La Provence, destination à l’année ?

Plus seulement une, mais des saisons : c’est le vœu de Danielle Milon, la présidente de Bouches-du-Tourisme.

La saison d'été 2016 en Provence s'annonce-t-elle aussi belle qu'à Cassis, où les taux de réservation sont déjà plus que prometteurs ? Danielle Milon, maire de la ville et présidente de Bouches-du-Rhône Tourisme, aime à le penser. Pour cette dernière, il n'y a aucune raison pour que ce qui se passe au pied du Cap Canaille ne se produise pas dans le reste du département. Mais s'il y a bien un motif de satisfaction pour l'édile, il tient plutôt à la temporalité : "il n'y a plus une saison, mais des saisons. Car nous voulons parvenir à un développement touristique tout au long de l'année sur le territoire de Provence". Et cela en prend le chemin : actuellement, 6 séjours sur 10 sont effectués en dehors de la période estivale. Les facteurs de cette "mutation" ? Tout d'abord, le développement d'une politique de communication et d'événementiels continue. "Prenez par exemple le Festival de Pâques d'Aix-en-Provence. Par le passé, il aurait été inimaginable de l'organiser à cette époque de l'année !" Un festival de musique classique créé en 2013... Une année clé pour Danielle Milon : "aujourd'hui encore, on surfe sur l'élan insufflé par Marseille Provence Capitale européenne de la culture", analyse-t-elle. Mais la présidente de Bouches-du-Rhône Tourisme évoque également le patrimoine naturel provençal, autre atout incontestable. "50% de notre territoire est constitué d'espaces naturels. On compte aujourd'hui par exemple 2 700 km de sorties de randonnée. Et tout cela, ça s'entretient, se peaufine, s'élargit..."

2,7 Mds€ dépensés chaque année

L'idée sous-tendue derrière cette volonté, c'est bien sûr de passer la cadence supérieure en termes de fréquentation touristique. Et notamment d'attirer le chaland étranger, dans un département où 84 % de la clientèle est encore issue de l'Hexagone.

"Nous travaillons principalement avec nos voisins européens. Les Belges, Italiens, Allemands, Anglais, qui représentent la moitié de la clientèle étrangère. Mais on compte aussi avec les Espagnols, revenus, tout comme les Américains, à la faveur d'un meilleur pouvoir d'achat. Ou encore, la clientèle asiatique".

Toutefois, Isabelle Brémond, directrice de Bouches-du-Rhône Tourisme, souligne à son tour le manque à gagner lié à la desserte aérienne.

"Si vers certains pays, nous avions des lignes directes, les touristes viendraient plus facilement. On le voit avec l'exemple des Russes : ils fréquentaient la Provence tant qu'il y en avait une liaison directe. Ils ont déserté maintenant que ce n'est plus le cas".

Devenir une destination plus attractive pour le client étranger, notamment lointain, demeure donc une priorité. Assortie de la volonté de le voir allonger sa durée de séjour et d'être, tout comme son homologue français, plus dépensier sur le territoire. Pour l'heure, en moyenne, un touriste laisse dans le département 60 euros par jour et par personne, et reste 5,3 jours. "2,7 Mds€ sont donc dépensés chaque année sur notre département, soit 7% de notre PIB. On peut mieux faire !" martèle de son côté Danielle Milon, évoquant par exemple, comme piste, "la possibilité de faire séjourner sur place les voyageurs débarquant à Marseille de leur avion. Ou encore de leur ferry..." Une véritable manne à exploiter, sachant que les croisiéristes ont plus que doublé depuis 2008, avec 1,5 million de passagers aujourd'hui. L'objectif visé pour 2020 étant de 2,2 millions.

Premières opérations dans le cadre du Contrat de destination Provence

Le Contrat de destination Provence, signé en mai 2015 sur la thématique "Les arts de vivre en Provence", devrait permettre de tendre vers ces objectifs. Pour mémoire, doté d'un budget de 1,7 M€, il vise à renforcer le positionnement du territoire à l'étranger, via "un programme d'actions en 5 volets : l'ingénierie des offres, l'accueil, le marketing sur les marchés internationaux, l'optimisation de la marque et l'évaluation. Ce sur une durée de 3 ans. Depuis la signature, près de 8 à 10 réunions ont eu lieu pour chaque cellule", détaille Danielle Milon. Et concrètement, on en voit poindre les premiers fruits. Ainsi, le travail sur la marque avance, avec, d'ici quelques semaines, la sortie de premiers éléments supports de cette dernière. "Nous sommes également en train de mettre en place un point d'accueil Provence au sein de l'aéroport. L'idée est de proposer une porte d'entrée du territoire... Nous serons prêts pour l'Euro 2016", annonce Isabelle Brémond, évoquant également le développement, sur le territoire du contrat de destination, de l'outil de ciblage Flux Vision, en partenariat avec Orange.

"Nous avons été pionniers en optant pour ce dispositif lors de MP 2013. Aujourd'hui, 50 départements l'ont acheté".

Le principe ? Mettre le Big data au service de l'analyse des flux touristiques, via les données issues du réseau mobile d'Orange. Autre projet dans les tuyaux, une campagne marketing à Londres ce mois d'avril, le best of Provence, pendant lequel seront vantés les mérites du territoire auprès des TO.

"Nous envisageons enfin une opération à Noël : il n'y a pas d'offre structurée pour l'heure sur le territoire, alors qu'il y a tant à exploiter, au vu des coutumes provençales", poursuit la directrice de Bouches-du-Rhône Tourisme.

Ainsi, la dynamique se met en place... C'est essentiel, selon Danielle Milon.

"Pendant des décennies, on a simplement attendu que le touriste vienne bronzer au soleil. Aujourd'hui, nous ne pouvons plus nous en contenter, car en termes de stations balnéaires, il y a beaucoup trop de concurrence. A nous donc d'optimiser les atouts de notre territoire, qui est imprégné d'art et d'histoire".

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