En 2015, la région devrait assurer une qualité de fourniture d'électricité semblable à celle dont bénéficie le reste de la France, assure RTE, la filiale du groupe EDF, en charge de l'exploitation et de l'entretien du réseau électrique national.

La problématique est connue. La région Paca présente une fragilité structurelle de son alimentation électrique avec un réseau sous dimensionné par rapport à ses besoins. De fait, elle vit en permanence avec une épée de Damoclès  sur la tête puisque l'Est et notamment, les départements du Var et des Alpes-Maritimes, dépendent d'une seule ligne haute tension de 400 000 volts. Une exception presque française. Seule la Bretagne est dans le même cas de figure mais pas dans les mêmes proportions.

Disposant de peu de centrales et mal alimentée par les lignes à haute tension, la production locale couvre moins de la moitié des besoins régionaux. Si bien que le moindre incident (comme le black-out du lundi 3 novembre 2008 dans le Var et les Alpes-Maritimes) a des impacts considérables : tramways et trains bloqués, hôpitaux et cliniques alimentés uniquement par leurs moyens de secours, tunnels routiers condamnés, feux de circulation arrêtés, entreprises à l'arrêt, services suspendus...

Depuis 2005, l'opérateur public a investi en région quelque 300 M€ dans les infrastructures et une bonne partie pour la sécurisation des réseaux. Et pour seconder l'unique axe, a été lancé au cours de l'été dernier, le chantier concernant les trois liaisons souterraines à 225 000 volts qui doivent mettre un terme définitif à ces problèmes. Un chantier qui a bénéficié d'une enveloppe (78 M€) de la Banque Européenne d'Investissement (BEI) tandis que le montant de l'investissement du filet de sécurité Paca s'élève à 170 M€.

Et c'est en présence de Dominique Maillard, président du directoire de RTE, et de Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque Européenne d'Investissement que les premiers câbles, acheminés par convois, ont été déroulés vendredi dernier. Sur un plan technique, le chantier a un autre intérêt : il s'agira, selon les promoteurs, de la plus longue liaison électrique souterraine (107 km soit 98 km dans le Var et 9 km pour les Alpes-Maritimes) à 225 000 volts en courant alternatif à ce niveau de puissance. Le tracé entre les postes de Boutre (Sud de Manosque) et de Trans (Sud de Draguignan) atteint les 65 km d'un seul tenant. Celui entre Fréjus et Biançon, au bord du Lac de St Cassien (Sud-Est du Var), dépasse avec ses 25 km la plus grande liaison souterraine 225 000 volts existante en France (21 km). Celle entre Biançon et Cannes La Bocca atteindra les 17 km, ce qui correspond à des normes plus classiques. Plus de 90 % de ce linéaire suivent des routes et pistes existantes.

Les premiers câbles de cuivre émaillé, en provenance de France (Gron dans l'Yonne et Montereau dans le Loiret), et de Belgique (Charleroi), ont été déroulés durant la journée de vendredi, sachant qu'un mètre de câble pèse entre 25 et 33 kg. Et il y aura, d'ici à 2015, 360 convois (soit 10 000 t au total) pour les acheminer sur le chantier, qui sera mené simultanément sur plusieurs secteurs des trois lignes. Les phases critiques correspondent à la réalisation des jonctions, à 120 endroits, qui mobiliseront jusqu'à 200 techniciens pendant 3 semaines. À ce jour, 47 km de tranchées ont déjà été réalisées et rebouchées, soit 44 % du linéaire à effectuer.

A.DESCAMPS

Photo : 360 convois vont acheminer d'ici 2015 l'équivalent de 10 000 tonnes de câbles.