Pour la quatrième année consécutive, le Forum des réseaux, initiative rassemblant dix associations régionales représentant les fonctions de l'entreprise, associé cette année aux conférences ECODEFI de la Caisse d'Épargne Provence-Alpes-Corse (CEPAC), a organisé ce 14 avril son événement annuel, autour de l'innovation collective.

Philippe Waechter est directeur des études économiques chez Natixis Asset Management. Ses thèmes de prédilection sont l'analyse du cycle économique, le comportement des banques centrales, l'emploi, et le marché des changes et des flux internationaux de capitaux. Il est notamment  l'auteur de "Subprime, la faillite mondiale ? Cette crise financière qui va changer votre vie" (Editions Alphée, 2008).

"Nous sommes en train de vivre des chocs technologiques considérables similaires à l'invention de l'imprimerie Gutenberg (...) L'émergence de la Chine comme l'une des premières puissances économiques mondiales, où d'importants transferts de technologie ont permis d'améliorer la qualité des produits et où des progrès de productivité ont été faits, provoquant une hausse des revenus distribués, a modifié en profondeur les rapports avec le reste du monde. Toute la difficulté est d'appréhender, dans la décennie prochaine, ce pays qui aura la taille des États-Unis et s'imposera comme le leader mondial. À nous, Européens, de nous adapter pour ne pas avoir à subir. Il faudra être très innovant car tout va très vite".

"Le Japon peine à retrouver une dynamique de croissance et à sortir définitivement de la déflation qui caractérise son économie depuis le milieu des années 1990". Mais aussi : "les fragilités financières au sein de l'Europe auxquelles il faudra être très attentifs car elles font courir un gros risque en révélant au passage le manque de coordination de la politique européenne dans le domaine."

"En France les incertitudes et les contraintes relatives à la gestion de l'économie française ont tendance à engendrer de l'attentisme n'incitant pas à saisir la dynamique cyclique globale (...) La fragilité de l'économie française réduit le pouvoir de négociation du gouvernement français et sa capacité à infléchir les discussions européennes. L'économie française doit être "market friendly" c'est-à-dire moins contrainte, moins incertaine pour qu'elle puisse saisir le rebond conjoncturel dont vont bénéficier tous les voisins de la France, c'est-à-dire tous les pays concurrents de la France dans les échanges internationaux et au sein de la zone Euro."

 Arnaud Groff, diplômé de l'École nationale supérieure des arts et métiers, est aujourd'hui le directeur du cabinet Innovatech 3V, spécialisé en innovation et en management stratégique, auteur de nombreux ouvrages dont le dernier chez Dunod s'intitule "La boîte à outils de la créativité".

Pour l'ingénieur, l'innovation semble ne se limite au champ de la technologie. "On a les meilleurs chercheurs au monde mais pas les meilleurs innovateurs. Depuis une dizaine d'années, je me suis aperçu que l'on n'innovait plus parce qu'on focalisait tout sur la technologie. L'innovation nous concerne pourtant tous, dans la vie en général lorsque l'on entreprend, on innove souvent. Parmi vous, certaines personnes innovent sans le savoir, le problème c'est que quand on ne le sait pas, on ne le valorise pas. On a en France l'omniprésence d'une vision technocratique de l'innovation qui vise à faire croire que seuls les grands inventeurs, d'une fusée ou d'une centrale nucléaire, sont aptes à innover."

Il projette une vidéo, dans laquelle au lieu de faire venir les musiciens dans le studio d'enregistrement, on a déplacé le studio d'enregistrement aux musiciens. L'idée est de montrer que l'innovation n'apporte pas forcément quelque chose de fonctionnel, qu'elle peut être organisationnelle et que celle-ci n'est pas réservée à des produits de haute technologie. "C'est ce qui a sauvé Lego, qui il y a 6 ou 7 ans, a créé un site internet où les enfants se connectent et font eux-mêmes leur propre lego, lui donnent un nom. Chez Lego, un automate reçoit et assemble automatiquement la boîte de legos que les enfants ont choisi, impriment le mode d'emploi que l'enfant a dessiné, met le nom et renvoie."

Pour le tonitruant et peu conventionnel consultant, "l'innovation est la capacité de répondre de manière créative à un besoin identifié, en créant de la valeur et en s'assurant de son appropriation par ses destinataires. Pour conclure, une phrase : plus on est contraint, plus on est innovant. Avoir des contraintes, avoir des problèmes, avoir le numérique qui vient, ce ne sont pas des freins au changement, ce sont vos moteurs, c'est comment les appréhender pour construire des projets, des initiatives, qui tomberont à l'eau, d'autres qui perdureront et si on accepte cette agilité, ce côté biologique dans la manière dont on entreprend son enjeu global, cela va beaucoup mieux".

Luc Ferry, ancien ministre de la Jeunesse, de l'Éducation nationale et de la Recherche dans les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin, est essayiste, écrivain et philosophe. Son dernier ouvrage, publié en début d'année, La Plus Belle Histoire de la philosophie, a été coécrit avec Claude Capelier.

L'ex ministre de l'Education, qui après avoir, en bon pédagogue, départagé l'économiste autrichien Schumpeter, connu pour ses théories sur les fluctuations économiques et la destruction créatrice de celles du britannique Keynes, dont les théories sociales-libérales ont actuellement la faveur des hommes de gauche, a dressé un fabuleux plaidoyer en faveur de l'innovation destructrice. "L'innovation est ce qui rend obsolète tout ce qui est ancien". "Dans cet univers de compétition universelle qu'on appelle la mondialisation, les investissements innovants sont devenus vitaux. Une entreprise qui n'innove pas en permanence et dans tous les domaines - les produits, la communication, les relations humaines, la numérisation, la conquête de marchés nouveaux, l'organisation, les transports, etc. - est vouée à la mort. Or la France innove de moins en moins et se désindustrialise de plus en plus, ceci expliquant cela. Question : pourquoi ? D'où viennent les freins à l'innovation qu'une réforme fiscale d'envergure devrait s'efforcer de lever ?".

 Alain Lacroix, président de la CEPAC, Luc Ferry, et Jean-Claude Gallo, directeur de la publication Méridien Mag (partenaire de l'événement) et vice-président de la Tribune. "L'innovation est en phase avec la CEPAC. La banque défend trois principes d'action : l'audace (faire bouger en permanence les lignes avec l'obstination d'être toujours en avance sur le coup d'après), le professionnalisme (premier capital de la banque avec ses hommes et ses femmes engagés dans des formations pour faire évoluer nos organisations) et la responsabilité dans un monde de ruptures."

Photo de groupe sur la scène du Silo à l'issue de la conférence avec les présidents et présidentes du Forum représentant les fonctions support de l'entreprise : ressources humaines, commercial, juridique, informatique, achats ... : AFDCC (crédit managers), AFJE (juristes d'entreprise), AFTE (trésoriers d'entreprise), ANDRH (ressources humaines), CDAF( directeurs d'achats), CIP (directeurs des systèmes d'information), CJD Marseille et Aix (jeunes dirigeants), DCF (dirigeants commerciaux), Garf (responsables formation), JCE Marseille et Aix (jeune chambre économique, dirigeants et professions libérales).