UPE 13 / CGPME 13 : Plaintes et complaintes

À l'occasion de leurs événements annuels réunissant leurs forces vives, les deux organismes patronaux ont délivré un concerto dans une gamme de tonalités graves. Fiscalité excessive, obésité normative, harcèlement imposé par méconnaissance de l'entreprise ou par dogme...Les patrons souffrent.

Lors de leur dernier rassemblement, en septembre 2013, pour leur "grand show de l'entreprise" annuel, l'Union patronale des Bouches-du-Rhône, l'UPE 13, avait placé au cœur des débats l'incompréhension grandissante entre les élites politiques et les patrons voire davantage : l'incompétence des hommes politiques en matière d'économie et leur méconnaissance des réalités quotidiennes des chefs d'entreprise. Le ras-le-bol fiscal était alors dans toutes les bouches, des patrons se succédant à la tribune pour faire appel à la grève des impôts et à l'investissement. Ce 12 juin, à l'occasion de l'assemblée générale de l'UPE 13, ce fut un concert de lamentos graves en fa majeur avec, en chef d'orchestre, Pierre Gattaz, le président du Medef, en super soliste, Jean-Luc Chauvin, son homologue au niveau départemental, et en premier soliste, Geoffroy Roux de Bézieux, le vice-président délégué du Medef en charge de l'économie et de la fiscalité et ex patron de Virgin Mobile. Et en invitées sur scène, quatre entreprises conviées à s'épancher : difficultés d'embaucher, contraintes du droit du travail, accès au foncier, coût du travail, administration chronophage, inflation normative...

Des douleurs et des maladies
En guise de partition, des douleurs et des maladies (la fiscalité et la réglementation), des verrous (la fiscalité et la réglementation), des contraintes (la fiscalité et la réglementaire). "Je suis comme vous : un chef d'entreprise. J'exporte beaucoup, et quand je suis de retour d'un séjour à l'étranger, j'ai très mal à l'estomac, de voir notre pays qui ne veut pas se réformer. On court avec un sac de pierres alors que tout le monde porte des baskets. Les pays qui réussissent sont ceux qui ont fait le choix de l'entreprise, de l'économie et de la mondialisation. Nous appelons à ce que la France fasse sa révolution culturelle économique", s'enflamme Pierre Gattaz devant les 1 500 patrons des Bouches-du-Rhône conviés au Parc Chanot de Marseille.

Rencontre le matin à l'Élysée

"J'ai réexpliqué qu'il y avait urgence à rendre enfin concret et opérationnel ce pacte de responsabilité", expliquait-il quelques heures auparavant auprès de la presse à propos de sa rencontre (à sa demande) le matin avec François Hollande et Manuels Valls. "La première urgence est d'intégrer le pacte de responsabilité et de compétitivité dans une loi d'ici juillet pour passer à la mobilisation et à l'exécution et parvenir à une baisse de la fiscalité quantifiée sur trois ans." Le matin même de la manifestation, le président du Medef publiait sur son blog une tribune intitulée: "Geindre, pleurnicher et se taire", allusion à la menace de se retirer du pacte en "l'absence de précisions des annonces."

Contreparties, nerf de la guerre

La tension entre organisations syndicale et patronale est montée d'un cran ces derniers jours, notamment entre la CFDT et le patronat. Depuis l'annonce du Pacte de responsabilité en janvier, les partenaires sociaux se sont accordés sur le lancement de discussions par branches pour définir les contreparties (des objectifs en termes d'emploi ou de formations) aux 30 milliards d'allégements de charges pour les entreprises. Mais selon la CFDT, le patronat ne montrerait pas beaucoup d'empressement. Seules 18 branches du Medef auraient aujourd'hui tenu ou planifié une discussion, soit seulement le quart des métiers comptabilisés. Pierre Gattaz se défend en rappelant que "pour créer de l'emploi, il faut d'abord baisser les charges."

Ne pas politiser l'économie
Et le président du directoire de l'entreprise Radiall de ponctuer son intervention par : "nous ne sommes pas un parti politique. Faire le choix de l'entreprise, ce n'est ni de droite ni de gauche". Du côté de la CGPME 13, le politique avait carrément envahi la scène le lendemain, le vendredi 13, à l'occasion de sa "soirée des entrepreneurs", où il y avait presque plus d'élus que de chefs d'entreprise ! À commencer par Marylise Lebranchu, ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique, en séjour au "format long" sur le territoire de la métropole Aix-Marseille-Provence jusqu'à ce lundi pour installer le Conseil paritaire territorial de projet.

Condamnés à réussir ?

Thèmes de la manifestation : "quelle politique pour réussir nos entreprises ? et "Entrepreneur condamné à réussir ?". Des problématiques illustrées notamment par deux sociétés. Pour la première, Pro Tampon, troisième fabricant français tampons et distribution de matériel de marquage basé à La Penne sur Huveaune, Fred Verdet, son dirigeant, a du se résoudre au redressement suite à une conjonction de facteurs conjoncturels et au refus des banques de le suivre dans cette période douloureuse. Pour la seconde, Phytorem, société de dépollution par les plantes basée à Miramas, c'est la mise en redressement par l'URSSAF. "On fonctionne sans compte en banque depuis trois semaines", explique Véronique Arfi, qui a consommé le cash dans les phases de R&D. "Les banques nous ont lâchés depuis 2009, en pleine période de développement. Du coup, on rentre dans le cercle vicieux français de contracter des dettes entre fournisseurs. En France, quand une entreprise est en difficulté, on la matraque de toutes parts." Tout est dit.


A.D

Photo : Le patron du Medef Pierre Gattaz était présent lors du grand show annuel de l'UPE 13.

©Terzian


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