des matériaux inertes issus des déchets du BTP basée au Reyran à Fréjus qui permet aujourd'hui de recycler par concassage, criblage et lavage, 100 000 tonnes de produits par an, en provenance du Var et des Alpes-Maritimes. Le centre affiche depuis 2005 un taux de revalorisation de 98 %, bien au-delà des exigences réglementaires, sachant que la directive européenne du 19 novembre 2008 sur les déchets prévoit que 70 % des déchets du BTP devront être valorisés d'ici 2020.

10 % de son C.A en R&D
Si l'entreprise satisfait d'ores et déjà les réglementations, elle le doit probablement à ses investissements (3,4 M€ d'investissements depuis 2003 dont 400 K€ d'aides de l'ADEME, du FEDER et de la Région) pour améliorer ses process notamment sur la partie lavage avec un système de brassage des matériaux sous haute pression, permettant de séparer les produits par flottation. Ce processus de valorisation nécessite 1700 m3 d'eau, sans cesse recyclée et réinjectée, permettant un appoint d'eau limité à 15 m3 par jour. Avec un nouvel investissement de 750 K€ en 2012 dans un filtre presse de grosse capacité, la PME varoise prévoit d'augmenter sa capacité de traitement à 150 000 tonnes en 2014, puis à 200 000 tonnes en 2015, pour atteindre la capacité maximale de 300 000 tonnes à horizon 2017. Ainsi, le point mort du centre de valorisation passe de 60 000 tonnes de matériaux recyclés par an à 100 / 150 000 tonnes. Les matériaux recyclés par le centre sont commercialisés à un prix inférieur d'environ 30 % à celui du marché des carrières. "C'est normal étant donné que nous facturons les matériaux à l'entrée, à 10 €/tonne en moyenne et à la sortie à 15€ en moyenne", indique Gérard Ferro.

Fabriquer 4 000 briques par jour d'ici fin 2014
Certifiée Iso 14001 depuis 2004, la spécialiste a obtenu la certification européenne de produit de construction CE2+ pour son sable recyclé en 2009 et vise (avec le concours de l'ADEME) de l'obtenir pour les graviers à béton en 2014. Un label normalement attribué aux matériaux de carrière.
Elle planche parallèlement à la valorisation de l'argile issue du retraitement de l'eau utilisée dans le circuit de recyclage, jusqu'alors utilisée en terre végétale sur le site du Reyran. Mélangée à de la terre de terrassement, l'argile peut en effet être utilisée pour la fabrication de briques de terre crue. "Les propriétés thermiques de la terre sont excellentes et avec l'ajout d'un isolant fin, on atteint la norme RT 2012. On remet simplement au goût du jour une technique très vieille utilisée notamment il y a 23 ans pour construire un lotissement de 10 maisons au hameau de la Mueye à Le Val (83), qui n'ont pas bougé depuis", précise le dirigeant, qui travaille sur cette application depuis 2007. La PME est en train de concevoir l'outil de production (200 K€ d'investissement) qui permettra de fabriquer 4 000 briques par jour d'ici fin 2014, sachant qu'il faut environ 8 000 briques pour construire une maison. La commercialisation est prévue courant 2015, dans les dépôts du groupe dans un premier temps puis, à terme, auprès des marchands de matériaux.
L'entreprise, qui estime avoir investi 10 % de son CA en R&D sur les deux dernières années, veut par ailleurs capitaliser son savoir-faire avec le lancement de la franchise Gravi Eco Industrie, pour accompagner les entreprises dans l'installation d'un centre de recyclage complet. Estérel Terrassement Environnement fait partie du groupe Estérel (CA de 9,2 M€ en 2012, 53 salariés).

Charlotte HENRY

Photo : Gérard Ferro, dirigeant de la PME familiale Estérel Terrassement Environnement

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