Le tourisme collaboratif dans l ? ? il du cyclone ?

Une augmentation de 5 millions de nuitées : Paca a largement réussi sa saison. Pour autant, à qui profite ce surcroît d?activité ? Les locations vacances s?imposent comme le grand vainqueur, ce qui ne manque pas de préoccuper les professionnels d?un hébergement plus traditionnel.


"Premier de la classe, région leader" : avec 5 millions de nuitées supplémentaires, soit 111 contre 106 en 2014, Paca peut se targuer d'avoir réussi sa saison. "Qui peut se targuer d'afficher une croissance de plus de 4 points ?" lance Bruno James, directeur du CRT. D'autant que ce surcroît d'activité a généré quelque 300 M€ de recettes supplémentaires pour la région. Parmi les professionnels de l'hébergement, les satisfaits se bousculent au portillon : 78%, soit 13 points de plus que l'année dernière... Toutefois concrètement... à qui tout cela profite-t-il ? "L'hôtellerie de plein air a connu une augmentation de 3%, l'hôtellerie traditionnelle de 3,5%, les villages vacances de 6,5%, les locations de meublés de 3%... mais le grand vainqueur, ce sont les locations vacances", énumère Bruno James. Simple signe éphémère de ces temps de crise, ou mutation structurelle ? Toujours est-il qu'à titre d'exemple, le site de consommation collaborative AirBnB a connu entre 25 et 30% d'augmentation de ses réservations cet été.


Locations vacances : un monopole ?

Un constat malgré tout préoccupant pour les professionnels d'un tourisme plus traditionnel et qui constitue l'un des bémols de ce bilan : en PACA, on compte en effet 40 000 offres de location pour 2 000 hôtels (NDLR : soit respectivement 160 000 lits d'un côté pour 130 000 de l'autre, précise ensuite Yannick le Magadure, directeur marketing du CRT). Offre qui, de surcroît, bénéficie d'une image plus que positive dans l'esprit des touristes : "70% des Français la cite comme le mode d'hébergement le plus économique... devant le camping », relève Bruno James. Et ce dernier de tirer la sonnette d'alarme, devant ce qu'il considère, à mots à peine couverts, comme une concurrence déloyale : le mode d'hébergement collaboratif n'est pour l'heure pas soumis, en PACA, à la taxation. "Certaines villes comme Paris, Barcelone, San Francisco, New York et Amsterdam se sont déjà penchées sur la question. Il doit y avoir un meilleur équilibre dans la répartition des charges". On étudie déjà la question, assure de son côté Yannick le Magadure. "Au sein du CRT, siègent aussi des élus de collectivités qui ont largement cette problématique en tête. D'ici un à deux ans, des dispositions en termes de taxation seront effectives".


Un touriste zappeur


Toutefois, précise le directeur marketing, "il ne s'agit en aucun cas de rayer ces nouveaux modes d'hébergement de la carte : il n'est pas rare que des touristes partis une semaine par ce biais-là aient manifesté l'envie de revenir chez nous à l'occasion d'événements dont ils ont eu connaissance, cette fois-là en sollicitant un hébergement plus traditionnel. C'est d'ailleurs ce qu'a démontré une récente étude : les touristes partent moins longtemps, mais plus souvent. Comme dans les autres aspects du quotidien, ils se posent en zappeurs". Une mutation que doit prendre en compte le secteur. "Un touriste parti par AirBnB dépense, lui aussi...  Ainsi, ces nouveaux modes d'hébergement font partie du paysage. Tout ce qu'il faut, c'est mieux encadrer ces nouvelles pratiques", conclut Yannick le Magadure. Mais certains ont déjà su tirer leur épingle du jeu : dans les Hautes-Alpes, Roland Roussel, directeur de l'Addet 05 (Association départementale pour le développement économique et touristique) explique que le parc d'hébergement se trouve à 18% constitué de résidences de vacances récentes (entre 5 et 10 ans d'existence), à la politique tarifaire intéressante. "Ces résidences ne souffrent pas de la concurrence de AirBnB car elles se situent sur la même offre. Qui plus est, elles se trouvent adossées à de grands groupes".


Carole Payrau

Crédit photo : DR


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