La problématique est connue aujourd'hui. Elle lui vaut l'appellation de "péninsule électrique". La région présente une fragilité structurelle de son alimentation électrique avec un réseau sous dimensionné par rapport à ses besoins. De fait, elle vit avec une épée de Damoclès en permanence sur la tête.

Disposant de peu de centrales et mal alimentée par les lignes à haute tension, la production locale couvre moins de la moitié des besoins régionaux. L'Est de la région est particulièrement menacé et notamment, les départements du Var et des Alpes-Maritimes, qui dépendent d'une seule ligne haute tension de 400 000 volts. En théorie, il y a toujours une deuxième artère qui peut alimenter en cas de défaillance de la première. Une exception régionale. Seule la Bretagne est dans le même cas de figure mais pas dans les mêmes proportions.

Cette situation de fragilité électrique lui vaut une attention particulière de l'État et des collectivités territoriales qui, via un contrat d'objectifs, se sont engagés à plus ou moins long terme à remédier à la situation.

Notamment par le renforcement du réseau et le déploiement du photovoltaïque. Mais aussi en travaillant à la source : les économies d'énergie. Parmi ses objectifs : réduire la consommation de pointe d'environ 400 MW en hiver et 300 MW en été d'ici à 2013, avec une répartition de 60% sur les Alpes-Maritimes et 40% sur le Var.

C'est tout le sens et la finalité de l'opération écocitoyenne ÉcoWatt, lancée pour la deuxième fois l'hiver dernier. "Elle a permis jusqu'à 3% d'économie à la pointe de consommation lors des alertes, ce qui équivaut à la consommation d'une ville comme Fréjus", insiste Catherine Greiveldinger, directrice de RTE Sud-Est. Fin mars, ÉcoWatt Provence Azur fédère à une communauté de près de 12 000 ÉcoW'acteurs.

Autre bonne nouvelle, signifie la directrice de l'opérateur public, "sous l'effet de la douceur des températures, la consommation d'électricité en PACA a atteint 37,6 TWh, en baisse de 5,7% par rapport à 2010. Mais ce constat masque la croissance régulière de la consommation annuelle régionale en 10 ans, et plus encore, la hausse majeure des consommations de pointe sur cette même période (+37%, contre +27% en France)"

"Garant du bon fonctionnement et de la sûreté du système électrique", RTE Sud-Est a investi depuis 2005 un peu moins de 300 M€ pour pallier la précarité électrique régionale. En 2011, sur les 126 M€ engagés, 123 ont directement concerné la sécurisation du réseau. Ils seront d'un même niveau en 2012, de 169 M€ en 2013. Autant en 2014.

Cette année devrait être marquée par trois chantiers, dont le lancement cet été des 3 liaisons souterraines à 225 000 volts qui constituent le "filet de sécurité" de l'Est Paca. L'option qui a été choisie suite à l'annulation par le conseil d'État en 2006 de la DUP du projet de ligne électrique de 400 000 V destinée à boucler le réseau électrique de la région.

Grâce à ce chantier - des mesures estimées à quelque 200 M€ - le système électrique régional devrait disposer en 2015 de suffisamment d'itinéraires "bis" pour suppléer l'axe 400 000 volts Tavel-Réaltor-Broc Carros.

D'ici la fin de l'année, l'enquête publique relative aux projets de rénovation de l'alimentation électrique de la Haute Durance dans les Hautes-Alpes sera également lancée. Aujourd'hui, le réseau est structuré autour d'une ligne de 100 km à 150 000 volts reliant Serre-Ponçon à la Maurienne. Le diagnostic énergétique montre que cette limite pourrait être atteinte dès 2016, les besoins du territoire étant estimés à 250 MW à l'horizon 2020. Le projet prévoit 2 lignes à 225 000 volts : l'une entre Serre-Ponçon et l'Argentière-la-Bessée ; l'autre entre Grisolles et Embrun.

La ligne initiale sera supprimée sur toute sa longueur. Au final, ce sont plus de 200 km de lignes qui seront supprimées ou mises en souterrain pour 90 km de lignes créées.

A.D

Photo : © RTE

Repères

Opérateur de service public, RTE a pour missions (définies par la loi du 10 février 2000) l'exploitation, la maintenance et le développement du réseau haute et très haute tension (100 000 kms de lignes). Il a réalisé un chiffre d'affaires de 4,2 milliards d'euros en 2011 et emploie environ 8 400 salariés.