Jean-Jacques Cambounet : "La croissance est bien là"

Pour le directeur régional de la Banque de France, l'optimisme est de rigueur. Et voilà pourquoi.
"Alignement des planètes" pour 2016 estime le directeur régional de la Banque de France.

2016 nous offre, selon les projections, des raisons de voir se profiler l'embellie...

Des inquiétudes pèsent bien sûr, toujours sur les économies. Crise européenne, baisse des pays émergents, croissance mondiale légèrement en berne (- 0,3 points par rapport à 2014 NDLR), ralentissement de l'activité chinoise et dévaluation du yuan, auxquels il faut aussi ajouter les risques géopolitiques que l'on connaît actuellement, créent un climat d'incertitude. On observe également un certain pessimisme vis-à-vis des valeurs bancaires. Ce qui est totalement infondé, car si l'on fait le comparatif par rapport à 2008, le niveau des banques européennes est satisfaisant. Les oiseaux de mauvais augure prédisent que 2016 sera pire que 2008... Toutefois, si tout n'est pas rose, il ne faut pas négliger des éléments importants : la croissance est bien là, elle va se confirmer aux niveaux européen, français et local. Alors que la croissance était de 0,2% en France en 2014, elle s'est chiffrée à 1,1% en 2015, portée en grande partie par la reprise de la consommation des ménages. Pour 2016, nos prévisions de croissance se situent à 1,4%. Tous les éléments y sont favorables, une sorte d'alignement des planètes : une politique monétaire accommodante, une baisse de l'euro ainsi que du coût des matières premières. En PACA, les effets de cette fenêtre de tir exceptionnelle s'observeraient cette année. Dans l'industrie, le mouvement haussier amorcé en 2015 devrait se renforcer, à + 2,3%. Le secteur des services connaîtrait lui aussi un accroissement de son activité, toutes filières confondues, avec des prévisions à + 4,7%. Enfin, celui de la construction prévoit une inflexion à la hausse, et celui des travaux publics une stabilisation de la production.

Ces perspectives d'embellie peuvent-elles impacter positivement l'emploi, actuel cheval de bataille du gouvernement ?

Une croissance à 1,4%, j'aurais tendance à dire que c'est un manque de chance, puisque c'est au niveau de 1,5% que l'on génère de l'emploi. Les réformes engagées en matière de code du travail sont donc souhaitables : elles viseraient à gagner en flexibilité, ce qui nous permettrait de créer de l'emploi dès 1,4%. D'autant plus souhaitable qu'en 2015, le taux de chômage a encore augmenté, contrairement à ce qui s'est produit en Europe. En Paca, l'érosion s'est poursuivie aussi. Après un deuxième trimestre plus actif, elle a repris ses droits au troisième, avec une hausse du taux de chômage de l'ordre de 0,2 point. L'écart s'est accru avec le niveau national...  Si l'emploi a progressé dans les services marchands, à +1,3%, il a eu tendance à s'effriter dans l'industrie, à -1,1%, et dans la construction, à -3,3%. On constate également dans la région un recours moindre à la main-d'œuvre intérimaire... A noter toutefois que des efforts ont déjà été réalisés par le gouvernement, visant notamment à contenir les déficits publics. Par ailleurs, le coût du travail, important en France, devrait se réduire du fait de l'allégement des cotisations. C'est un élément intéressant en termes de compétitivité.

On constate également, en 2015, un frémissement dans la reprise des investissements des entreprises...

La reprise des investissements s'appréhende à + 2% en 2015, à l'échelle nationale. Un phénomène qui suit de près la relance de la consommation des ménages, puisque les entreprises investissent logiquement lorsqu'elles ont plus de visibilité pour le faire. En Paca, cette reprise se constate dans les secteurs des services et de l'industrie. L'effort est particulièrement marqué dans les filières des équipements électriques et électroniques, à + 32%, et des matériels de transport, à + 17%. Divers éléments ont pu inciter les entreprises à investir. Par exemple, le dispositif de suramortissement fiscal. Lancé en 2015 dans le cadre de la loi Macron et poursuivi en 2016, il permet aux structures de se voir appliquer une déduction du résultat fiscal d'un montant égal à 40% de l'investissement réalisé. Par ailleurs, au niveau bancaire, le taux de satisfaction de demande de crédits s'avère supérieur à 90%. Les entreprises n'ont aucune difficulté actuellement à accéder à des prêts, et à des taux historiquement bas.

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