Le vignoble méditerranéen demeure une valeur refuge

Vrai-faux effet de mode, l'achat de vignobles reste un investissement recherché, que ce soit pour répondre au souhait d'une seconde vie professionnelle, d'une défiscalisation patrimoniale ou d'un professionnel de la filière voulant diversifier son activité. Revue de détails avec Michel Veyrier, dirigeant de Vinea Transaction.

Effet de mode, l'achat de vignobles ? Pas du tout, en tout cas pas du point de vue de Michel Veyrier. Ce professionnel en transactions de propriétés viticoles a créé son propre réseau en 1991 à Montpellier et dispose aujourd'hui d'une dizaine d'agences dans le Grand sud. "Les flux de transactions sont constants, il n'y a pas de notion de mode. En revanche, les sous-marchés (appellations, ndlr) connaissent des variations volumétriques", explique-t-il. L'arrivée massive et très remarquée des Chinois dans le Bordelais a souvent mis le sujet des transactions viticoles sur le devant de la scène. Pour ce qui est du vignoble méditerranéen, c'est son cadre de vie qui en fait un territoire attractif, d'autant qu'il représente 45 % de l'ensemble national.

Ceux qui achètent ? "Le marché est segmenté", analyse Michel Veyrier. Un tiers de celui-ci est convoité par les étrangers, des Européens du Nord, des Suisses, des Belges, quelques Américains et quelques Russes, mais pas d'Asiatiques ni d'Anglais. Le second tiers est représenté par des professionnels de la filière vin - producteurs venant du Rhodanien ou de Champagne qui "descendent" pour compléter leur production - alors que le troisième tiers est constitué de "béotiens, d'anciens chefs d'entreprises qui ont vendu leurs affaires et qui cherchent un habillage fiscal"  leur permettant de bénéficier par exemple de l'exonération des taxation des plus-values mobilières. La loi de finances 2013 permet l'exonération à condition que le produit de la cession soit réinvesti dans une activité économique.

Côté prix d'achat et à titre d'exemples, un Bandol ou un Gigondas s'acquièrent 150 K€ l'hectare, quand un Ventoux "coûte" 16 K€/ha et un Châteauneuf du Pape 400 K€/ha. Le prix moyen d'une transaction en Méditerranée se situe entre 2 et 4 M€. C'est souvent le poids du foncier qui fait la différence. Ainsi en Provence, les transactions atteignent 7 M€ contre 1 à 2 M€ dans le Languedoc et 4 M€ en Côtes du Rhône. Une soixantaine de transactions ont été réalisées l'an dernier dans le Sud-Est, contre une cinquantaine en Aquitaine.


"Le marché français du vin se réduit", note le spécialiste. La consommation annuelle par habitant est de 40 litres aujourd'hui (contre 60 litres dans les années 50 et 120 litres en 1900). La belle performance vient du rosé, qui a "boosté l'économie et l'image d'un territoire". Il n'empêche, acquérir un vignoble n'est pas un achat qui doit être fait à la légère. "Il ne faut pas négliger les besoins en fonds de roulement. L'entretien (traitements, taille, récolte...) doit également être budgétisé". Soit 4 000 € par an pour un vignoble méditerranéen. Un vignoble qui reste attractif pour les investisseurs, malgré la forte implication des Chinois en Aquitaine et qui "d'ici 5 ans seront les premiers producteurs et consommateurs de vins".

Pour autant pas de quoi faire paniquer le marché français et donc a fortiori méditerranéen. Et ce pour de multiples raisons : "la stabilité politique et c'est notamment ce qui a fait venir les Russes, le label France qui assimile le vin à un produit de luxe, l'agrotourisme (qui permet d'envisager un complément d'activité) sont autant de sources d'attractivité". À noter qu'en immobilier viticole, la règle d'or s'appuie aussi sur l'emplacement, "un critère toujours essentiel", souligne le professionnel.


L.BOTTERO


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