SNCM : Nouvel actionnariat ?

Pour la SNCM, ce 18 mars donnera lieu au 4e Conseil de surveillance de l?année. Il sera encore question des intentions de commande de la nouvelle flotte de la SNCM à laquelle est subordonnée en partie la survie de la société. Mais aussi de son actionnariat, facteur aggravant. Les organisations syndicales réclament un traitement d?urgence à cet égard.


Ultime réunion après deux conseils de surveillance tenus à peu de jours d'intervalle sur le même sujet. Ce mardi 18 mars à Paris, les actionnaires de la compagnie maritime marseillaise doivent enfin accorder au directoire la fameuse lettre d'intention de commande qui comportera le nom chantier choisi pour construire les quatre navires de la nouvelle flotte et avec lequel le directoire pourra enfin entrer en négociations pour définir les spécificités techniques et déterminer les prix d'acquisitions. À la clé : la commande ferme de deux navires mais aussi de deux options (l'ensemble doit être confirmé dès le début du processus). Une négociation dans laquelle STX France a toutes ses chances face à l'italien Fincantieri, les deux finalistes.

Tergiversations

Le processus tarde en raison des tergiversations de l'État, qui possède 25 % du capital manifestement pas à l'aise pour accorder son feu vert à un projet qui l'engagerait, si le processus peut aller jusqu'à son terme, à avaliser une commande qui pourrait s'établir à 700 M€ (un navire étant estimé autour de 170 M€). Le principal actionnaire - Transdev, filiale de la Caisse des dépôts et de Veolia pour 66 % - ne fait pas mystère de son choix : il est radicalement contre.

Transparence
"Face aux déclarations hostiles du P-d.g d'Antoine Frérot, l'attitude plus discrète de Jean-marc Janaillac, le P-d.g de Transdev, qui a finalement rejoint les positions d'Antoine Frérot dans sa demande d'une mise en procédure collective de la SNCM auprès du Tribunal de commerce et le mutisme de Jean-Pierre Jouyet, le président de la Caisse des dépôts, nous réclamons un traitement en urgence de l'actionariat", explique Maurice Perrin, représentant la CFE-CGC, laquelle a adressé un courrier en date du 12 mars au ministre des Transports Frédéric Cuvillier. L'organisation syndicale demande des explications sur une dizaine de points, notamment sur la réaction que l'État entendait mettre en œuvre pour "contrer la tentative annoncée et imminente des actionnaires majoritaires de mettre la société en procédure collective" mais aussi des éclaircissements sur la façon dont Jean-Pierre Jouyet peut gérer le dossier SNCM sachant qu'il est coactionnaire dans Transdev aux cotés de Veolia, que la Caisse des dépôts dont il est le directeur général, est aussi actionnaire de Veolia et qu'il préside bpifrance à qui l'équipe gouvernementale a demandé de plancher, aux côtés de la Caisse des dépôts, sur le montage financier susceptible d'être mis en œuvre pour le financement de la nouvelle flotte. Autrement dit "schizophrénique", s'inquiètent-ils. Un jour avant, le 11 mars, l'intersyndicale avait fait parvenir un courrier commun au premier ministre et au ministre des Transports demandant de la transparence ainsi qu'un autre adressé cette fois à Jean-Pierre Jouyet sollicitant une clarification de sa position.

Nouvel actionnariat
Pour mettre fin à l'ensemble des supputations, les actionnaires salariés demandent donc à ce que soient créées les conditions économiques et politiques d'un nouvel actionnariat. Car et ce, même si la lettre d'intention est signée, l'avenir de la compagnie maritime marseillaise est aussi subordonnée à un nouveau tour de table comblant la sortie de transdev pour faire court. Et les déclarations de Jean-Pierre Jouyet dans l'édition des Echos de ce lundi 17 mars ont ajouté aux inquiétudes des salariés.


Destitution du directoire
Il en fallait moins que cela : les syndicats restent persuadés que Transdev et Veolia veulent la peau du plan industriel défendu par la direction et les salariés. Et que dans ce jeu de go, l'actuel directoire pourrait être destitué, Marc Dufour payant ainsi ses déclarations sans concessions et surtout son refus assumé publiquement du dépôt de bilan en déclarant qu'il était le seul à décider. Le Marin a précisé justement à cet égard que seul le conseil de surveillance peut remplacer le directoire (au sein duquel un pacte d'actionnaire pourrait mettre en minorité l'actionnaire majoritaire sous réserve de la position de l'État) mais, en revanche, un renouvellement du conseil peut toujours être envisagé via la convocation d'une assemblée générale des actionnaires.
Question : l'État a-t-il les moyens de créer les conditions de sortie de Transdev pour autoriser un nouveau tour de table ?


Adeline Descamps

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