Ryanair : 1,6 million de passagers transportés à partir de Marseille

Avec un marché juteux de 1,6 million de passagers en 2012, en croissance de 37% comparé à 2011, Michael O?Leary a bien fait de ne pas fermer totalement la porte. Lui qui avait annoncé avec fracas la fermeture de sa base marseillaise suite à sa mise en examen pour non-respect du droit du travail.

Incroyablement sobre, cette fois, le tonitruant P-d.g de Ryanair, Michael O'Leary, qui débarque régulièrement à Marseille et souvent pour dénoncer tous azimuts l'acharnement des tribunaux français, le pouvoir des syndicats ou la "vendetta" dont il estime faire l'objet de la part de la Commission européenne. Très souvent critiqué pour son interprétation du droit social français et connu pour ses déclarations sans fard, l'homme fort de la compagnie irlandaise low cost était à Marseille mercredi dernier pour annoncer nouvelles lignes et augmentation de fréquences.

Ainsi, pour la saison estivale 2013 (à partir d'avril) Ryanair ouvrira, au départ du terminal low cost mp2, Chania (Crète), East Midlands (RU), Varsovie (Pologne), Essaouira et Rabat (Maroc) et augmente ses fréquences vers Fès, Oujda et Marrakech.

À cette occasion, il a confirmé que la compagnie allait ouvrir deux nouvelles bases à Marrakech et Fès, ses premières en dehors de l'Europe. Ce qui est un nouveau revirement. Car le dirigeant avait annoncé l'été dernier la suppression d'au moins 7 routes hivernales vers le Maroc en raison de ses désaccords avec le gestionnaire des aéroports marocains ONDA. Quoi qu'il en soit, Ryanair serait déjà la troisième compagnie (en terme de trafic) sur l'aéroport de Marrakech derrière Royal Air Maroc et easyJet et la première sur Fès.

La compagnie irlandaise, qui a fait de Marseille une rampe de lancement de son offre lost cost en France, porte ainsi le total de ses lignes opérées à partir de mp2 à 37 (soit une croissance de 12%). Depuis l'ouverture de sa base fin 2006, elle dit avoir transporté 7,5 millions de passagers dont 1,6 million en 2012, ce qui en ferait le deuxième aéroport en terme de trafic sur les 57 plates-formes françaises. Et pour fêter ses envieux résultats, la low cost met en vente des sièges à 15 € sur son réseau européen à réserver avant ce jeudi 17 janvier à minuit pour voyager en février et mars.


Le dirigeant, qui avait dit un jour "le consommateur européen ramperait nu sur du verre cassé pour avoir des billets pas chers", affirme aujourd'hui que sa compagnie fait économiser aux passagers empruntant ses B757-800 depuis l'aéroport de Marseille 377 M€, soit 1,6 Md € en 6 ans. La méthode de calcul ? "C'est la différence entre le tarif moyen en vigueur chez Air-France/KLM qui est de 275 € contre 53 € pour Ryanair. Le tout rapporté au nombre de passagers avec prise en compte de l'emploi crée localement. Cela nous donne une estimation, dans les grandes masses, de l'économie totale générée".

Hors-la-loi ?

On n'en oublierait presque ses démêlées judiciaires et autres. Sur ce point, Michael O'Leary a répété qu'il "était confiant" et "en conformité avec le décret européen". Pour rappel, en octobre 2010, la compagnie avait annoncé avec fracas la fermeture de sa base marseillaise en raison de sa mise en examen pour non-respect du droit du travail. Il avait reçu le soutien de personnalités économiques et politiques locales, qui avaient même appelé à l'abrogation d'un décret de 2006 soumettant au droit français les personnels navigants des compagnies étrangères installées dans l'Hexagone.

Le transporteur estimait pour sa part que ses salariés relevaient de la législation sociale irlandaise, faute d'exercer une activité permanente à Marignane, et ce en accord avec la réglementation européenne pour les travailleurs mobiles du secteur des transports.

Pour ne pas passer à côté d'un marché juteux, Michael O'Leary avait finalement trouvé la parade au décret français, qui le mettait hors-la-loi, en employant du personnel, basé à Marseille,mais "avec des contrats irlandais, et payant leurs impôts et leurs cotisations sociales en Irlande". Et ce, pour la saison estivale, du 14 avril au 14 septembre (4 mois étant la limite légale d'une présence temporaire au regard de la législation sociale française). Ainsi, on ne parle plus de "base", mais de "stationnement temporaire"... La compagnie low cost irlandaise doit également comparaître devant le tribunal d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) pour d'autres motifs liés à l'expression du droit syndical. Le procès devrait avoir lieu prochainement.

Nous et les autres

Il n'entretient pas davantage le mystère sur ses ambitions et sa vision à long terme du marché aérien. Sa compagnie a transporté 79 millions de passagers en 2012 et compte augmenter son trafic de 51% d'ici à dix ans, avec 120 millions de voyageurs. Un volume qui lui permettrait de représenter 18% du marché court-courrier intra-européen contre 12% aujourd'hui. La société, cotée en bourse, a publié sur l'exercice 2011-2012 (avril 2011/mars 2012), un bénéfice net de 503 M€, en hausse de 25% malgré la flambée des prix du carburant (+ 30% sur l'exercice).Et pour le premier semestre du nouvel exercice 2012-2013, elle a affiché un bénéfice net en hausse de 10% à 596 M€, pour un chiffre d'affaires de 3,106 M€ (+15%). Un résultat obtenu "par l'augmentation de son trafic (sur des trends de 10%), du nombre d'aéroports desservis, et de ses tarifs (+16% en 2012, + 6% sur le premier semestre de l'exercice 2012-2013)". L'Irlandaise réalise par ailleurs entre 20 et 22% de son C.A avec les recettes annexes, les fameuses options payantes qu'Air France a décidé de pratiquer (services qui jusqu'ici étaient inclus dans le prix du billet d'avion, ou en inventer de nouvelles pour augmenter leur chiffre d'affaires).


Quant à sa vision du secteur, il le répète : "Il est dominé par des compagnies inefficaces, qui génèrent, de façon cumulée et dans la durée, des pertes énormes ou réalisent de faibles marges tout en pratiquant des tarifs élevés. Jusque quand vont-ils tenir surtout en période de récession ? Dans les prochaines années, quatre grandes compagnies européennes vont dominer le marché : Air France, British Airways, Lufthansa et Ryanair. Trois d'entre elles maintiendront des prix élevés et appliqueront des surcharges de carburant. Nous pratiquerons toujours des prix bas sans surcharges. Nous serons toujours profitables tandis qu'elles le seront uniquement les bonnes années". Et lui, qui se concentre à ce jour sur le marché européen, salue par ailleurs l'arrivée de la low-cost XL Airways sur du long-courrier, une expérience qu'il observera de très près.

Adeline Descamps


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