Les enjeux de l ? e-tourisme en Paca

Tourisme numérique dans les territoires ruraux. C?était la thématique choisie par le Conseil économique, social et environnemental régional de Paca pour son colloque, qui s?est tenu à Chorges (05) la semaine dernière. Le think thank doit rendre prochainement un rapport de préconisations sur la stratégie à adopter pour le développement de l?e-tourisme dans une région où le secteur est un acteur économique majeur.


En temps de crise, les décideurs institutionnels régionaux ont une tradition : rappeler que le tourisme est un formidable amortisseur de choc. Avec ses 148 000 emplois dont 120 000 salariés "non délocalisables", soit 7,5% de l'emploi, le secteur est un bon élève.

L'Insee a calculé qu'il vivrait depuis 1995 au rythme de 3 400 emplois nouveaux créés par an. Et Pôle Emploi indique qu'il est au hit parade dans ses bases d'offres (30 000 projets de recrutement référencés). Mieux, son dynamisme profite autant aux grandes villes qu'à son littoral ou à son arrière-pays rural. Dans les Hautes-Alpes par exemple, l'activité représente 15,5% de l'emploi et jusqu'à 30% dans le bassin briançonnais qui cumule la proximité de domaines skiables, de parcs naturels (Ecrins, Queyras) et de patrimoines culturels (les fortifications Vauban de Briançon). Enfin, la fréquentation touristique injecterait dans l'économie locale 14 milliards d'euros. Le secteur représenterait 11% du PIB régional et serait représenté par un tissu de 25 000 PME.

"Le but est de conforter la place du tourisme régional grâce à l'innovation", indique le CESER qui est train de plancher sur la stratégie à adopter pour construire une offre plus ... numérique. Pour ce faire, il a consulté et entendu toutes les parties prenantes au débat, et ils sont nombreux les institutionnels à "vivre" de l'ouvrage : OT, CDT, CRT (deux dans la région, une gageure !) ...

Une chose est certaine : le touriste-chaland a changé grâce au Net. Entre 60 et 80% des touristes utilisent Internet pour s'informer (destination, tarifs, prestations). Selon les dernières données arrêtées en septembre par la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), les ventes en ligne de voyages ont progressé encore de 6% au deuxième trimestre. L'e-tourisme aurait progressé de 9% au premier semestre, selon l'indice iCE40*. Le tourisme reste d'ailleurs la star de l'e-commerce, pesant un tiers des ventes en ligne soit 10,7 des 31 milliards d'euros totalisés par l'e-commerce en 2010. 16,7 millions de Français avaient préparé cette année-là leurs vacances "en ligne" soit 53% des partants et 12,1 millions avaient réservé tout ou partie de leurs séjours.

Pour Stéphane Amato, chercheur à l'Institut de Recherche en Sciences de l'Information et de la Communication (Aix-Marseille), qui a notamment travaillé sur les NTIC et la mobilité, l'e-touriste va beaucoup plus vite que les territoires. "On a changé de paradigme. Avant, c'était le web de stock c'est-à-dire, pour schématiser, un moteur de recherche type Google, une consultation de pages dans une logique documentaire et pour une recherche personnelle. Aujourd'hui, nous sommes dans un web de flux, type Facebook et Twitter. La consultation devient passive et réputation est donc essentielle. 80% des internautes s'appuyaient sur les avis pour choisir leur vacances."

À ceci s'ajoute une période exceptionnelle - temps de crise - qui accroît indirectement l'expertise du touriste, pratiquant sans le savoir le "yield management pour chercher la promotion de dernière minute", ajoute le chercheur.

Pour lui, le rôle des NTIC va bien au-delà de l'"avant-séjour" : "90 % des séjours sont préparés en ligne (Où dormir ? Que visiter ? Comment s'y rendre ? Quel temps fera-t-il ?) alors que 28 % des hôteliers indépendants en France ont un site Web avec réservation et paiement".

Les défis à relever sont nombreux : la géolocalisation, les contenus enrichis et la réalité augmentée (dispositifs permettant la superposition d'un modèle virtuel 3D ou 2D à la perception que nous avons de la réalité, en temps réel). "Les smartphones et tablettes sont équipés de systèmes GPS. L'application "La Fourchette" permet de connaître les restaurants proches d'une position, de voir ceux qui proposent une réduction temporaire, de lire l'avis des autres usagers et de réserver directement. L'application "Around me" localise de nombreux services (restaurants, bars, banques, cinémas, hôtels...)". En matière de réalité augmentée, les utilisations les plus envisagées sont dans un site touristique, une exposition, pour visualiser des œuvres ou des monuments.


"Les attentes ne sont pas les mêmes, selon que vous êtes un habitué, un découvreur ou un étranger. Pour le premier, la recherche d'itinéraires personnalisés en fonction des contenus enrichis, l'accès à l'agenda des manifestations temporaires ou à des bons plans suffiront. Le second aura besoin de l'information touristique de la destination, puis des données pratiques une fois sur son lieu de séjour. L'étranger sera en quête d'informations sur la destination (idées de sorties, horaires d'ouverture d'établissements, patrimoine...), qui devront être traduites. Les niveaux d'exigence seront donc plus élevés".

Reste à inter-opérer tous les dispositifs. "Ce qui suppose coopération et non compétition, mutualisation des informations", ajoute encore Stéphane Amato.Dans un département qui compte deux CRT, et quantités d'organismes de promotion, l'affaire paraît moins simple à régler que pallier à la technique, qui doit aussi lutter à certains endroits contre les aspérités de la montagne où n'est accessible qu'un seul réseau mobile. ADSL et géolocalisation n'ont pas encore élu domicile partout.


A.D


*L'indice iCE40 mesure l'activité de sites leaders (dont environ 10 du secteur du voyage), ce qui permet d'apprécier la dynamique du commerce électronique à périmètre constant.


Repères
La Fevad, qui a récemment créé un indice du commerce mobile (ventes réalisées à partir des Smartphones), montre que le chiffre d'affaires trimestriel de l'Internet mobile a été multiplié par quatre depuis le premier trimestre 2011, et atteint désormais 5% des ventes directes du panel iCM. Le voyage fait partie des secteurs porteurs, comme c'est le cas pour l'Internet fixe. Au premier trimestre 2011, le taux d'équipement des smartphones en France était de 31,4 % et celui de l'Internet mobile de 37,2 %, selon Médiamétrie.


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