La fondation de Sophia Antipolis en difficultés financières

En janvier dernier, le fondateur de Sophia Antipolis Pierre Laffitte (88 ans) a cédé la présidence de la fondation Sophia Antipolis à Dominique Fache. Président de la filiale russe du groupe énergétique Enel Russie, le nouveau président vient de présenter aux administrateurs son projet pour la fondation, en proie à des difficultés financières.


Pierre Laffitte, père fondateur de Sophia Antipolis, demeurera dans l'histoire comme celui qui a transformé une pinède de 2 400 hectares, située entre Nice et Cannes, en une terre d'innovation qui impose et en impose aujourd'hui : Sophia Antipolis. C'était en 1968. Personne n'y croyait. Depuis, l'idée de l'ingénieur des Mines s'est propagée et d'autres technopoles ont fleuri à travers le monde, confirmant ses théories sur la "fertilisation croisée", qui fonde aujourd'hui le socle de la politique d'innovation française et qu'incarnent les pôles de compétitivité.
L'idée remonte à 1960. "J'avais, à l'époque, publié un article dans Le Monde en défendant la création d'une "Florence du XXIe siècle", d'un "quartier latin aux champs". Je croyais beaucoup en la naissance d'une ville nouvelle consacrée à l'innovation, à la recherche et au développement. Je voulais réaliser la même chose qu'à Fos-sur-Mer en version non polluante, c'est-à-dire sans l'industrie et la chimie. Dans ma technopole, les matières premières seraient remplacées par la matière grise, moteur de l'économie. Rassembler des gens de disciplines, de cultures et de formations différentes permet une plus grande capacité d'innovation", nous dira Pierre Laffitte dans l'entretien qu'il nous a consacré (numéro 12 de Méridien Mag).

La technopole représente aujourd'hui 1 500 entreprises, pour la plupart des TPE/PME, quelque 30 000 salariés et a réussi à capter quelques fleurons de l'enseignement supérieu, dont l'École des mines, le CNRS, l'Inria, de Skema et le grand campus, SophiaTech, autour de l'université, depuis peu.

Créée en 1984, la fondation, chargée de l'animation scientifique et culturelle, exsangue, vit actuellement des heures difficiles suite à une baisse drastique des subventions des collectivités locales (en 2012, elle a reçu 40 K€ de la région, 150 K€ du CG 06 et autant de la Communauté d'agglomération de Sophia Antipolis). Elle a dû céder son patrimoine foncier et se séparer de la moitié de ses effectifs. Elle table sur un budget prévisionnel de 940 K€ en 2013 grâce à de nouveaux contrats européens. Par ailleurs, sa gouvernance a changé : elle est désormais sous la tutelle de la CASA, la Communauté d'agglomération Sophia Antipolis.

La tâche n'est donc pas évidente pour le nouveau président, qui fut adjoint de Pierre Laffitte dans les premières années de la création du parc technologique mais qui ne faisait plus partie des cénacles des dirigeants locaux.Président de OGK-5, filiale russe du groupe italien énergétique Enel, l'homme d'affaires, qui indique que la plupart des fondations en charge de l'animation et la promotion des parcs technologiques dans le monde disposent d'un budget autour de 4 M€, place la jauge pour Sophia à 2 M€. Ce qui supposera de repenser complètement son mode de financement en faisant appel au privé.


A.D


Photo : Pierre Laffitte et Dominique Fache : le passage de relais à la tête de la fondation a été acté en janvier dernier

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