Les rejets toxiques en Méditerranée d ? Alteo Gardanne font encore des vagues

Si les rejets de déchets solides du producteur d?Alumine s?interrompront comme prévu en 2016, la poursuite de ses rejets liquides jusqu?en 2046 vient d?être acceptée par le parc national des calanques. Un avis qui crée la polémique.

En 2016, le producteur d'alumine de Gardanne, Alteo, ne rejettera plus de boues rouges, ces résidus minéraux de bauxite colorés par l'oxyde de fer et chargés en métaux lourds, en Méditerranée. Mais le conseil d'administration du parc national des calanques, réuni le 8 septembre 2014, a rendu un avis conforme sur la poursuite des rejets de résidus liquides de l'industriel, indispensables au fonctionnement de l'usine. Un avis qui divise car les effets de ces rejets toxiques, moins visibles et plus volatiles que les boues rouges ne sont pas connus. Cet avis du parc devra être confirmé par une dérogation du ministère, puis par un arrêté préfectoral. Plus qu'une formalité puisque la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a tweeté, à l'issue d'un conseil d'administration : « l'avis du CA n'est qu'un avis. En aucun cas une autorisation que je ne donnerai pas en l'état. »

1,5 M€ pour comprendre
Éric Duchenne, le directeur des opérations d'Alteo, rappelle qu'en "supprimant les boues rouges, l'usine va réduire de 99,9 % ses rejets en mer ". "Depuis trois ans, nous avons investi 1,5 million d'euros pour la réalisation d'études scientifiques visant à modéliser et à comprendre les rejets de l'usine, indique le directeur. Nos résultats corroborent le fait que les rejets actuels n'ont pas d'effet sur l'environnement". Alteo revendique l'utilisation des technologies les plus en pointe pour la production d'alumine : "la pression sociale a longtemps été perçue négativement par l'entreprise, mais aujourd'hui, dans une logique d'écologie industrielle, on envisage le déchet comme un produit au potentiel à exploiter", avance Éric Duchenne. Le directeur ajoute enfin "qu'aucune solution n'existe aujourd'hui pour supprimer les rejets liquides de la production d'alumine".

Bon élève ?
Le député EELV des Bouches-du-Rhône, François-Michel Lambert, élu sur la circonscription de Gardanne, considère de son côté qu'Alteo est plutôt un "bon élève", qu'il ne faudrait pas faire passer pour le "Monsanto de la production d'alumine". Un point de vue qui ne fait pas l'unanimité au sein du parti écologiste où une pétition a notamment été lancée par l'eurodéputée du sud-est, Michèle Rivasi.

Premier producteur d'alumine
Alteo est une entreprise industrielle de taille intermédiaire qui compte trois usines en France et une en Allemagne. L'usine de Gardanne, premier producteur d'alumine au monde, il y a 120 ans, appartenait au groupe Pechiney jusqu'en 2003, où l'industriel français est absorbé par le canadien Alcan, lui-même racheté en 2007 par l'anglo-australien Rio Tinto. En 2012, Rio Tinto cède son activité "alumines de spécialité", au fonds d'investissement H.I.G. Capital Europe qui crée Alteo, leader mondial de cette production utilisée pour la conception des verres d'écrans, de filtres à particules et autres produits techniques. Le groupe réalise environ 270 M€ de chiffre d'affaires, dont 80 % à l'export. Le site de Gardanne, siège de l'industriel, emploie 400 personnes et fait appel à 250 sous-traitants.


C.G

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