Guy Teissier : "Nous nous préparons tous à la Métropole"

Ses premiers mois à la tête de la communauté urbaine Marseille-Provence Métropole, sa vision sur le développement économique à l?échelle du territoire, la préparation de son administration à l'enjeu métropolitain... Entretien avec le président de MPM, futur probable candidat à la présidence de la future métropole.

 
Le député UMP que vous êtes a un commentaire à faire sur le remaniement ministériel ?

Ma première réaction serait de dire tout ça pour ça ! Le Premier ministre Manuel Valls fait ce que l'on appelle en termes militaires de la gesticulation : une agitation stérile pour tenter d'asseoir son autorité. Etait-il besoin de dissoudre le gouvernement pour reprendre, à quatre postes près, les mêmes ministres et secrétaires d'État dans leurs délégations respectives d'avant ? Le maintien de Christiane Taubira dans un ministère régalien, au poste de garde des sceaux, me paraît être une erreur, tant la politique qu'elle applique est à contre-courant de la violence quotidienne à laquelle nos compatriotes sont confrontés. Le maintien de Najat Vallaud-Belkacem constitue une véritable provocation, elle qui est une fervente propagatrice de la théorie du genre dans nos écoles. Seule la nomination d'Emmanuel Macron constituait une lueur d'espoir, dans une situation économique en pleine déconfiture... Mais après ses déclarations pertinentes sur la flexibilité des 35 heures, il a été sommé de se reprendre...

Quel bilan faites-vous des premiers mois de votre présidence ?
J'ai été élu président de la Communauté urbaine le 7 avril dernier. J'ai tout de suite mesuré la gravité de cette responsabilité. MPM avait un train de vie largement au-dessus de ses moyens. Et les autorisations de programme décidées sous la mandature précédente étaient inconsidérées au regard de la situation financière : 1,5 milliard d'euros de dette ! J'ai donc immédiatement décidé de réduire les dépenses de fonctionnement mais aussi les investissements. Mais la situation n'est pas pour autant rétablie, d'autres économies devront être réalisées et je serai très vigilant à cet égard durant toute ma mandature. J'ai dû me résoudre à augmenter légèrement les impôts, comme mon prédécesseur l'avait prévu, sans le dire publiquement mais en s'engageant pourtant auprès des agences de notation. Il faut en passer par toutes ces mesures, qui ne sont pas populaires, pour maintenir les investissements et pérenniser le service au public au sein des communes-membres.
Je me suis aussi attaqué à l'un des problèmes majeurs dont souffre Marseille au centre de notre territoire communautaire : la saleté de ses espaces publics. En trois mois, j'ai conduit une réforme avec fermeté et souci de la concertation, et j'ai fait voter un texte pour mettre un terme aux dérives du fini-parti institué par Gaston Defferre au siècle dernier, ce que personne n'avait osé faire avant moi. Quant au budget rectifié et à la réforme du service propreté, que nous avons votés avant les vacances, nous serons très scrupuleux dans leur application.


Quelle est votre vision du développement économique à l'échelle du territoire ?

Avec plus de 800 000 habitants, Marseille est la ville-centre de la Communauté urbaine et le sera également au sein de la future Métropole, qui réunira 93 villes, de Pertuis dans le Vaucluse jusqu'à Saint-Zacharie dans le Var. Bien évidemment, nous devrons coopérer avec les autres EPCI entourant la future Métropole. Mais pour l'heure, notre priorité est de réussir son installation, dans laquelle les interactions entre Aix et Marseille seront des plus importantes. La Communauté du Pays d'Aix s'est dotée d'outils performants pour épauler les créateurs ou repreneurs d'entreprises : elle gère deux pépinières d'entreprises et un hôtel technologique, dispose d'une agence de développement économique, et soutient le technopôle de l'environnement Arbois-Méditerranée. MPM a les mêmes atouts, en termes d'incubateurs, de pépinières et de technopoles alliant recherche, formation et développement industriel. Je ne doute pas que les deux villes sauront s'entendre.


Les zones franches : le débat est clos ?
MPM pilote les deux zones franches marseillaises. Non seulement, il faut les maintenir mais il faut en créer deux de plus : dans le centre de Marseille hors périmètre Euroméditerranée, et dans la vallée de l'Huveaune. C'est la demande formulée conjointement avec le maire de Marseille au gouvernement... Même si les choses semblent mal engagées.


Comment préparez-vous votre administration à l'enjeu métropolitain ? Comment appréhendez-vous la répartition des compétences dans un tandem métropole/région ?

Bien évidemment, nous nous préparons tous à la Métropole. J'ai créé avant l'été un comité de pilotage métropolitain, composé des maires des 18 communes, des parlementaires de la communauté urbaine et des présidents de groupe à MPM. Nous nous sommes déjà réunis deux fois pour échanger et avancer sur l'organisation et le fonctionnement de la Métropole. Cette réflexion est également menée au sein du Conseil paritaire territorial de projet, la mission interministérielle animée par le Préfet délégué Théry. Quant à la répartition des compétences, rien n'est encore définitivement tranché. Nous travaillons déjà en bonne intelligence avec la Région, en matière de développement économique. La Région insuffle une politique de soutien des secteurs clés de l'industrie et de l'économie régionales, nous investissons pour la création d'entreprises et le développement de l'emploi avec un ancrage plus localisé. Ce même complément d'actions doit se retrouver dans la future répartition des compétences. Quoi qu'il en soit, je suis en train de réorganiser l'organigramme de direction de MPM pour mieux coller aux compétences déjà exercées, récemment ou bientôt transférées.

En attendant, il faut gérer les 12 maires sur 18 au sein de la communauté urbaine, hostiles à la Métropole. La première réunion du conseil paritaire territorial de projet s'est réunie en juin*. La ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique a  affirmé que le gouvernement était prêt à des amendements. Ont-ils travaillé cet été ?

J'ai été maire du 5e secteur de Marseille pendant 31 ans. Je connais parfaitement les problématiques d'aménagement d'une ville et comprends les inquiétudes des maires sur la fiscalité et les plans locaux d'urbanisme. Dès le début, je me suis positionné comme leur porte-parole dans toutes les instances de réflexion métropolitaine et auprès du gouvernement insistant sur la nécessité de leur participation. Marylise Lebranchu a accepté le fait que les maires pourraient présenter leur projet de PLU à la Métropole, qui aurait alors la charge de les harmoniser. Quant à la fiscalité, elle avait évoqué une possibilité de convergence des taux sur une période de 12 ans. Nous travaillons à préciser tous ces sujets.

Propos recueillis par Adeline Descamps

- instance de discussion entre élus locaux et représentants de l'État pour définir le fonctionnement de la Métropole.

Retrouvez un entretien plus complet (le positionnement de la métropole à l'international, ses propositions pour le développement des entreprises...) dans le prochain numéro de Méridien Mag, en kiosque le 12 septembre.

Photo : Guy Teissier, président la communauté urbaine Marseille Provence Métropole

©David Girard

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