Jean-Marc Ayrault apporte 30 M ? à la SNCM

L?un des derniers gestes de l?année 2013 du gouvernement Ayrault aura été en direction de la SNCM. Dans un courrier rendu public en fin de journée le 31 décembre par Patrick Mennucci, député PS et candidat socialiste à la mairie de Marseille, le Premier ministre a annoncé qu?il apportait 30 M? à la SNCM.


Pour le Premier ministre, cette enveloppe, qualifiée "d'aide" et "d'apport supplémentaire de l'État" doit permettre "de couvrir les besoins de trésorerie" et "mettre en place les premières mesures de retour à l'équilibre prévues dans le plan d'affaires" de la compagnie.
La SNCM vit en effet depuis quelques semaines des heures particulièrement pénibles pour maintenir à flot l'entreprise sur un plan financier et comptable (en dehors de ses démêlées avec la Commission européenne à propos des aides publiques perçues dans le cadre de l'exercice de la délégation de service public de la desserte maritime de la Corse à partir de Marseille dont elle est titulaire avec la Méridionale). Face à ses pertes d'exploitation et pour faire face à ses besoins de financement court terme (30 M€), la compagnie marseillaise a ouvert en octobre dernier une procédure de conciliation auprès du tribunal de commerce de Marseille en vue de recouvrer rapidement 80 M€ de créances détenues par ses actionnaires et partenaires et ne pas se retrouver en cessation de paiements. Une somme qui doit permettre à l'entreprise de faire le tampon jusqu'à ce que le plan de restructuration*, élaboré par le président du directoire Marc Dufour et qui avait été validé en septembre par le Conseil d'administration, puisse opérer et permettre le retour à l'équilibre d'ici à deux ans. Une nouvelle stratégie à laquelle était aussi subordonnée la signature d'un nouveau pacte social (prévoyant l'amléioration de la productivité) par le personnel navigant d'exécution, lequel a été approuvé le 19 décembre à 59 % (72 % de participation).

Menaces

Pour autant, la direction de la SNCM avait été contrainte de rappeler à ses actionnaires - Transdev, la filiale transports de Veolia, détient 66 % du capital de la compagnie, aux côtés de l'État (25 %) et des salariés (9 %) - leurs engagements à savoir la somme de 30 M€ pour assurer les besoins de trésorerie court terme. Finalement, après plusieurs passe d'armes entre la direction de la SNCM et Veolia, les menaces des syndicats marins convaincus d'une "possible organisation de la mise en défaillance de la SNCM par le groupe Veolia Environnement" et l'État dont les intentions ne sont pas bien affirmées, la compagnie avait obtenu fin octobre de Transdev un apport de trésorerie de 17 M€, puis mi décembre un prêt de 13 M€.

Grève maintenue

Ce nouvel apport arrive alors qu'est prévue le 1er janvier une grève (reconductible) décidée par l'ensemble des organisations, à l'exception du STC (syndicat autonomiste, qui représente environ 10 % des salariés de la compagnie), pour réclamer à la fois l'application du plan de sauvetage mais aussi un nouvel actionnariat "d'intérêt général" pour remplacer Veolia-Transdev.

Pour l'heure, à cet égard, quelques manifestations d'intérêt ont été avancées. Deux holdings d'investissement, Alandia et FinActive, ont indiqué étudier le dossier conditionnant leur intérêt au règlement par l'État français de ses différends avec Bruxelles (qui réclame à la compagnie 440 M€). De leur côté, un armateur français associé à un armement du nord de l'Europe, dont les identités n'ont pas été précisées, analyseraient le plan de redressement validé par le conseil de surveillance. Par ailleurs, il se dit que groupe Stef-TFE, propriétaire de la Méridionale, serait aussi en lice. Tout comme la collectivité territoriale corse qui pourrait créer une compagnie publique en reprenant 4 navires.

Dossier politique hautement stratégique à quelques mois des échéances municipales.

Le président du Conseil général, Jean-Noël Guérini, s'était dit lui aussi "prêt à participer au capital de la SNCM, moteur économique du port de Marseille". Le sénateur-maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin a proposé que la Ville entre au Conseil de surveillance comme administrateur indépendant, comme la loi n°2008-776 du 4 août 2008 de modernisation de l'économie l'y autorise.

Pour sa part, la compagnie, qui est en déficit de 15 M€ par an depuis quelques exercices, doit à la fois gérer ses problèmes judiciaires dans le cadre de la gestion de la DSP, restaurer ses ratios économiques, mettre en œuvre un nouveau schéma d'exploitation tout en gérant les rififis d'un actionnariat problématique entre l'État, la Caisse des dépôts, Veolia et les salariés. Marc Dufour, ces derniers jours, n'avait pas hésité à dénoncer le jeu trouble des uns et des autres.

Adeline Descamps


*Le plan de relance prévoit notamment sur plusieurs années la suppression de 600 postes en équivalent temps plein sur un total de 1 400 ETP ainsi qu'un changement du schéma d'exploitation avec une flotte de 8 navires mixtes (de type RoPax) dont la moitié serait renouvelée avec des navires de nouvelle génération, mais dont la commande est suspendue en raison de l'environnement policito-économique.



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